Franck Lavier, l'un des acquittés d'Outreau, était accusé d'agressions sexuelles par sa fille. Ce vendredi 22 septembre, elle est revenu sur ses dires à la barre du tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer.
Des années se sont écoulées depuis que la fille de Franck Lavier, 16 ans à l'époque, a accusé son père d'agressions sexuelles. Ce vendredi 22 septembre, la jeune femme, aujourd'hui âgée de 24 ans, est revenue sur ses accusations devant le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-mer (Pas-de-Calais). Son père, l'un des acquittés du tristement célèbre procès d'Outreau, devait justement être jugé pour ces faits.
A l'ouverture du procès, déjà, cette brune aux cheveux mi-long a renoncé à se porter partie civile. Après trois heures d'audition, oscillant entre les pleurs et le mutisme, elle a fini par lâcher : «Il ne s'est rien passé de ce que j'ai dit à ma déposition».
Pourtant, en 2016, l'adolescente qu'elle était avait confié un courrier à la CPE de son lycée, dans lequel elle disait avoir été victime d'«un truc grave». En audition, après la saisie du parquet, elle avait affirmé que son père l'agressait sexuellement depuis début 2015. Franck Lavier, lui, n'a jamais cessé de nier les faits.
L'adolescente s'était aussi confiée à une amie, à qui elle avait raconté que Franck Lavier se rendait dans sa chambre tous les week-ends. Elle avait même évoqué un «viol». «C'est faux», a-t-elle avoué ce vendredi.
Interrogée sur les raisons de ses mensonges, la fille de Franck Lavier a expliqué qu'elle se sentait «mal dans [sa] peau» à l'époque et qu'elle avait ensuite eu peur «des conséquences pour fausses déclarations». Elle a raconté une vie «compliquée», marquée par son placement à même pas deux ans, quand ses parents ont été injustement incriminés dans le dossier Outreau. A l'école, «on m'appelait l'Affaire Outreau», se souvient celle qui n'a retrouvé sa famille qu'à l'âge de six ans.
Aux questions successives du président, la jeune femme a répondu par la négative. Son père est-il venu dans sa chambre le soir ? Lui a -t-il «léché le sexe» ? A-t-il «mis un doigt dans [son] sexe» ? Non, non et encore non. Elle a revanche maintenu que Frank Lavier lui a «peloté» la poitrine. Selon elle, «c'était un jeu. En passant, "pouet pouet"».
Pour ces faits, Franck Lavier risquait jusqu'à sept ans de prison. Il avait été placé sous contrôle judiciaire peu après les accusations portées par sa fille, tandis que cette dernière était placée provisoirement.
Une plainte pour «fuir le foyer familial»
Ce vendredi, l'avocate de Franck Lavier, Me Fabienne Roy-Nansion, avait prévu de plaider la relaxe. Avant les révélations de la plaignante, elle soutenait déjà que cette plainte n'avait eu d'autre but que de «fuir le foyer familial» dans lequel l'adolescente d'alors n'a «jamais réussi à s'intégrer» selon elle.
En 2012, Franck Lavier et sa compagne, Sandrine, ont respectivement été condamnés à dix et huit mois de prison avec sursis pour violences habituelles sur leur fille aînée et son petit frère. Ils avaient toutefois été relaxés du chef de corruption de mineurs par le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer.
A l'époque, les constatations d'un médecin légiste avaient montré, selon l'accusation, que ces enfants avaient été obligés à rester pendant des heures à genoux sur un balai en guise de punition. Le bout des doigts de la fillette présentait également des traces de coups portés avec des lattes de sommier.
Lors du dossier de pédophilie d'Outreau, qui a éclaté en février 2001 et défrayé la chronique, Franck Lavier et sa compagne faisaient partie des accusés. Le premier avait été condamné en 2004 à six ans de prison pour le viol de sa belle-fille, avant d'être acquitté l'année suivante par la cour d'appel de Paris. Il avait alors passé 36 mois en prison.
Pour rappel, l'affaire d'Outreau a abouti à un fiasco judiciaire, qui a entraîné de longues incarcérations pour des innocents. Après deux procès aux assises, en 2004 et 2005, 13 des 17 accusés initiaux ont été acquittés.