Une fronde des agents de police est en train de s’étendre partout en France après l’arrestation d’un policier marseillais en marge des émeutes qui ont touché la France.
Depuis plusieurs jours, des centaines de policiers à travers la France s’indignent de la mise en détention provisoire d’un de leur collègue de la bac de Marseille. L’affaire remonte à la nuit du 1er au 2 juillet où quatre fonctionnaires de la brigade anti-criminalité locale sont soupçonnés d’avoir roué de coups un jeune homme de 21 ans en marge des émeutes ayant embrasé la France au début du mois de juillet, après la mort du jeune Nahel, et ayant particulièrement secoué la cité phocéenne.
Plusieurs centaines de policiers de la ville se sont mis en arrêt maladie, selon une source syndicale à CNEWS. D’autres, se sont mis en code 562 à l’appel du syndicat unité SGP Police. Par conséquent, ils n’assurent que les missions d’urgence et essentielles. La grogne des policiers commence à s’entendre au-delà de Marseille. À Montreuil, près de Paris, la totalité du commissariat est ainsi à l’arrêt. Le mouvement policier touche également Montpellier (Hérault) où environ 50% des unités de terrain sont en arrêt maladie.
«C’est un mouvement de solidarité envers les collègues»
Il n’y a plus de patrouilles dans les rues et les enquêtes sont à l’arrêt. «C’est un mouvement de solidarité envers les collègues de Marseille et de Nanterre qui se retrouvent aujourd’hui en détention provisoire alors qu’ils avaient toutes les garanties de représentation devant la justice pour répondre aux convocations qui auraient pu leur être faites», rapporte Erwan Guermer, secrétaire départemental Unité SGP Police FO 93 à Marseille. En Seine-Saint-Denis, et dans le 19e arrondissement de Paris, la majorité des commissariats sont touchés.
De son côté, le patron de la police, Frédéric Veaux, a rencontré les effectifs de la bac marseillaise, samedi 22 juillet, et à déclarer souhaiter la libération du policier qui a été incarcéré.
«De façon générale, je considère qu'avant un éventuel procès, un policier n'a pas sa place en prison, même s'il a pu commettre des fautes ou des erreurs graves dans le cadre de son travail», a déclaré le directeur général de la Police nationale dans les colonnes du Parisien.
«Mais la justice ne cède jamais à la pression médiatique ou de la rue, elle traite les dossiers. L'émotion et la colère passées, il faut se donner les moyens techniques et judiciaires pour que ce fonctionnaire de police retrouve la liberté», a ajouté Frédéric Veaux
Des propos qui ont suscité l’indignation dans les rangs de la gauche. Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, a immédiatement réagi aux propos de Frédéric Veaux. «Toute la hiérarchie policière se place au-dessus de la justice […] Ce qui se joue là, c’est la démocratie et le respect de l’Etat de droit», a rapporté Olivier Faure.
«Compte tenu de la situation de la police à Marseille, que reste-t-il de la loi et de l'autorité de l'Etat ? Où est passé «l'arc républicain» ? Insupportable abandon de la population marseillaise», a déclaré, de son côté, Jean-Luc Mélenchon.