Le président de la République a pris la parole ce lundi 24 juillet à l'occasion d'une interview donnée depuis Nouméa. Emmanuel Macron y a fait le bilan des «cent jours» d’apaisement, évoqué les émeutes mais aussi le remaniement et les grands chantiers qui attendent le gouvernement à la rentrée.
Une nouvelle prise de parole. Après s’être exprimé publiquement près de vingt-cinq minutes en amont du conseil des ministres vendredi, Emmanuel Macron, depuis en voyage officiel en Nouvelle-Calédonie et dans le Pacifique, a accordé ce lundi une interview aux journaux de 13H.
Le président de la République y a dressé le bilan de ses «cent jours» d’apaisement mais aussi évoqué les grands chantiers que la France doit entreprendre à la rentrée. Le chef de l'Etat a aussi évoqué les émeutes et la colère policière.
Accroître l'influence française en Indo-Pacifique
Le président de la République a commencé par exposer les raisons de son déplacement en Nouvelle-Calédonie et dans les îles voisines du Pacifique. Emmanuel Macron a expliqué vouloir continuer de soutenir l'archipel français en proie à de nombreux enjeux géopolitiques mais aussi environnementaux.
«Ces cinq dernières années ont été marqué par trois référendums, c’est inédit mais c’est le choix de la France qui a été fait», par les Français de l’archipel, s’est réjoui Emmanuel Macron, en faisant référence aux référendums d'autodétermination de la Nouvelle-Calédonie.
Le déplacement du chef de l'Etat a aussi pour but de montrer que la France est bien présente dans ce territoire Indo-Pacifique où les influences chinoises et américaines grandissent. «C’est notre influence qui se joue aujourd’hui», a estimé Emmanuel Macron.
confiance envers Elisabeth Borne
Interrogé sur le remaniement ministériel qui a eu lieu jeudi dernier, Emmanuel Macron a confirmé son choix de maintenir Elisabeth Borne à Matignon. «C’est le choix de la confiance, de la continuité et de l’efficacité», a-t-il déclaré.
Le président de la République a tenu à rappeler que durant les «cent jours» d’apaisement, la Première ministre avait été en première ligne et avait su mener les chantiers souhaités par l'exécutif, notamment celui de la décarbonation et de l'efficacité des services publics.
Emmanuel Macron estime que durant ces mêmes «cent jours», le chantier du retour à l'ordre a été mené à bien par le gouvernement Borne. Il a rappelé la multiplication par deux du budget de l'armée et la loi d'orientation de la justice qui a permis d'accroître les moyens de cette dernière.
«Il y a eu des jours avec et des jours sans durant ces ‘cents jours’ mais j’ai toujours été aux côtés des Français», a sobrement estimé le président de la République pour ce bilan.
«DE L'ORDRE» en réponse en émeutes urbaines
Emmanuel Macron avait annoncé vouloir attendre un peu avant de dresser le bilan des émeutes urbaines qui ont touché la France début juillet après la mort de Nahel, tué par un policier durant un refus d'obtempérer.
Près d'un mois après ces dernières, le président de la République estime que l'ordre républicain l'a emporté. «45.000 forces de sécurité ont permis de mettre fin en quatre jours à ces émeutes. En 2005 cela avait duré trois semaines et avec l’état d’urgence», s’est-il rengorgé avant de féliciter les forces de l'ordre et les pompiers pour leur dévouement.
Le chef de l'Etat a annoncé sa volonté de vouloir remettre de l'ordre en France. «Notre pays a besoin d’un retour de l’autorité à chaque niveau (…) de l'ordre, de l'ordre, de l'ordre ! L’ordre doit prévaloir. Il n’y a pas de liberté sans ordre et c’est l’ordre républicain qui doit prévaloir», a-t-il déclaré.
«Bon espoir» de bâtir un texte sur l'immigration
Emmanuel Macron a aussi dit ce lundi avoir «bon espoir» que les oppositions «républicaines» «aident à bâtir un texte» sur l'immigration, en suggérant qu'il n'exclurait pas de recourir au 49.3 pour le faire adopter, au nom de «l'efficacité».
«J'ai bon espoir que les oppositions républicaines qui veulent que le pays soit mieux protégé dans ses frontières, (...), et intègre mieux ceux qui sont là et aident la Nation à réussir, qu'en bonne foi, elles nous aident à bâtir un texte», a ainsi affirmé le président de la République.
«Après, la Constitution prévoit des chemins pour les textes et j'aurai la responsabilité que l'efficacité soit au rendez-vous», a-t-il ajouté, dans une allusion à la possibilité pour le gouvernement de recourir à l'article 49.3 qui permet l'adoption d'un texte sans vote.
une réserve sur l’affaire des policiers marseillais
«Je ne vais pas commenter les propos du directeur général» et «je ne me prononcerai pas sur ce dossier», a expliqué Emmanuel Macron, faisant référence à la prise de position de Frédéric Veaux, directeur général de la police nationale. Ce dernier a affirmé ce dimanche qu’un «policier n’a pas sa place en prison», alors qu'une enquête sur des violences policières supposées à Marseille est en cours et qu'un policier a été placé en détention provisoire.
Le chef de l'Etat a estimé qu'il n'était pas de son ressort de commenter une affaire judiciaire, par respect pour la séparation des pouvoirs. Il a cependant rappelé le principe de présomption d'innocence qui doit s'appliquer à tous.
Emmanuel Macron a tout de même tenu à rappeler que durant les émeutes des forces de l'ordre avaient «fait face à un déferlement de violence» et que 900 policiers et gendarmes avaient été blessés et que seules 28 enquêtes internes avaient été ouvertes. Le président a dit «comprendre l’émotion de nos policiers» mais «nul n’est au-dessus de la loi», a-t-il conclu.
Le grand chantier de l’Éducation nationale
Le président de la République a évoqué l’un des grands chantiers que portent son gouvernement, celui de l’Éducation nationale. Le nouveau ministre, Gabriel Attal, va devoir mener les travaux souhaités par Emmanuel Macron, dès cet été.
Ainsi, ce dernier a confirmé que face au manque d’effectifs, en septembre, «des contractuels seront là pour la rentrée scolaire, là où il manquera de titulaires», ajoutant que «le ministère de l’Éducation nationale fera en sorte qu’il y ait un professeur devant chaque classe.»
Mais au-delà des effectifs professoraux, Emmanuel Macron a expliqué qu’il «va y avoir une succession de mini-révolutions dans l’Éducation nationale dès cette rentrée.» Notamment au niveau du nouveau baccalauréat, qui sera amélioré mais aussi de Parcoursup qui sera modifié pour rendre le processus «plus humain».
«L’école est un immense chantier et on continue d’avancer dessus», a estimé le chef de l’Etat.
écologie et de la protection environnementale
Face aux changements climatiques et notamment à la multiplication des canicules et des feux de forêts, Emmanuel Macron a tenu à rappeler que son gouvernement avec l’appui de sa majorité avait mis en place un plan eau pour lutter en amont contre la sécheresse estivale. Le président a également évoqué l’acquisition de matériel anti-feu et l’amélioration du statut des pompiers qui permettent d’aborder l’été avec une plus grande préparation.
Sur le plan environnemental et écologique, le chef de l’Etat a abordé la stratégie pour tendre vers la neutralité carbone. «Si l’on veut tenir notre cap de 2030 et notre neutralité carbone en 2050, c’est assez simple, il va falloir faire dans les cinq années qui viennent deux fois mieux que les cinq années précédentes et ainsi de suite», a-t-il déclaré.
Nous allons donner des objectifs secteurs par secteurs. Nous allons investir dans l’écologie plusieurs milliards dès l’année prochaine et développer des filières industrielles qui répondent au climat», a-t-il poursuivi.
«Cette planification est un travail qui a pris 18 mois et qui est en ce moment même en concertation avec toutes les parties prenantes et qui doit nous permettre de réduire nos émissions de gaz à effet de serre, d’être plus protecteur de la biodiversité et de le faire en préservant et en renforçant l’indépendance de la France et en créant des emplois», a conclu Emmanuel Macron.