Rendu public ce mercredi 5 juillet, un rapport de la contrôleure des prisons sur la maison d'arrêt de Perpignan dénonce l'insalubrité du bâtiment et les humiliations infligées aux détenus.
Le dernier rapport de Dominique Simonnot, contrôleure des prisons, à propos de la maison d'arrêt de Perpignan (Pyrénées-Orientales) fait froid dans le dos. Daté du 6 juin dernier mais rendu public ce mercredi 5 juillet, le document dénonce les conditions de vie «indignes» des détenus, exposés aux punaises de lit, à la surpopulation, à l'insalubrité et aux humiliations.
La Contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) a demandé au gouvernement d'intervenir rapidement, notamment concernant le mauvais état des installations. Elle signale des moisissures sur les murs, l'absence de cloisons entre les sanitaires et le reste de la cellule, des fenêtres manquantes et même une odeur «omniprésente» d'urine de chat.
La prison est infestée de punaises de lit. L’état des lieux réalisé par le CGLPL dans 455 cellules révèle que 63% des cellules du QMAH et 22% des cellules du QCD étaient touchées. Les solutions mises en œuvre ne sont pas à la hauteur et ne parviennent pas à endiguer le phénomène. pic.twitter.com/yid8WG4hNQ
— CGLPL (@CGLPL) July 5, 2023
Selon elle, «les déchets de toutes sortes s'accumulent au pied des bâtiments, où ils attirent chats et goélands», ce qui explique ces effluves nauséabonds. Plus largement, l'«insalubrité générale» du bâtiment est aggravée par «la prolifération de nuisibles», dont les cellules sont «infestées».
Une situation confirmée par le secrétaire régional du syndicat UFAP-UNSA, Johann Reig, qui s'exclame : «Les punaises de lit sur la prison de Perpignan, c'est un truc de fou !». Selon lui, «les détenus se font dévorer en cellule» et les surveillants subissent désormais le même sort «dans leurs kiosques». «Certainement que ça va proliférer sur Perpignan», prédit le syndicaliste.
La maintenance insuffisante au sein de la maison d'arrêt se ressent également au niveau de l'installation électrique, puisque «les prises [...] sont dégradées» et les «fils électriques dénudés», au point que la sécurité incendie est «compromise dans un tiers des cellules» du quartier des hommes.
Dominique Simonnot estime que le traitement réservé aux détenus n'est pas davantage satisfaisant puisqu'elle dénonce des «fouilles intégrales» systématiques non justifiées et réalisées dans des conditions «propres à accentuer l'humiliation». Elle évoque des locaux inadaptés, parfois vitrés, mais aussi des demandes de s'accroupir. La contrôleure des prisons s'inquiète en outre pour certains détenus vulnérables, menacés par d'autres prisonniers et dont la protection doit selon elle être renforcée.
0,84 m2 pour «vivre et se mouvoir»
Surtout en sachant qu'une «surpopulation endémique» existe à la maison d'arrêt de Perpignan. Au 3 avril dernier, la CGLPL dénombrait 315 détenus pour 132 places dans le quartier des hommes. A ce moment-là, 67 d'entre eux dormaient sur un matelas au sol, faute de place. Dans ces cellules occupées par trois prisonniers, chacun dispose de 0,84 m2 pour «vivre et se mouvoir».
Lundi 3 juillet, Pierre Grousset, secrétaire de l'UFAP-UNSA, a indiqué que la situation avait empiré, puisque 72 détenus étaient installés sur des matelas au sol. Avec une densité carcérale de 205,6% (soit 403 détenus pour 196 places au total), Perpignan est la quatrième prison la plus surpeuplée de métropole, derrière Nîmes (226%), Rochefort (211,5%) et Gradignan (206,9%).
Dans une réponse écrite adressée à Dominique Simonnot, le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, a reconnu que la surpopulation carcérale à Perpignan constitue «une problématique majeure». Il a toutefois insisté sur le fait que plus de 600 détenus ont bénéficié de réductions de peine entre janvier et mai.
Il a ajouté qu'un «rappel à la réglementation» avait été effectué à la mi-avril par le chef d'établissement concernant les fouilles intégrales, et que de nouvelles mesures étaient prévues pour mieux protéger les détenus «vulnérables».
Eric Dupond-Moretti a aussi mis en avant «un plan d'action d'urgence» destiné à éradiquer les nuisibles, avec notamment une «première campagne de désinfestation» réalisée début mai. Selon lui, «la sous-commission de sécurité incendie» a par ailleurs émis un «avis favorable» sur le fonctionnement du centre pénitentiaire.