Si le Rassemblement national continue de progresser dans les urnes, le vote RN reste un vote de rejet des autres partis, révèle un sondage paru dans le JDD ce 18 juin.
Un parti qui s'ancre dans le paysage politique mais qui peine à convaincre par ses idées. C'est le résultat d'une étude Ifop-Fiducial pour le JDD et Sud Radio, qui pointe la dédiabolisation du Rassemblement national, mais aussi les limites de ses succès électoraux.
Selon cette vaste enquête, 42% des Français disent avoir voté au moins une fois RN dans leur vie. Ils étaient 35% en 2021 et 30% en 2017, signe d'un ancrage continu du parti d'extrême droite. Parmi les personnes ayant déjà glissé un bulletin RN, les ouvriers (57%) et les catégories pauvres (51%) sont sur-représentées. Plus surprenant, 28% des sympathisants de gauche, ou encore 27% des personnes ayant choisi Jean-Luc Mélenchon en 2022, disent avoir déjà voté RN.
Pour la prochaine élection présidentielle, en 2027, 41% des personnes interrogées souhaitent la victoire de Marine Le Pen.
un vote de rejet
L'étude souligne aussi que la volonté d'exprimer son mécontentement reste le principal ressort du vote RN (24%), plus que l'adhésion au constat que fait le parti sur l'état du pays (15%).
Ainsi, le vote RN s'inscrit davantage en rejet des autres partis (pour 61% des électeurs) qu'en adhésion au parti (39%). Une tendance stable depuis 2017, après une forte progression de l'adhésion par rapport à 1997 (13%).
Autre limite, le parti reste un parti «raciste» pour une majorité de sondés (59%). Mais le chiffre est en net recul depuis 2017 (68%), grâce à la dédiabolisation portée par Marine Le Pen qui semble porter ses fruits. Ainsi, 55% des sondés pensent que le RN est dangereux pour la démocratie, contre 62% il y a 6 ans. Et dans le champ politique, La France insoumise inquiète plus que le RN (28% contre 21% des personnes interrogées). Le RN est également davantage considéré comme proche des préoccupations des gens (30% contre 18%) que la formation de Jean-Luc Mélenchon.
Marine Le Pen jugée peu crédible
Le sondage montre par ailleurs les difficultés d'incarnation du RN. Seulement 23% des personnes interrogées attribuent une stature présidentielle à Marine Le Pen, triple candidate malheureuse à la présidentielle.
Parmi les éventuelles alternatives à la fille de l'ancien président du parti Jean-Marie Le Pen, l'actuel président du parti Jordan Bardella paraît le mieux placé, mais reste minoritaire dans l'opinion : 30% des personnes interrogées seraient prêtes à voter pour lui à la prochaine présidentielle, loin devant le député Sébastien Chenu (12%).
Enquête réalisée sur Internet du 12 au 15 juin auprès de 1.314 personnes ayant déjà voté RN, extraites d'un échantillon de 3.008 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas, avec une marge d'erreur comprise entre 1,4 et 3,1 points.