Dans la nuit du 30 mai au 1er juin, les députés ont voté en faveur du prolongement du dispositif permettant le plafonnement de la hausse loyers à 3,5% pour les ménages et les PME. Une adoption qui provoque la colère des élus de gauche.
Ils réclament le gel des loyers. Largement adoptée dans la nuit par l’Assemblée nationale (259 voix pour et 93 contre), la proposition visant à plafonner la hausse des loyers des ménages et PME à 3,5 % a provoqué l’ire des élus de la Nupes, qui y voient un geste envers les propriétaires.
Instauré durant l’été 2022, ce dispositif avait pour but d’atténuer les risques d’augmentation excessive des loyers en pleine crise de l’inflation. Le bouclier tarifaire devait prendre fin à la fin du mois de juin 2023. Cependant, le contexte inflationniste toujours très présent a poussé la majorité à déposer un projet de loi permettant la reconduction de ce dernier jusqu’au début de l’année 2024.
La majorité soutenue par la droite et l’extrême droite
Cette loi votée au cœur de la nuit, par 352 des 577 députés français, était portée par Thomas Cazenave, rapporteur de Renaissance, et cosignée par l’ensemble des composantes de la majorité présidentielle (MoDem et Horizons).
Le député de la 1ère circonscription de Gironde s’est montré très satisfait de cette réussite déclarant sur Twitter : «Proposition de loi adoptée par l’Assemblée nationale. Nous continuons de protéger les locataires, les PME et les TPE face à l'inflation.»
Proposition de loi adoptée par l’@AssembleeNat
Nous continuons de protéger les locataires, les PME et les TPE face à l'inflation. https://t.co/TvHPZRUDnS pic.twitter.com/m5YxMTKv7g— Thomas Cazenave (@T_Cazenave) June 1, 2023
Adopté avec 259 voix en faveur et 93 contre, le texte de la majorité a été soutenu par les députés du groupe LIOT mais également par ceux des Républicains et du Rassemblement national. Ces derniers ont cependant pointé du doigt certains détails du texte qui va être examiné par les Sénateurs.
La Nupes dénonce une augmentation des loyers camouflée
Pour les députés de gauche, cette loi n’est pas un bouclier pour les locataires mais une autorisation camouflée pour les propriétaires d’augmenter les loyers de leurs biens immobiliers de 3,5%.
Une situation inadmissible pour Manuel Bompard. Sur Twitter, le député LFI a déclaré : «Au beau milieu de la nuit, les macronistes et le Rassemblement national votent une loi permettant d’augmenter à nouveau les loyers de 3,5%. Ils rejettent à l’unisson nos propositions d’instaurer un gel des loyers face à l’inflation. Irresponsable !»
Main dans la main, comme souvent, macronistes et fascistes ont voté pour l'augmentation des loyers. Alors que des millions de gens sont étranglés par l'inflation, les défenseurs du système et leur assurance vie leur maintiennent la tête sous l'eau encore un bon coup. Infâme ! pic.twitter.com/AM5xRZvbgE
— Députée Obono (@Deputee_Obono) June 1, 2023
La députée Danièle Obono a également dénoncé ce que l’opposition de gauche qualifie d’augmentation mais a également pointé du doigt l’alliance de la majorité et du Rassemblement national, estimant qu’ils ont avancé «main dans la main, comme souvent».
Des attaques auxquelles le député RN Nicolas Meizonnet a répondu à l'Assemblée. Sur Twitter, il a ajouté : «Je défends les propriétaires de logement face aux élus de la NUPES ! Ces gros hypocrites qui pour certains n'ont pas hésité à occuper des HLM à la place de Français modestes, n'ont aucune leçon à donner.»
Je défends les propriétaires de logement face aux élus de la NUPES !
Ces gros hypocrites qui pour certains n'ont pas hésité à occuper des HLM à la place de Français modestes, n'ont aucune leçon à donner.
L’accès à la propriété, c’est souvent une vie de travail !#DirectAN pic.twitter.com/yI6NGNTHR5— Nicolas Meizonnet (@NMeizonnet) June 1, 2023
Devant les députés présents, Nicolas Meizonnet a ironisé : «Vous oubliez que certains locataires peuvent être par ailleurs propriétaires. Voire, comme certains d’entre vous, à la fois multi-propriétaires et locataire d’un logement social sous-loué à sa sœur».
Le député RN faisait ainsi référence à l'un des scandales qui touchent le député LFI, Carlos Martens Bilongo.
Si l’Insee a annoncé ce mercredi une baisse de l’inflation à 5,1% sur un an en ce mois de mai, celle-ci reste très élevée. Selon une enquête menée par l’Ifop, 31% des Français se retrouvent avec moins de 100 euros pour vivre dès le 10e jour du mois.