Priorité du ministre de l'Education nationale, la mixité sociale à l'école a fait l'objet de statistiques, qui classent les collèges en fonction de leur Indice de position sociale.
Il sera question de mixité sociale à l'école, ce jeudi 11 mai, lors de la réunion des recteurs et des Directeurs académiques des services de l'Education nationale (Dasen). Pap Ndiaye, qui a fait de ce sujet une priorité, doit leur présenter les mesures à appliquer en la matière. Le ministre s'est notamment appuyé sur des statistiques publiées en octobre dernier, qui classent les collèges du plus au moins «favorisé» socialement.
Les Indices de position sociale (IPS) des établissements permettent, selon le gouvernement, «d'appréhender le statut social des élèves à partir des professions et catégories sociales de leurs parents». Concrètement, cet indicateur est calculé en attribuant des valeurs à différentes caractéristiques «telles que les diplômes, les pratiques culturelles, les conditions matérielles, le capital culturel et l’implication des parents dans la scolarité».
Les enjeux de mixité relèvent autant de l'enseignement privé sous contrat que de l'enseignement public. Sectorisation, binômes entre établissements, filières attractives... Nous pouvons faire mieux et nous le ferons. pic.twitter.com/rw2Q3KRJBD
— Pap Ndiaye (@PapNdiaye) May 7, 2023
Plus l'indice est élevé, plus l'enfant évolue dans un contexte familial favorisé. Le niveau social d'un établissement scolaire est ensuite apprécié «à travers le calcul de la moyenne des IPS des élèves qui y sont scolarisés». L'écart-type de l'IPS des élèves permet quant à lui de mesurer l'indice d'hétérogénéité sociale d'un établissement : «plus il est élevé, plus le profil social des élèves est diversifié».
Pour la rentrée 2021-2022, l'établissement qui remporte la palme du plus «favorisé» est le collège franco-allemand de Buc, dans les Yvelines. Il affiche un IPS à 157,6 ce qui représente un fossé considérable avec le dernier du classement, à 51,3. Evaluée à 21,7, l'hétérogénéité sociale du collège franco-allemand de Buc est moyenne, sachant qu'en la matière, la valeur la plus élevée du classement, montrant une grande hétérogénéité sociale, est enregistrée à 46,7. La plus faible est à 0.
Il est intéressant de noter que, si la première marche du podium est occupée par un collège public, les établissement privés sont toutefois surreprésentés en tête de classement. Après la première place, il faut attendre le 22e rang pour trouver à nouveau un collège public.
Le deuxième établissement le plus «favorisé» est l'Ecole privée Jeannine Manuel, située dans le 15e arrondissement de Paris, avec un IPS de 154,9 et un écart-type de 14,3. L'hétérogénéité sociale se réduit encore au sein du troisième établissement du classement : le collège privé Jeannine Manuel de Marcq-en-Baroeul (Nord), qui affiche un écart-type de 4,8 seulement pour un Indice de position sociale de 154,8.
Les collèges de Guyane parmi les plus défavorisés
Les données produites par le ministère montrent que la plupart des collèges les plus «défavorisés», c'est-à-dire dont l'IPS est le plus faible, sont en Guyane. Les 5 dernières places du classement sont toutes occupées par des établissements situés dans ce département.
En toute dernière position, le collège Gran Man Difou, à Maripasoula, affiche un Indice de position sociale de 51,3 seulement. L'établissement Leodate Volmar, situé à Saint-Laurent du Maroni fait à peine mieux, avec un score de 51,8, et le collège Ma Aiye d'Apatou se hisse tout juste à 52,8. Le profil social des élèves de ces établissements est moyennement diversifié, puisque l'écart-type de leurs IPS s'élève respectivement à 23,8, 17,3 et 18,4.
La plupart des établissements les moins favorisés socialement sont publics. Parmi les collèges privés, celui qui affiche l'IPS le plus faible est l'Ecole secondaire de l'association Rabbi Guershon, à Metz (Moselle), avec un IPS de 66 et une hétérogénéité sociale à 0, la plus faible du classement.
L'écart se creuse entre le public et le privé
Dans un discours prononcé au Sénat le 1er mars dernier, Pap Ndiaye a rappelé que «la France est l’un des pays de l’OCDE où les déterminismes sociaux pèsent le plus sur la réussite scolaire des élèves». D'après ses chiffres, «la proportion d’élèves issus de milieux défavorisés était en moyenne de 37,4 % au collège» à la rentrée 2021.
Or, «on retrouve ces élèves les plus défavorisés à hauteur de 61% dans un dixième des collèges les plus défavorisés, alors que les établissements les plus favorisés n’en accueillent que 14,6%». «En miroir, les 23,9% d’enfants issus de milieux très favorisés ne sont présents qu’à hauteur de 6,6% dans les collèges les plus défavorisés, alors qu’ils sont près de 45% dans quelque 10% des établissements les plus favorisés», a développé le ministre.
Ce jour-là, il s'est en outre inquiété de voir la «différenciation sociale [...] s'accroître depuis plusieurs décennies» entre le public et le privé, «particulièrement au collège». Selon Pap Ndiaye, «la proportion moyenne des élèves de milieux défavorisés est de 42,6 % dans le public, mais seulement de quelque 18 % dans le privé».
Ce jeudi 11 mai, le ministre doit donc annoncer différentes mesures pour contrer ce phénomène et renforcer la mixité sociale à l'école. Il a déjà évoqué plusieurs de ces leviers à mettre en place, parmi lesquels la création de «sections d'excellence» dans les territoires défavorisés, la création de binômes de collèges «proches géographiquement mais très contrastés socialement», ou encore la participation de l'enseignement privé sous contrat à cet effort.