Quatre hommes appartenant à la mouvance néonazie, soupçonnés d'avoir préparé entre 2017 et 2018 des projets terroristes, vont être jugés à compter de ce lundi 19 juin, et jusqu'au 30 juin prochain, par la cour d'assises spéciale des mineurs.
Une première. Ce lundi 19 juin s'ouvre devant la cour d'assises spéciale des mineurs le procès de quatre hommes issus de la mouvance néonazie, soupçonnés d'avoir préparé entre 2017 et 2018 des projets terroristes criminels.
Cette audience criminelle pour ces hommes aujourd'hui âgés de 22 à 28 ans constitue une première pour l'ultradroite. Comme l'un des mis en cause avait 17 ans au moment des faits, ils comparaîtront jusqu'au 30 juin prochain devant la cour d'assises des mineurs spéciale.
Un cinquième protagoniste, un collégien de 14 ans lors des faits, a déjà été condamné par le tribunal pour enfants de Paris, statuant en matière criminelle, à deux ans d'emprisonnement avec sursis.
Le procès de ce lundi 19 juin pourrait se tenir à huis-clos. Le président de la cour peut toutefois rendre les débats publics, si une demande est formulée en ce sens et s'il estime que cela ne nuirait ni aux intérêts de l'accusé, ni à l'ordre public.
«Projet WaffenKraft»
D'après l'ordonnance de mise en accusation dont l'AFP a eu connaissance, signée en mai 2022, les cinq protagonistes «adhéraient aux idées véhiculées par l'extrême droite néonazie» et avaient participé à un forum de discussion privé nommé «projet WaffenKraft», créé par l'un des protagonistes, mineur de 17 ans.
D'après les juges, son objectif était «clairement, au-delà des échanges sur l'idéologie, de préparer des actions qui avaient très rapidement dérivé vers l'élaboration de projets terroristes sous l'impulsion d'Alexandre Gilet», qualifié de «plus radical et plus motivé», avec le mineur de 17 ans.
Alexandre Gilet, incarcéré depuis décembre 2018 «avait pris le leadership du groupe et proposé différents projets d'attaques contre des personnalités ou des communautés», soutiennent les magistrats instructeurs.
«Ce dossier est le produit des attentats survenus sur le sol français depuis 2015 et de la haine profonde partagée par des millions de Français à l'égard d'un phénomène islamiste découvert à l'époque et le constat d'une défaillance en chaîne de l'Etat et des pouvoirs publics qui n'ont pas été en mesure d'accompagner et d'anticiper ces phénomènes de radicalisations», a estimé son avocate, Me Fanny Vial.
Elle a dénoncé la situation de son client, «très jeune homme détenu à l'isolement depuis quatre ans et cinq mois».
L'enquête a démarré par l'interpellation en septembre 2018 de ce gendarme adjoint volontaire dans l'Isère alors âgé de 22 ans, après un signalement sur une commande de sa part de produits rentrant dans la composition d'engins explosifs. Quatre autres protagonistes ont été interpellés jusqu'en mai 2019, et placés sous contrôle judiciaire.
Une menace «qui monte en puissance»
Neuf attaques attribuées à l'ultradroite ont été déjouées depuis 2017, selon le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin début avril.
Une dizaine de procédures en lien avec l'ultradroite ont été ouvertes ces dernières années au pôle antiterroriste de Paris. Une menace «prise très au sérieux» et qui «monte en puissance», selon un magistrat antiterroriste parisien.
Plusieurs autres dossiers d'ampleur, comme celui d'un groupuscule baptisé OAS ou celui dit des Barjols, ont été jugés ces dernières années, mais par le tribunal correctionnel de Paris.