Quelque 782.000 personnes ont défilé dans toute la France ce lundi 1er mai pour la fête du Travail, selon le ministère de l'Intérieur. L’intersyndicale avait décidé d'en faire une journée de contestation massive à la réforme des retraites, pourtant promulguée, avant de nouvelles actions communes à définir et à venir.
Environ 300 cortèges se sont élancés à travers tout le pays. Ce lundi 1er mai, plusieurs centaines de milliers de Français ont défilé dans les rues, à l’occasion de la fête du Travail, cette année marquée par une vive contestation à la réforme des retraites, à laquelle se sont ajoutées les traditionnelles revendications sociales et salariales.
Selon l'Intérieur, 782.000 personnes ont ainsi battu le pavé, sur l'ensemble du territoire. Le nombre de manifestants a donc nettement progressé, en comparaison au 13 avril dernier où elles étaient 380.000 personnes à avoir été recensées lors de la douzième journée de mobilisation contre la réforme des retraites. De son côté, la CGT a, elle, revendiqué 2,3 millions de manifestants dans l'Hexagone ce 1er mai.
A Paris, ce sont 112.000 personnes qui ont défilé, selon la préfecture de police, tandis que la CGT revendiquait, de son côté, 550.000 personnes. Le cortège s'était élancé de la place de la République vers 14h30 pour rejoindre celle de la Nation. Ailleurs dans le pays, la police a aussi recensé 16.300 manifestants à Caen (40.000 selon la CGT), 15.000 personnes à Brest (33.000), et 11.000 à Marseille, là où la CGT en a revendiqué 130.000. Les autorités tablaient sur 500 à 650.000 personnes sur tout le territoire.
De vives tensions à Paris, Toulouse et Saint-Étienne
De nombreux incidents ont été constatés dans la capitale avec, des jets de projectiles notamment des pavés et des cocktails Molotov, des dégradations de biens publics et d'enseignes privées.
Face à ces débordements, au moins 111 personnes avaient été interpellées à Paris aux alentours de 18h et 291 sur l'ensemble du territoire national, selon le ministère de l'Intérieur. Le ministre Gérald Darmanin a dénoncé l'attitude des «casseurs extrêmement violents», cet après-midi.
Si la très grande majorité des manifestants furent pacifistes bien sûr, à Paris, Lyon et Nantes notamment, les forces de l’ordre font face à des casseurs extrêmement violents venus avec un objectif : tuer du flic et s’en prendre aux biens des autres. Plus de 60 interpellations à…
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) May 1, 2023
«Les forces de l’ordre font face à des casseurs extrêmement violents venus avec un objectif : tuer du flic et s’en prendre aux biens des autres», a indiqué le ministre, précisant qu'un «policier a été grièvement blessé, brulé à la suite d’un jet de cocktail Molotov». Au moins 108 policiers et gendarmes ont été blessés d'après Gérald Darmanin. 24 membres des forces de l'ordre ont déjà été transportés à l'hôpital, a quant à elle annoncé la préfecture de police de Paris.
Invité cet après-midi sur CNEWS, Cyril Chabanier, le président de la CFTC, a jugé «dramatique» de voir des policiers blessés, alors qu'ils sont «présents pour protéger les manifestants». «Je ne peux plus supporter ces images», a expliqué le syndicaliste.
À Toulouse, où 13.500 personnes ont participé à la manifestation ce lundi, et 7 personnes ont été blessées dont 4 parmi les forces de l'ordre a annoncé la préfecture de la Haute-Garonne vers 15h. Seize personnes ont d'ailleurs été interpellées à Toulouse.
À Saint-Étienne, la préfète de la Loire a fermement condamné «la violence, les exactions, les pillages de commerces et les nombreuses dégradations commises par un groupe de 150 individus à l'issue de la manifestation organisée ce 1er mai dans le centre-ville», précisant que 6 personnes avaient été interpellées.
Une intersyndicale toujours unie, avant d'autres rendez-vous
Pour l'intersyndicale, cette journée de mobilisation était un rendez-vous majeur, deux jours avant une nouvelle réunion du Conseil constitutionnel qui devra statuer sur une deuxième demande sur un référendum d'initiative partagée (RIP), et un peu plus d'un mois avant la présentation à l'Assemblée nationale d'un projet de loi visant à abroger la réforme des retraites, déposée par le groupe LIOT.
Les syndicats se sont montrés unis ce lundi, à l'image du secrétaire général de Force ouvrière Frédéric Souillot. «Il n'y a pas un gravier entre nous», a lancé le syndicaliste dans la journée Ce dernier avait d'ailleurs évoqué à demi-mot l'avenir de l’intersyndicale chez nos confrères du JDD. «Nous discuterons tant sur notre participation (aux concertations à venir, NDLR) que sur les sujets à porter ensemble : pouvoir d’achat, hausse des salaires, dégel du point d’indice...», expliquait Frédéric Souillot, assurant que «ce 1er-Mai ne sonne pas la fin du mouvement».
Un peu plus tôt, son homologue de la CGT Sophe Binet avait indiqué qu'une décision sera prise «ensemble» ce mardi matin, après une rencontre entre tous les membres de l'intersyndicale, concernant une éventuelle rencontre avec la Première ministre.
«Non ce n'est pas un baroud d'honneur !», Laurent Berger secrétaire général de la CFDT. pic.twitter.com/mAjUuEAeWJ
— CNEWS (@CNEWS) May 1, 2023
De son côté, le Secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a affirmé que «chacun était conscient de ses spécificités», au sein de l'intersyndicale, et que la réunion de mardi servira «à voir comment nous allons procéder concernant la réforme des retraites. Mais on évoquera aussi les questions de salaire et de conditions de travail», a-t-il préciser.
«Nous avons eu un 1er-Mai historique, et l’intersyndicale va encore mener des actions en commun, et peut-être une grande manifestation le jour du dépôt de cette proposition de loi du groupe Liot», nous a confié Cyril Chabanier, le président de la CFTC.