L'écart d’espérance de vie entre les zones rurales et urbaines se creuse, selon une étude de l’Association des maires ruraux de France, dévoilée ce jeudi 20 avril sur France Bleu. On dénombre environ 14.000 décès de plus dans les campagnes que dans les villes chaque année.
Une surmortalité dans les départements ruraux. C’est la conclusion que révèle une étude réalisée par l’Association des maires ruraux de France (AMRF), et dévoilée sur France Bleu, qui démontre que si un enfant naît dans une zone rurale, son espérance de vie est plus courte que s’il était né en ville. En moyenne, cette surmortalité représente 14.216 décès supplémentaires chaque année à la campagne.
Pour bien comprendre, il y a donc 14.216 décès en plus par an dans les zones rurales par rapport au nombre qui serait comptabilisé, si l’espérance de vie était identique à celle des zones urbaines. Selon l’étude de l’AMRF, à âge égal et sexe égal, l’indice de mortalité des bassins de vie ruraux est supérieur de six points à celui des bassins de vie urbains.
Deux ans de vie en plus pour un homme né en ville
Par ailleurs, l’étude montre également que depuis trente ans, l’écart d’espérance de vie entre les départements ruraux et urbains ne cesse de s’aggraver, pour atteindre aujourd’hui un écart de deux ans pour les hommes et un an pour les femmes, alors qu’en 1990 la différence était quasiment nulle. Autrement dit, un homme qui grandit en ville vivra en moyenne deux ans de plus qu’un homme qui grandit à la campagne.
En 2021, chez les hommes, l’espérance de vie était de 78,8 ans dans les départements considérés comme hyper-ruraux, contre 80,2 ans dans les départements hyper-urbains. Chez les femmes, l'espérance de vie était alors de 84,9 ans pour celles des milieux hyper-ruraux et de 85,7 ans en milieu hyper-urbain. Le nombre moyen de décès en 2020-2021 était de 236.943 dans les bassins de vie ruraux (qui comptent une population totale de 20,3 millions), quand il était de 662.474 décès dans les bassins de vie urbains qui comptent 48 millions d'habitants.
Des grosses différences régionales
Pour obtenir une appréciation plus précise de la mortalité entre les départements, l'étude établit un «indicateur comparatif de mortalité», avec un score pour chaque bassin de vie. Cet indicateur permet ainsi d'établir une carte des «écarts à la mortalité moyenne». D’après cet indicateur, il existe de véritables différences régionales avec des écarts bien plus marqués dans le nord, l’est, le centre ou la pointe de la Bretagne, ainsi que dans les territoires d’outre-mer.
«Les zones de surmortalité les plus importantes sont situées aux limites des départements et très souvent aux marges des régions à cheval sur deux ou trois départements. Ces territoires sont comme des délaissés de l'organisation territoriale», fustige l'AMRF, qui souligne que «la centralisation des soins a des effets délétères qui contribuent à l'abandon des territoires périphériques».
Supprimer les déserts médicaux
Face à ce constat, l'Association des maires ruraux de France rappelle «l'importance de la proximité dans l'organisation du service de santé». Elle appelle à une «refondation de la démocratie sanitaire». Pour cela, elle a réuni 35 réseaux de professionnels de santé et d'élus, tels que Familles rurales ou la Macif, afin de présenter des propositions de solutions concrètes.
Quatre de ces solutions ont fait consensus :
- Rendre obligatoire la diversification des lieux de stage des étudiants en santé, et pour cela leur donner des moyens, en développant notamment les hébergements territoriaux des étudiants en santé et les aides au transport.
- Mettre en place et développer les équipes de soins coordonnées autour du patient (Escap), grâce par exemple à des expertises à distance en téléconsultation.
- Mieux répartir les professionnels de santé en créant notamment un guichet unique d'accompagnement, qui centralise à l'échelle de chaque département, les besoins territoriaux, les aides financières, l'accompagnement administratif et les informations relatives à la vie familiale du professionnel.
- Développer de nouvelles manières de pratiquer susceptibles d'assurer à la population une prise en charge rapide et de proximité.