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Procès de l'attentat de la rue Copernic : la communauté juive en quête de justice

Une partie des dégâts causés dans la synagogue Copernic à Paris, suite à l'explosion de la bombe, le 3 octobre 1980. [JEAN-CLAUDE DELMAS / AFP]

Alors que le procès de l'attentat de la rue Copernic s'est ouvert ce lundi 3 avril devant la Cour d'assises spéciale de Paris, en l'absence de l'unique et principal suspect, la communauté juive espère que justice sera rendue, quarante-trois ans après les faits.

Une étape importante, nécessaire, et historique. Le procès de l'attentat de la rue Copernic, visant une synagogue parisienne et ayant fait quatre morts ainsi qu'une quarantaine de blessés le 3 octobre 1980, s'est ouvert ce lundi 3 avril devant la Cour d'assises spéciale de Paris. 

Quarante-trois ans après les faits, le premier attentat antisémite sur le sol français depuis la Shoah, continue de marquer les mémoires, à commencer par celles des membres de la communauté juive. «On ressent la présence, le souvenir de cet attentat qui a marqué la mémoire des lieux [...] a ainsi expliqué à CNEWS le rabbin Jonas Jacquelin, qui officie à la synagogue Copernic depuis huit ans.  

«Dans les gens qui fréquentent la synagogue aujourd'hui, il y a un certain nombre de personnes qui étaient présentes le jour du drame et qui ont échappé à cet attentat. Que ce soient les fidèles qui étaient jeunes, et qui ont quarante-trois ans de plus aujourd'hui, où le rabbin de l'époque, Michael Williams», nous a-t-il dit encore.

Le rabbin Williams, justement, est lui aussi revenu sur ce jour qui a jamais a marqué sa vie. «J'ai cru qu'il commençait à pleuvoir», a-t-il d'abord dit en faisant référence aux débris de l'explosion tombant depuis la verrière dans la synagogue. «Dans un premier temps, nous avons continué l'office puis nous avons compris que c'était très grave», a poursuivi l'homme de foi, responsable de la prière lors de l'attentat, et convoqué ce lundi 3 avril en qualité de témoin au premier jour du procès.

La non-venue d'Hassan Diab indigne

Cette journée inaugurale a du reste été marquée par l'absence du principal suspect de l'attentat, Hassan Diab, présenté comme un universitaire libano-canadien et accusé d'avoir posé la bombe devant l'édifice religieux. 

Face à cette situation, l'avocat général a dénoncé «une nouvelle preuve de sa grande lâcheté» de la part de l'homme, resté au Canada, soulignant même a-t-il dit «l'infamie que représentait cette absence pour la Cour et pour les victimes», comme l'a rapporté une journaliste de CNEWS présente sur place.

«Au niveau général il y a un respect de la présomption d'innocence. Tant qu'il n'est pas jugé, on ne peut pas le désigner comme coupable. Néanmoins, il y a de très fortes présomptions qui pèsent à son encontre, et qui ont été mises au jour au cours de l'instruction. À partir du moment où on passe devant le tribunal dans un pays démocratique comme la France et que l'on n'a rien à se reprocher, alors, on vient. Pour moi, refuser de se présenter sonne comme un aveu. Si vous êtes sûr de votre innocence et de votre acquittement, vous venez plutôt deux fois qu'une pour expliquer cela», a estimé le rabbin Jonas Jacquelin. 

Devant la Cour d'assises spéciale de Paris, l'avocat d'Hassan Diab, Maître William Bourdon, a de son côté défendu son client, estimant que sa décision était «humainement audible, dicible et respectable», et n'était en aucune façon «le signe d'une quelconque lâcheté».

Une résonance particulière en plein pessah 

«C’est important que le procès ait lieu. C’est important qu’il existe. Ce n’est pas pensable qu’un attentat terroriste reste sans rien», a toutefois considéré auprès de CNEWS Corinne Adler, victime de l'attaque antisémite et qui préparait sa Bat-mitzvah à la synagogue ce vendredi-là. 

«Il y a le sentiment que les choses se sont passées très lentement. Il ne s'agit pas de revenir sur la procédure et le temps qu'elle a pris, mais de se dire que le grand désir côté Copernic est celui de la justice», abonde le rabbin Jonas Jacquelin, établissant un parallèle symbolique sur le temps écoulé entre les faits et le procès et la période d'errance des Hébreux dans le désert, que les juifs s'apprêtent à célébrer dès ce mercredi soir, lors de Pessah. 

«Au moment de Pessah on dit que les Hébreux ont erré dans le désert pendant quarante ans avant de pouvoir arriver à un point fixe, et entrer dans le pays d'Israël. Là, c'est une période de quarante ans, ou un peu plus, qui dure depuis l'attentat jusqu'à aujourd'hui, et qui nous rappelle d'une certaine manière qu'il y a des choses qui prennent du temps. Ce qui est important c'est de pouvoir trouver une issue», a conclu le rabbin.  

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