Alors que se tient ce jeudi 16 mars la traditionnelle séance des questions d'actualité au Conseil de Paris, la maire Anne Hidalgo a été vivement attaquée par les élus d'opposition qui lui ont réclamé qu'elle rende publiques ses notes de frais et de représentation.
«Quel exemple donnez-vous à chaque citoyen en bafouant ainsi nos règles de droit ?», a ainsi lancé ce jeudi Aurélien Véron, élu d'opposition à Paris Centre, interrogeant la maire sur les raisons pour lesquelles elle n'avait toujours pas présenté ses notes de frais et de représentation au titre de l'année 2017, comme le lui a pourtant réclamé la justice cinq ans après que le journaliste Stefan de Vries en a fait la demande initialement.
passe d'armes entre la droite et la majorité
Une question qui intervient alors que la maire PS de Paris Anne Hidalgo a en effet donné rendez-vous fin mars au journaliste qui a obtenu gain de cause devant la justice pour consulter ses notes de frais de 2017, année où elle a rencontré de nombreuses personnalités et beaucoup voyagé, avant obtenir l'organisation des Jeux Olympiques de 2024.
«N'importe quel citoyen français devant cette décision, et a fortiori, un élu de la République, aurait dû préparer tous les documents et les publier sans attendre. Un mois plus tard, ce n'est toujours pas le cas», se demande donc l'élu Changer Paris, rappelant que «ces documents constituent des documents administratifs communicables à tous ceux qui en feraient la demande». «Que contiennent ces notes relatives à vos frais de représentation ?», s'interroge-t-il encore.
Nous connaissons le mépris d’Anne Hidalgo pour la loi, mais les Parisiens aimeraient néanmoins connaître le détail de ses #NotesDeFrais ces 5 dernières années en application de la décision du Conseil d’Etat.
Stop à l’#opacité ‼️pic.twitter.com/DPEKhrDlHo— Aurélien Véron (@aurelien_veron) March 16, 2023
Désigné pour répondre à l'intéressé, le premier adjoint à la mairie de Paris, Emmanuel Grégoire, a répondu que la décision du Conseil d'Etat était «une injonction à réexamen et non pas une injonction à publication». «Et donc examen il y a eu, décision a été prise, et le requérant – en l'occurrence le journaliste Stefan de Vries – a été invité à venir consulter les éléments», s'est-il ainsi exprimé, avant de s'attaquer à son tour à Rachida Dati, cheffe de file de l'opposition parisienne et présidente du groupe Changer Paris.
«Puisqu'il est question ici de mettre en cause la probité des élus [...] à mon tour de vous interroger sur la transparence de vos élus : la présidente de votre groupe, également maire d'arrondissement, pourrait être invitée à son tour à faire œuvre de transparence en transmettant sa déclaration d'intérêts et de patrimoine», a-t-il lancé, avant de poursuivre sur la mise en examen de Rachida Dati accusée dans l'affaire Ghosn «de corruption et de trafic d'influence».
«On parle d'une somme de 900.00 euros qui serait questionnée par la justice. C'est-à-dire plusieurs dizaines d'années de frais de représentation en une seule fois», a lâché Emmanuel Grégoire, enchaînant les expressions pour défendre Anne Hidalgo et conseillant aux élus de la droite parisienne «de balayer devant leur porte».
Le premier adjoint a même cité la parabole de la paille et de la poutre issue de l'Evangile de Saint-Matthieu : «quand on entend dénoncer la paille qui se trouve dans l'œil du voisin, il faut se méfier de la poutre que l'on a dans son propre œil». Ou encore : «quand on exige d'autrui des vertus qu'on n'a pas, c'est souvent l'occasion de se faire piéger».
«Qu'essayez-vous d'occulter ?»
Une réponse qui n'a pas plu à Aurélien Véron, rétorquant «qu'il n'appartient pas à Anne Hidalgo de faire et d'interpréter la loi, n'étant ni législateur, ni juge». «Proposer un rendez-vous dans deux semaines à Stefan de Vries est une persévérance inacceptable dans l'illégalité», s'est-il offusqué.
Et de rappeler que l'année 2017 a été l'année d'attribuation des JO à Paris : «nous nous interrogeons avec force, que s'est-il passé depuis cette campagne ? Que souhaitez-vous cacher obstinément ? Il y a eu des élections depuis, et beaucoup de Parisiens aimeraient connaître les liens éventuels que ces frais pourraient avoir avec la campagne des municipales puis celles de la présidentielle».
«Quels sont les frais de bouche, les invitations que vous essayez d'occulter ? Depuis cinq ans, quels dîners, quels hôtels avez-vous réglé ? En somme, qu'avez-vous fait qui soit à ce point douteux que vous vous acharniez à en cacher les détails ? Ce mépris lamentable face au droit doit cesser à l'heure où de nombreux Parisiens se serrent la ceinture et alors que vous avez augmenté la taxe foncière», a-t-il finalement conclu, avant d'émettre l'hypothèse que ces dépenses aient pu représenter un détournement de fonds publics.