Alors que la France se prépare à un huitième jour de mobilisation contre la réforme des retraites ce mercredi 15 mars, les autorités s’inquiètent d’une potentielle radicalisation d’un mouvement frustré de ne pas être entendu par le gouvernement.
Les journées se suivent et rien ne change. Depuis le 19 janvier, sous l’impulsion de l’intersyndicale, des millions de Français manifestent dans tout l’hexagone pour protester contre le projet de réforme des retraites du gouvernement.
Ce mercredi 15 mars marque la huitième journée de mobilisation contre le texte qui prévoit le recul de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans. Cependant, le dialogue entre les syndicats et le gouvernement ne s’est jamais réellement installé. Il s’est même tendu ces dernières semaines. En effet, le refus d’Emmanuel Macron de les recevoir «en urgence», comme ils le demandaient, n’a pas aidé à améliorer ce climat.
La situation pourrait même être de moins en moins contrôlable. Selon une source proche du dossier à CNEWS, 300 à 500 éléments radicaux pourraient venir tenter de faire dégénérer le cortège parisien ce mercredi. Les tensions entre les radicaux et le service d'ordre de la CGT pourraient ainsi être plus intenses et violentes.
«La détermination qui s'exprime dans la rue est en train de se transformer en colère», a prévenu dimanche dans le JDD Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT. «Je ne cautionne jamais la violence. Après, peut-être que ce sera une conséquence malheureuse face au mépris auquel nous nous heurtons. Il y a un ressentiment très profond dans le monde du travail», a-t-il mis en garde.
Ce fut déjà le cas le 7 mars dernier, lorsque la voiture d’un membre de SOS Médecins a été prise pour cible par des manifestants. Le principal responsable a depuis été condamné à un an de prison ferme.
Une multiplication des actes
Les autorités estiment en outre que cette journée d’action, qui se déroule la veille du vote du texte de loi à l’Assemblée nationale, pourrait entraîner des actions contre des élus favorables à la réforme.
Le 7 mars dernier, la CGT avait délibérément coupé l’électricité dans la commune d’Annonay (Ardèche), le fief du ministre du Travail Olivier Dussopt. La permanence du président Les Républicains du Sénat Gérard Larcher, dans les Yvelines, avait elle aussi été touchée par une coupure de courant.
Au-delà des élus, ces actes se sont multipliés en France. Ce mardi 14 mars, la CGT énergie a revendiqué la coupure de courant qui a eu lieu dans le centre-ville de Toulouse (Haute-Garonne), qui a touché 30.000 foyers. Le syndicat a d’ailleurs annoncé depuis plusieurs mois vouloir réaliser ce type d’actions dans le cadre du conflit qui l’oppose, elle et l’intersyndicale, à la réforme des retraites.
Un 49.3 fatal au gouvernement ?
Si le vote du texte approche à grand pas, l’idée d’un passage en force, par l’utilisation de l’article 49.3, pourrait mettre le feu aux poudres.
Laurent Berger a averti le gouvernement quant à l’usage du 49.3 et des conséquences que cela pourrait avoir sur la suite de la mobilisation. «L’appréciation de la CFDT ne sera pas du tout la même si le processus est le 49.3 ou un vote solennel», a-t-il déclaré chez nos confrères de RTL.
Même son de cloche du côté de la CGT. Lors d’une conférence de presse, la branche des Bouches-du-Rhône a, ce lundi 13 mars, annoncé une montée en puissance de la mobilisation. Olivier Mateu, le secrétaire général de l’UD CGT 13, a lui aussi prévenu fermement le gouvernement. «Si le texte venait à passer par le 49.3, il n’y aurait plus de règles pour personne, nous rentrerions dans une phase de blocage plus concrète», avait-il lancé.