Après de récentes restrictions sur l'usage des pesticides qui préoccupent les paysans, Emmanuel Macron a annoncé samedi au Salon de l'agriculture le lancement d'un nouveau plan. Il doit notamment coordonner l'action de la France avec celle de l'Union européenne.
Accorder les décisions françaises sur les pesticides sur le plan européen. En visite au Salon de l’agriculture samedi, Emmanuel Macron a voulu rassurer le secteur, en estimant que le monde paysan français ne doit pas se trouver seul à subir des interdictions. Un plan, dont les contours doivent être dévoilés lundi par la Première ministre Elisabeth Borne, doit permettre de «donner de la visibilité à nos agriculteurs (et) avoir un calendrier européen qui correspond au calendrier français».
Les mêmes exigences pour les productions non-françaises
«Pourquoi demander à nos agriculteurs des efforts que les voisins n'ont pas à faire? On a eu récemment des décisions qui sont un peu tombées trop brutalement, on a mis des agriculteurs face à des oukases, sans solution», a déclaré Emmanuel Macron. «On veut, au niveau européen, avoir une politique qui s'harmonise bien davantage», a-t-il encore souligné.
De même, «on ne peut pas ouvrir nos frontières sans avoir les mêmes exigences de qualité», a ajouté la communication de l'Elysée dans une allusion aux accords de libre-échange, avec l'Amérique latine notamment. «Ce n'est pas cohérent de dire à nos agriculteurs "faites un effort", et de voir du sucre qui vient du Brésil, avec peu de normes environnementales et des produits interdits depuis 20 ans» dans l'UE, a pointé la présidence.
Alternatives et accompagnements pour stopper certains pesticides
Le chef de l’Etat a expliqué que les agriculteurs touchés par les restrictions auront accès à «des alternatives et des accompagnements». En effet, actuellement, beaucoup d’entre eux jugent que l'éventail des pesticides (insecticides, fongicides ou herbicides) autorisés s'est excessivement réduit ces dernières années, les laissant face à des «impasses».
La présidence a évoqué sans plus de précisions «des financements publics» et une potentielle contribution des producteurs de produits phytosanitaires «qui devront nous dire à quel point ils s'investissent avec nous pour trouver des solutions».
L'Elysée a ajouté : «c'est la première fois qu'on veut mettre les agriculteurs au cœur» de la décision. Les précédents plans de réduction des pesticides agricoles étaient portés essentiellement par des «motivations» environnementales et sanitaires.
Un contexte tendu
En janvier, le gouvernement français avait été contraint de renoncer à accorder des dérogations aux producteurs de betteraves qui leur permettaient de recourir aux néonicotinoïdes, suivant une décision de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE). Cette décision était intervenue quelques semaines avant les semis de betteraves alors que les néonicotinoïdes, toxiques pour les abeilles, protègent les cultures.
Début février, quelque 500 tracteurs avaient alors défilé dans les rues de Paris, à l'appel du premier syndicat agricole, la FNSEA, pour dénoncer ce renoncement.
Le 15 février, l'Agence française de sécurité sanitaire (Anses) a également annoncé son intention d'interdire les principaux usages du S-métolachlore, un herbicide très utilisé en France, dont les dérivés chimiques ont été retrouvés dans l'eau au-delà des limites autorisées.
La France compte réduire de 50% l'usage des pesticides de synthèse d'ici à 2025.