A l'approche du premier anniversaire du conflit russo-ukrainien, le 24 février prochain, Kiev se prépare à l'une des attaques qui pourrait s'avérer être la plus dévastatrice de l'armée de Vladimir Poutine.
Une date symbolique et une offensive redoutée. Alors que Moscou a célébré, jeudi 2 février, les 80 ans de la victoire soviétique dans la bataille de Stalingrad, tournant majeur de la Seconde Guerre mondiale, à Kiev, les esprits sont déjà tournés vers le 24 février prochain qui marquera le premier anniversaire de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. A l'instar de Stalingrad, une attaque particulièrement sanglante est crainte par l'Ukraine qui s'y prépare.
Et pour cause, après une série de revers humiliants à l'automne, le Kremlin a mobilisé des centaines de milliers de réservistes ces derniers mois. Associée au groupe paramilitaire Wagner, l'armée russe a intensifié les combats, notamment pour prendre Bakhmout, ville de l'Est qu'elle pilonne depuis l'été, mais ne s'est pas arrêtée là.
Plus récemment, les forces russes ont connu un autre succès en prenant Soledar, une bourgade de l'est ukrainien. Le commandement militaire régional de Lougansk a par ailleurs averti ce jeudi que la Russie attaquait près de la ville de Kreminna et était en train de détruire trois localités voisines.
De ce fait, nombreux sont ceux qui estiment que Moscou prépare une nouvelle offensive majeure, en commençant par le ministre ukrainien de la Défense Oleksii Reznikov : «Il faut que nous aussi nous soyons prêts au plus vite, et c'est pour ça que nous avons besoin d'armes, pour contenir l'ennemi» a-t-il déclaré la semaine dernière.
«Nous ne sous-estimons pas notre ennemi. Nous voyons qu'il se prépare très sérieusement à l'offensive», a-t-il insisté. «Nous pensons qu'étant donné qu'ils vivent dans la symbolique, ils vont essayer de tenter quelque chose aux alentours du 24 février».
L'occident sollicité
Sans compter que l'armée russe pourrait vouloir attaquer avant l'arrivée sur le front des livraisons occidentales d'armement. Interrogé par La Dépêche, le directeur du média Desk Russie, Nicolas Tenzer, estime que cela pourrait constituer «une fenêtre d'opportunité» si les Russes estiment «que les Ukrainiens ne sont pas suffisamment armés avant que l'aide arrive».
Quoi qu'il en soit, si les hommes de Vladimir Poutine lancent effectivement une offensive aux alentours du 24 février, ce sera dans l'optique d'«infliger le plus de pertes possibles» dans les rangs adverses, assure Nicolas Tenzer.
Voilà pourquoi l'Ukraine est engagée dans une course contre la montre pour obtenir des armements plus puissants. Elle veut en particulier des missiles de haute précision d'une portée de plus de 100 kilomètres pour détruire les lignes d'approvisionnement russes afin de surmonter son déficit en nombre d'hommes et en armement.
Jusqu'ici, les Occidentaux ont refusé de livrer ces systèmes et des avions de combat, de crainte d'une escalade avec la Russie. Le président américain Joe Biden a toutefois indiqué qu'il allait en discuter avec son homologue ukrainien. Une société de défense américaine a également annoncé dans la foulée qu'elle souhaitait fournir deux drones de combat sophistiqués à l'Ukraine pour seulement un dollar symbolique, sous réserve d'approbation du gouvernement américain. Et le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki s'est déclaré disposé à envoyer des avions de combat de type F-16 en cas de consensus sur le sujet au sein de l'Otan.
Après de longues tergiversations, Européens et Américains ont donné leur feu vert à des livraisons de chars lourds modernes, même si leur nombre reste encore en deçà de ce que réclame l'Ukraine.
Pour faire entendre son urgence, Volodymyr Zelensky n'a pas hésité à se rendre en Europe, et plus précisément à Londres, Paris et Bruxelles, les 8 et 9 février. Lors de sa visite à Londres, mercredi, le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, lui a promis de former des pilotes de chasse «aux normes de l'Otan». Il a par ailleurs demandé à l'armée britannique d'étudier de possibles livraisons d'avions, avant de préciser que cette solution n'était envisageable qu'à «long terme».
Accueilli en héros par les eurodéputés lors d'un sommet à Bruxelles ce jeudi, le président ukrainien a réclamé des engagements concrets en réponse à ses demandes d'avions de combat. Il a insisté sur la nécessité d'«aller plus vite que notre agresseur» et évoqué des «signaux positifs», laissant entendre qu'il espérait aboutir avec certains pays. Aucune annonce concrète n'était toutefois sortie du sommet de Bruxelles à la mi-journée.
A ce sujet, Emmanuel Macron s'est contenté de temporiser, se disant «convaincu qu'il faut privilégier les livraisons utiles pour mener ces opérations et résister plutôt que les engagements qui arriveront très tard ou très loin [...] Il faut regarder ce qui est livrable à court terme».
Le président du Conseil européen, Charles Michel, a déclaré que les Vingt-Sept étaient «convaincus de l'urgence» d'agir face aux avancées de l'armée russe, un an après le début de l'invasion de l'Ukraine. Il a appelé à livrer «des munitions, de l'artillerie, des missiles, des véhicules, des systèmes de défense», sans toutefois parler d'avions.