Faute d'avoir trouvé un accord avec l'Assurance maladie, les professionnels de la biologie médicale ont annoncé une mobilisation d'ampleur en janvier.
Le mois de janvier sera «noir» pour les biologistes libéraux de France. Refusant la ponction de 250 millions d'euros par an inscrite dans le budget de la Sécurité sociale, ils ont déjà fait grève deux fois en moins d'un mois. Puisque les négociations avec l'Assurance maladie n'ont pas abouti depuis, ces professionnels ont promis, ce jeudi 15 décembre, une «mobilisation nationale d'ampleur» en janvier.
Dans un communiqué, le porte-parole de l'Alliance de la biologie médicale, Alain Le Meur, a précisé que les laboratoires d'analyse resteront ouverts pendant les fêtes «pour ne pas pénaliser les Français». Il estime que le secteur n'a en revanche pas d'autre choix que de «durcir le mouvement» face à «la position inflexible des autorités».
Rabot de 250 millions d’euros sur la biologie courante :
« La double peine c’est non, le gouvernement doit revenir à la raison ! » Nous voulons maintenir notre maillage de proximité, mais nous devons en avoir les moyens. Le SDB engagé avec l'Alliance de la biologie médicale (ABM) pic.twitter.com/IIqCRA5TEV— Syndicat des biologistes - SDBio (@SyndicatDBio) October 15, 2022
L'Alliance de la biologie médicale, qui regroupe les quatre syndicats et les grands groupes privés du secteur, a d'ores et déjà décidé de suspendre, à compter de ce 15 décembre et «jusqu'à nouvel ordre», la transmission des données de biologie sur la plate-forme Mon espace santé. Ce, avant la mobilisation de janvier qui constituera «une démonstration concrète d'un système de santé incluant une biologie au rabais».
Le gouvernement a souligné à plusieurs reprises les marges confortables des labos, qui ont enregistré des profits records durant la pandémie, grâce aux tests Covid. L'exécutif estime que cela justifie un «effort» des biologistes et a donc inscrit dans le budget de la Sécurité sociale une ponction de 250 millions d'euros par an.
Si un compromis semble en vue afin de s'accorder sur cette somme pour 2023, la négociation bloque concernant la période 2024-2026. Dans son premier projet d'accord, l'Assurance maladie propose une enveloppe de 150 millions d'euros sur trois ans, pour rembourser des «actes innovants» actuellement réservés aux hôpitaux.
10.000 emplois supprimés ?
Les montants d'économies attendus sur les autres actes ne sont toutefois pas précisés, la décision étant renvoyée à «la signature d'un protocole pluriannuel avant la fin du premier semestre».
Cette «proposition d'avenant à notre convention [...] ne répond à aucune de nos interrogations et ne reprend aucune de nos propositions, déplore l'Alliance de la biologie médicale. Pour rappel, notre profession est prête à faire une contribution exceptionnelle de 250 millions d’euros en 2023 et à accepter des baisses de tarifs entre 2024 et 2026 pour un montant total de 685 millions d’euros.»
Le projet gouvernemental, lui, prévoit une ponction d'1,3 milliard d'euros qui conduirait, selon ces professionnels, «à la fermeture d'au moins 400 laboratoires de proximité (et) à la suppression d'au moins 10.000 emplois qualifiés».
Sans rompre le fil des négociations avec l'Assurance maladie, les biologistes ont donc décidé de reprendre leurs «actions sur le terrain» afin de «montrer concrètement aux autorités le système de santé qu'elles préparent».