Dans son édito de ce vendredi 9 décembre, Agnès Verdier-Molinié, directrice de la fondation IFRAP, revient sur les inégalités scolaires.
Le sujet de la mixité et des inégalités à l’école est beaucoup rabâché en ce moment et c’est devenu même une priorité du ministre de l’Education... Mais cela résulte aussi surement du fait que d’année en année le public confirme que le niveau de ses élèves est très inférieur à celui des élèves du privé.
En 2022, les résultats qui viennent d’être publiés des élèves de 6ème notamment montrent encore une fois que les élèves du privé sous contrat ont de meilleurs résultats que les élèves du public – sans parler de ceux qui sont en REP et REP+ !
Des écarts entre public et privé ?
Là ou le public est à 52% des élèves de 6ème qui arrivent à lire correctement un texte de 200 mots et 15 lignes et seulement 43% en REP et 36 % en REP+, le privé est à 64%... Idem en mathématiques, là encore le public est 10 points derrière le privé… En nombres et calculs à 64% pour le privé de satisfaisant alors que le public est à 53%, REP à 36% et REP+ à 26%.
Bref, les élèves de 6ème du privé sous contrat ont toujours globalement de meilleurs résultats aux tests.
Inscrire son enfant dans le privee est-elle la solution ?
Ce n’est pas du tout ce qu’en concluent les autorités compétentes, au contraire, en ce moment le privé sous contrat est très attaqué car il ne serait pas assez mixte socialement, renforcerait les inégalités et concurrencerait trop le public.
En gros, les élèves du public obtiennent de mauvais résultats aux tests, cela finit par se voir et on cherche un bouc émissaire – il est tout trouvé : l’enseignement privé ! Pourtant, beaucoup de ministres ou députés, y compris le ministre de l’Éducation ont scolarisé leurs enfants dans le privé sous contrat... Cela ne manque pas de sel alors que le ministère a inventé un indice de positionnement social qui permet de classe les établissements soi-disant en fonction des catégories socioprofessionnelle des familles mais... Dont nul ne comprend exactement le calcul.
La règle du 80/20
En réalité, la solution serait de faire sauter une règle idiote qui n’est même pas dans la loi et qui veut que seulement 20% d’une classe d’âge peut être scolarisée dans le privé sous contrat : la règle du 80/20.
Cette règle surannée empêche les parents et les élèves qui le souhaitent, quelle que soit leur catégorie socio-professionnelle d’avoir des places dans le privé.
D’ailleurs, sur 96 départements, seulement 18 d’entre eux scolarisent en réalité 20% ou plus d’élèves dans l’enseignement privé (principalement en Bretagne et dans le Pays de la Loire). Les deux plus grandes académies, de Versailles (10% des élèves totaux) et de Créteil (7,9% des élèves totaux) affichent un taux en dessous des 20% d’élèves inscrits dans l’enseignement privé, respectivement -8% et -11,3%.
Alors libérerons les établissements scolaires et ouvrons des places dans le privé au lieu d’opposer enseignement sous contrat et public.
En 2017, la DEPP soulignait d’ailleurs que le choix de l’école était fortement corrélé à sa proximité avec le domicile. Or, en moyenne l’école publique la plus proche est à 670m contre 3,8km pour le privé.
Il ne sert à rien d’accuser le privé de non-mixité et de créer des algorithme qui ont vocation à masquer les manques des établissements qui ont de mauvais résultats tout en pénalisant les élèves des bons établissements