L’agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a annoncé avoir été mise en examen ce lundi 5 décembre pour «tromperie» au sujet du Levothyrox, un médicament conçu contre les problèmes de thyroïde.
Rebondissement dans l'affaire du Levothyrox. Alors que la filiale française du laboratoire pharmaceutique Merck, fabriquant du Levothyrox, a été mise en examen le 19 octobre dernier pour «tromperie aggravée» c’est au tour de l’agence nationale du médicament d’être accusée de «tromperie» pour avoir demandé, en France, la distribution de ce médicament dont la formule avait été modifiée, et dont les effets secondaires ont été très nombreux pour ses 2,5 millions de consommateurs sur le territoire.
Fin mars 2017, une nouvelle formule d’un médicament bien connu pour les troubles de la thyroïde, le Levothyrox, est fabriquée par le groupe pharmaceutique allemand Merck et administrée à plus de 2,5 millions de personnes en France, sur la demande de l’ANSM. Dans cette nouvelle formule, le même principe actif, la lévothyroxine, est utilisé, mais avec de nouveaux excipients, afin de rendre sa concentration plus stable, un élément crucial pour son efficacité.
Pourtant, très rapidement, de nombreux patients se sont plaints d’importants effets secondaires : crampes, maux de tête, vertiges, ou encore perte de cheveux. Les plaintes se multiplient et une enquête est confiée en 2018 au pôle de santé publique du tribunal de grande instance de Marseille.
L'ANSM nie toute responsabilité
«L’ANSM n’a jamais nié les difficultés rencontrées par certains patients au moment du passage à la nouvelle formule, et se préoccupe de manière constante et quotidienne de la sécurité et de la santé des patients», a de son côté assuré l’agence française qui contrôle la sécurité des médicaments, dans un communiqué publié lundi soir.
Elle «apportera sa pleine contribution à la manifestation de la vérité mais conteste fermement les reproches formés à son encontre, car aucune infraction pénale n’a été commise», estime-t-elle.
En juin 2019, l’ANSM avait mené une étude sur plus de deux millions de patients et conclu que le passage à la nouvelle formule n’avait pas engendré de «problèmes de santé graves». Pourtant l’agence est aujourd’hui visée par une action collective d’environ 1.100 plaignants, pour «défaut de vigilance et défaut d’anticipation».
En France, moins de 100.000 patients sont traités avec l’ancienne formule, importée depuis fin 2017 sous le nom d’Euthyrox. La distribution de l’ancienne formule, qui devait s’arrêter en 2020, a été prolongée au moins jusqu’à fin 2022.