Le nombre d'élèves baisse d'année en année dans les écoles maternelles et élémentaires parisiennes. Jusqu'à 4.000 écoliers manquent en effet à l'appel en cette rentrée 2022 par rapport à l'an passé, selon les chiffres de l'Académie de Paris confirmés ce lundi 21 novembre.
Si la baisse est moins forte qu'à la rentrée 2021 – où il ne manquait pas moins de 6.000 élèves par rapport à 2020 – le nombre d'élèves continue de baisser dans les écoles maternelles et élémentaires parisiennes. En dix ans, la capitale a ainsi perdu 28.000 élèves, comme le confirme l'Académie de Paris.
Une tendance ancrée
«A la rentrée, on comptait 108.538 élèves dans les écoles publiques de Paris. Soit 10.000 de moins qu'il y a deux ans», relève l'Académie, qui prévoit que la baisse «devrait être moins forte dans les trois années à venir», avec environ 3.000 élèves en moins chaque année, pour un total de «moins 9.000 élèves sur trois ans».
Et preuve que la tendance est assez ancrée, tous les arrondissements de la capitale sont concernés, avec une exception dans le 6e arrondissement, qui gagne... deux élèves. Dans le détail, c'est dans le centre de Paris que le phénomène est le plus visible, notamment dans les 1er, 7e et 9e arrondissements, qui accusent respectivement une baisse de 9,3 %, 7,6 % et 7 % de leurs élèves.
À qui la faute ?
Plusieurs raisons peuvent expliquer le phénomène, à commencer par la baisse de la natalité, qui atteint - 0,9 % dans la capitale en 2021 selon les chiffres de l'Insee, contre 0,2 % en moyenne dans la métropole.
Pour la majorité municipale, d'autres considérations rentrent en compte, comme en témoigne Patrick Bloche, l'adjoint à la mairie de Paris chargé de l'éduction, dans le JDD. L'élu évoque notamment «la réduction de l'offre locative privée due au développement des locations saisonnières» très forte à Paris Centre notamment, «la pression immobilière malgré l'encadrement des loyers» mais aussi «le désir d'aller vivre à la campagne» depuis la crise sanitaire.
Mais ces seules réalités ne suffisent pas à expliquer une telle tendance, selon l'opposition, qui estime surtout que Paris n'attire plus. «L'exode se poursuit», a par exemple immédiatement réagi Aurélien Véron, élu Paris Centre, membre du groupe Changer Paris, qui fait le parallèle entre la baisse du nombre d'élèves dans les écoles parisiennes et la fuite des familles.
«Les effectifs ne cessent de baisser», s'insurge d'ailleurs son groupe d'élus dans un communiqué, énumérant les raisons qui font justement fuir les familles selon eux : «gestion désastreuse, impôts, saleté, insécurité, cadre de vie dégradé».
Une posture politique partagée par certains Parisiens. «Pourquoi Paris compte 4.100 élèves de moins dans les écoles maternelles et élémentaires à la rentrée 2022 que l'année 2021 ?», s'interroge l'un d'entre eux sur Twitter, qui évoque la «vie chère», entre «un stationnement cher» ou «une augmentation de la taxe foncière».
Pourquoi Paris compte 4.100 élèves de moins dans les écoles maternelles et élémentaires à la rentrée 2022 que l’année 2021 ? Une vie chère, un stationnement cher, des contraventions à répétition Et maintenant une augmentation de la taxe foncière de plus de 50 %. Trop c'est trop !
— Dominique HAMDAD-VITRÉ (@HAMDADVITR1) November 20, 2022
Ce qui est sûr, c'est que chaque année, la capitale se vide de ses habitants, et ce, bien avant la crise sanitaire. Entre 2007 et 2017, l'Apur (Atelier parisien d'urbanisme) notait déjà une «légère baisse du nombre de familles à Paris», avec une préférence de plus en plus marquée pour les communes du Grand Paris. Encore bien desservies mais où l'immobilier est largement moins cher.
Pour autant, l'Académie de Paris se défend de garantir un apprentissage de qualité à ceux qui restent, et promet que «malgré la baisse de 28.000 élèves en dix ans, la dotation a tout de même augmenté de 222 emplois depuis 2012».
Et ce, comme l'explique le Rectorat, en raison du «dédoublement des classes de Grande section, CP et CE1 en éducation prioritaire», du «plafonnement à 24 du nombre d'élèves en Grande section, CP et CE1 dans le hors éducation prioritaire» et l'amélioration générale du taux d'encadrement, avec «moins de 20 élèves en moyenne par classe à la rentrée 2022».