Dans son édito de ce vendredi 18 novembre, Agnès Verdier-Molinié, directrice de la fondation IFRAP, se penche sur les risques d'une potentielle augmentation du taux de chômage dans les années à venir
Nous sommes en plein story telling du gouvernement sur le sujet du plein emploi, rappelons-nous d’ailleurs que c’était une promesse de campagne du président et qu’il compte bien dessus pour rétablir les comptes publics mais le plein emploi ne se décrète pas et il nous faut ici sonner une nouvelle fois l’alerte sur le fait que la réalité est beaucoup plus complexe : le taux de chômage pourrait repartir bel et bien à la hausse en 2023 et 2024
Beaucoup d’entreprises mettent leurs employés en chômage partiel
Encore une fois on se focalise sur une réalité qui est celle du manque de personnel et des difficultés de recrutement et elle existe bel et bien - on en avait d’ailleurs parlé sur cette antenne, mais dans le même temps on voit de plus en plus d’entreprises qui annoncent qu’elles vont réduire leur production et passer sur 4 jours de production, arrêter de produire et transférer leur production aux US par exemple où l’électricité est moins chère.
Duralex dans la verrerie a annoncé stopper la production pour 5 mois à cause de prix de l’énergie. Beaucoup d’entreprises sont en train de mettre leurs employés en chômage partiel. Ce qui se passe sur la production industrielle est très préoccupant car cela va impacter toute notre économie en 2023.
La consommation d’électricité a baissé la semaine dernière en France de plus de 5% et c’est une mauvaise nouvelle car c’est le fait des grands industriels qui ont réduits leur consommation; imaginer que l’on va produire beaucoup moins tout en faisant baisser le chômage est une illusion. Tout le monde s’attend à une croissance négative au quatrième trimestre 22 et au premier trimestre 23
Un gouvernement trop optimiste dans ses prévisions de croissance ?
Si au lieu de la croissance à 1% prévue par le gouvernement on a 0% de croissance l’an prochain, on aura un chômage qui remontera à 7,7% et si on est en récession ne serait-ce que de 0,5% sur l’année on aura un chômage fin 2023, début 2024 de 8%, donc ce n’est pas du tout la même histoire.
Avec le plan de sobriété, la moindre production des entreprises on a calculé que ce serait un impact de 0,9 sur la croissance 2023. Et nous ne sommes pas les seuls à la dire, la banque de France, mais aussi le haut conseil des finances publiques considèrent que le gouvernement est optimiste dans ses prévisions de croissance.
Donc de chômage aussi... Plus on sera dans une économie de rationnement et de pénurie, plus la croissance sera atteinte et plus le chômage remontera et moins l’objectif de plein emploi, c’est-à-dire 5% en 2027 sera atteignable. Pour créer de l’emploi il faut pouvoir produire sans énergie, sans électricité, cela devient beaucoup plus compliqué