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Paris : la résine aux pieds des arbres, une «polémique ridicule» ?

La polémique a enflé sur les réseaux sociaux ces derniers jours. La polémique a enflé sur les réseaux sociaux ces derniers jours. [© Capture d'écran @DuprDominique2]

La pratique inquiète les amoureux des arbres parisiens et de leurs fameuses grilles Davioud. Leur grief ? La pose de résine au pied de certains arbres. A tel point que certains élus d'opposition entendent questionner la majorité municipale à ce sujet lors du prochain Conseil de Paris. Celle-ci évoque ce jeudi 10 novembre une «polémique ridicule».

Le premier adjoint à la mairie de Paris Emmanuel Grégoire a qualifié ce jeudi de «polémique ridicule» le fait que plusieurs associations déplorent sur les réseaux sociaux l'utilisation de résine au pied de certains arbres parisiens, à la place des grilles Davioud. L'adjoint chargé de l'urbanisme estime en effet qu'il s'agit uniquement d'une «dizaine de cas sur la centaine de milliers de pieds d'arbres parisiens».

des recours à la résine «exceptionnels»

«C'est une polémique ridicule parce que dans le manifeste [pour la beauté de Paris, ndlr], il est inscrit que le recours à la résine peut se faire dans des circonstances exceptionnelles [...] des circonstances extrêmement particulières, notamment dans les endroits extrêmement fréquentés», explique-t-il, prenant l'exemple du boulevard Haussmann où ce choix est justifié par le risque que les nombreux passants puissent glisser sur les parterres qui existaient avant.

Sur Twitter, Dominique Dupré-Henry, co-fondatrice du collectif Aux Arbres Citoyens, énumère pourtant les sites concernés, avenue de la Motte-Picquet (15e) ou encore rue Sarrette (14e) et assure que la liste ne cesse de s'allonger, comme avenue de Suffren (7e) où l'apparition de cette résine serait assez récente. «Les grilles Davioud disparaissent au pied des arbres remplacées par des revêtements béton/résine ou des cerclages qui maltraitent les arbres et menacent leur survie», déplore-t-elle.

Et d'assurer que «cette résine-ciment-béton-grave applique des contraintes mécaniques sur le collet de l'arbre, très sensible», qui oblige l'arbre, «en réaction», à «produire des rejets de souche pour l'évacuer». «Comment une ville comme Paris qui se prétend écologique peut-elle à ce point maltraiter ses arbres ? Quel respect de la nature ?», s'interroge-t-elle encore.

Le sujet débattu au prochain conseil de Paris

Et le sujet a pris une telle ampleur que plusieurs élus de l'opposition ont décidé de déposer un vœu à ce sujet au prochain Conseil de Paris qui s'ouvre mardi 15 novembre, à l'instar du groupe Changer Paris qui exige que la Ville de Paris «renonce à employer les revêtements en résine, ciment et béton [...] à la fois inesthétiques et néfastes pour les arbres». «Nous avons besoin de nos arbres», lance à ce sujet Aurélien Véron, qui affirme ce jeudi qu'il est important «de revenir sur le sujet».

«Nous observons le recours à de la résine-béton-ciment en lieu et place des fameuses grilles Davioud qui protègent nos arbres depuis 150 ans. Or, les experts et les associations environnementales nous expliquent que ces résines ne laissent pas l'arbre respirer, se tassent et se compactent, empêchent la faune de vivre et captent la chaleur l'été», dénonce celui qui demande également des comptes à la municipalité sur l'abattage des arbres.

Un vœu sera également déposé par Maud Gatel, la présidente du groupe des élus MoDem, Démocrates et Ecologistes au Conseil de Paris, qui exige que «la Ville de Paris abandonne l'utilisation de la résine», et que les pieds d'arbres déjà réalisés en résine «soient supprimés dans les meilleurs délais».

En attendant, Christophe Najdovski, l'adjoint à la mairie de Paris chargé de la biodiversité, défend ce choix, assurant que «beaucoup de bêtises avaient été racontées». «Tous les pieds d'arbres à Paris sont perméables», a-t-il promis, faisant le distinguo entre «le stabilisé et la résine». Pour l'élu écologiste, la résine est bien une «matière perméable» utilisée au pied des arbres qui se trouvent sur les marchés alimentaires notamment pour éviter qu'ils ne soient «abîmés».

Mais pour Tangui Le Dantec, architecte qui a récemment signé une tribune dans Le Figaro à ce sujet au côté de Dominique Dupré-Henry, «ces enrobés n'étaient pas présents sur le lieu du marché Cours de Vincennes, mais sur la place de la Nation» et pire, selon lui, ils seraient loin d'être perméables. Lui parle d'un «revêtement bouché» et de «pores comblés», avant de diffuser une pétition mise en ligne sur change.org et signé par plus de 1.800 personnes appelant à remettre les grilles Davioud.

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