«Il n'y a pas eu de profiteurs de l'inflation dans l'alimentaire», a affirmé ce samedi 5 novembre le ministre de l'Economie Bruno Le Maire dans une interview au journal Le Parisien qui semble confirmer les conclusions de plusieurs rapports parlementaires.
Etude à l'appui. Bien que l’inflation des produits alimentaires tourne autour de 12 % sur un an en octobre selon l’Insee, le ministre de l’économie Bruno Le Maire l'assure : il n'y a de «profiteurs».
Pour appuyer ses propos, le locataire de Bercy fait appel aux conclusions d'une étude de l’inspection générale des finances (IGF), qu'il avait préalablement commandé. Celle-ci ne fait que confirmer les précédents résultats d’un rapport sénatorial de juillet 2022.
«La conclusion est sans appel : il n'y a pas eu de profiteurs de l'inflation dans l'alimentaire. Ni les agriculteurs ni les distributeurs, ni l'industrie agroalimentaire n'ont pris au passage de rémunération excessive», explique le numéro 2 du gouvernement.
Selon le rapport de l'IGF consulté samedi par l'AFP, «au total, la hausse des prix des produits alimentaires résulte de la combinaison de plusieurs facteurs : guerre en Ukraine, reprise post-Covid, réchauffement climatique, crise sanitaire animale et divers facteurs de nature économique (compétitivité de l’économie, pénurie de main-d’oeuvre…)».
Fin juin, le président du comité stratégique des magasins E.Leclerc, Michel-Edouard Leclerc, avait déploré que «la moitié des hausses demandées» par les industriels dans le cadre de renégociations sur le prix des denrées destinées à être vendues par les grandes surfaces n'étaient «pas transparentes» et étaient «suspectes».
Un rapport sénatorial publié le 19 juillet avait toutefois conclu qu'à l'exception de quelques «cas particuliers» il n'était pas observé de «phénomène généralisé de hausses abusives».
«l’industrie agroalimentaire a comprimé ses marges»
Quelques jours plus tard, un rapport des députés Aurélie Trouvé (La France insoumise) et Xavier Albertini (Horizons) n'avait pas davantage permis de déceler «des comportements abusifs systémiques de la part des industriels ou des distributeurs». De son côté, l'IGF a sélectionné un échantillon de douze produits alimentaires du quotidien (escalope de poulet, yaourts nature, baguette...) et a étudié l'évolution dans le temps de la marge brute des différents acteurs de la chaîne de production. L'analyse révèle d'une part «que l’industrie agroalimentaire a comprimé ses marges» et d'autre part que «la grande distribution n’a pas contribué à renchérir les prix à la consommation des produits alimentaires», démentant donc l'hypothèse d'une inflation subie uniquement par le consommateur final.
Malgré ce partage de l'effort, et une inflation inférieure en France à celle d'autres pays européens, l'IGF souligne qu'en un an, «certains produits alimentaires ont connu des hausses de prix particulièrement élevées avec par exemple +60% pour les huiles, +22% pour la farine, +20% pour les pâtes et +16% pour la volaille.»
Toujours sur la question du pouvoir d'achat, Bruno Le Maire a proposé d'organiser début 2023 une «convention sur le partage de la valeur», au sein du parti Renaissance. Même s'il réaffirme dans l'interview sa préférence pour le «dividende salarié», le ministre de l'Economie suggère d'associer au sein de cette convention «économistes, chefs d'entreprise, salariés et groupes d'opposition pour identifier des idées neuves en complément du travail engagé avec les partenaires sociaux».
Enfin, Bruno Le Maire a rappelé son intention que la France mette en place «un impôt minimum mondial sur les sociétés à 15% début 2023», si aucun accord n'intervient au niveau européen d'ici décembre. Les Pays-Bas, l'Italie, l'Espagne et l'Allemagne mettront en place une taxation nationale similaire «dans le même calendrier», conformément à un engagement pris en septembre.