Ce mardi 1er novembre, la France entame le Mois sans tabac. Une 7e édition qui coïncide avec les 30 ans de l'entrée en vigueur de la loi Evin sur l'alcool et le tabac. Mais que devient l'ancien ministre socialiste des Affaires sociales de François Mitterrand qui a donné son nom à cette législation visant à réduire la consommation de ces deux substances dans le pays ?
La loi qui porte son nom revient régulièrement dans le débat public. La France entame, ce mardi 1er novembre, la 7e édition de son Mois sans tabac. Cette opération de santé publique est menée chaque mois de novembre et ce depuis six ans et vise à «arrêter de fumer la cigarette pendant une durée de trente jours consécutifs».
Cette année, le Mois sans tabac coïncide avec les 30 ans de la loi Evin. Promulguée le 10 janvier 1991 et entrée en vigueur le 1er novembre 1992, elle doit son nom à Claude Evin, à l'époque ministre des Affaires sociales de François Mitterrand et de la Solidarité, en charge notamment des questions de santé publique.
Agé aujourd'hui de 73 ans, Claude Evin n'est plus à proprement parlé engagé en politique. Il ne détient en effet plus aucun mandat local ou national, mais reste régulièrement sollicité par la presse pour donner son avis sur les questions de santé, notamment le Covid, ou sur les grands faits d'actualité.
Ce lundi 31 octobre, il a d'ailleurs accordé une interview au Journal du Dimanche précisément pour le Mois sans tabac. Il s'est alors dit inquiet des évolutions de cette législation fustigeant «un trop grand nombre de coups portés» à celle-ci.
En 2021, il était aussi interrogé par Presse Océan sur ses rapports avec François Mitterrand, pour les vingt-cinq ans de sa disparition.
L'occasion pour lui de projeter un souvenir contrasté de son compagnonnage auprès du premier président socialiste de la Ve République, et de rendre un hommage davantage appuyé à son Premier ministre, Michel Rocard.
Avocat spécialiste des questions de santé
Pour le reste, bien que retiré de la vie politique, Claude Evin n'est pas pour autant retraité de la vie civile puisque ce juriste, avocat de formation, est depuis le 1er septembre 2016 avocat associé au sein du cabinet Houdart et Associés, spécialisés en Droit de la Santé.
Avant cela, entre 1993 et 1997, Claude Evin fut maître de conférences associé à l'Université Paris 8 puis professeur associé à l'Université de Nantes de 2007 à 2009.
Ensuite, du 1er avril 2010 à août 2015, il fut par ailleurs directeur général de la toute nouvelle Agence régionale de santé (ARS) d'Ile-de-France, structure qui, à l'instar de toutes celles installées sur le territoire, ont joué et continuent de jouer un rôle important dans la crise du coronavirus.
Successivement adjoint au maire de Saint-Nazaire, (1977-1989), porte-parole du gouvernement (1988-1989) et ministre des Affaires Sociales et de la Solidarité (1988-1991), Claude Evin reste enfin définitivement associé au département de Loire-Atlantique, puisqu'il a également régné - et cela plus de vingt ans durant sans quasiment discontinuer - sur la huitième circonscription du département en tant que député.
Au sujet de la loi Santé qui porte son nom, et qui a profondément bouleversé le quotidien des Français en interdisant notamment le tabac dans «les locaux à usage collectif» ou la vente de cigarettes aux moins de 18 ans, Claude Evin avait, en avril 2017, fait part d'un certain regret en affirmant que la loi avait «perdu de sa force» non sur le volet tabac, mais sur le volet alcool.
Dans une interview au Monde, l'ancien ministre socialiste déplorait en effet notamment qu'au cours des années 1990, des amendements aient pu rétablir la publicité par affichage de certaines boissons alcoolisées.
Car, ce faisant, le secteur de la publicité, «à la manœuvre, avec un certain nombre de provocations», fustigeait Claude Evin, avait pu, selon lui, mettre en place des campagnes d’affichage parfois «très suggestives pour les bordeaux et les bourgognes, montrant de jolies femmes dénudées et des bouteilles de vin».
Et si, par la suite, cela avait fait l'objet de contentieux et la justice avait finalement considéré que cela était contraire à la loi, ces campagnes, regrettait Claude Evin ont pu contribuer à «rouvrir le débat».
De même, en novembre 2015, soit sous la présidence de François Hollande, les députés avaient assoupli la loi Evin, en rejetant un amendement et en maintenant un article visant à distinguer la publicité sur les boissons alcoolisées, strictement encadrée, et l’information œnologique, ce qui, d'une certaine façon, pour les professionnels de santé pouvait brouiller le message.
A ce sujet, Claude Evin avait tenu à tracer une ligne claire en indiquant, par exemple, que «faire un article pour vanter les mérites de tel site en Champagne [...] ne fait pas question. Mais si l’article incite à la consommation, il est alors interdit par la loi.»