Auditionné au Sénat ce mardi 25 octobre au sujet de la sécurisation de la Coupe du monde de rugby en 2023 et surtout des Jeux Olympiques et Paralympiques en 2024, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a détaillé les dispositifs policiers qui seront mis en place durant cette période, et même dès aujourd'hui afin de faire place nette pour ces deux événements mondiaux.
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a détaillé ce mardi, devant la commission des lois du Sénat, l'action «exorbitante» qui va être mise en place dès aujourd'hui et jusqu'à la tenue en France de la Coupe du monde de rugby en 2023 et des Jeux Olympiques et Paralympiques en 2024, expliquant que les forces de police et de gendarmerie devront faire face «à 4 types de menaces» que sont «la menace terroriste», «la menace d'ordre public», «la menace cyber» ainsi que «la menace délinquante, inspiré des "faits du Stade de France"».
les salles de commandement à refaire
Dès le début de son intervention devant la commission des lois du Sénat, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé qu'une enveloppe de 100 millions d'euros sera utilisée «pour refaire la quasi-totalité des salles de commandement», «notamment celle de la préfecture de police de Paris mais aussi celle du ministère de l'Intérieur» où se retrouvent les autorités de l'Etat, au premier rang desquelles le président de la République «en cas de crise».
la coupe du monde de rugby comme répétition
Le ministre de l'Intérieur a également expliqué que la Coupe du monde de rugby, qui doit se tenir à Paris et en France du 8 septembre au 28 octobre 2023, sera pour lui «une répétition générale» durant laquelle 7.000 forces de l'ordre seront déployées tous les jours. «Il s'agit évidemment d'une moyenne», a-t-il précisé, affirmant que le déploiement ne sera pas le même le soir de la finale par exemple, où beaucoup de monde sera attendu au Stade de France.
30.000 gendarmes et policiers mobilisés
Concernant les Jeux Olympiques, qui se tiendront principalement à Paris et en Seine-Saint-Denis (93) du 26 juillet au 11 août 2024, Gérald Darmanin a évoqué une mobilisation policière «que la France n'a jamais mis en place» avec «30.000 policiers et gendarmes mobilisés chaque jour». «Rien qu'en Ile-de-France, la préfecture de police de Paris va déployer entre 12.000 et 45.000 forces de l'ordre avec un point d'orgue pour la cérémonie d'ouverture» prévue le 26 juilet au soir.
Au total, ce sont pas moins de «700 patrouilles de policiers et de gendarmes» qui seront sur le terrain, afin de «saturer l'espace public par les forces de l'ordre», visibles partout «à l’œil nu» et ce, afin d'accueillir pas moins de 10.500 athlètes sur plus de 40 sites de compétition dont 7 sont situés dans l'hyper-centre de la capitale. Un «défi logistique» pour celui que le président de la République a chargé d'assurer la sécurité de tous pendant toute la durée des JO, en dehors des épreuves en elles-mêmes.
Fin des zones police et gendarmerie
Pour cela, le patron de la place Beauvau a aussi annoncé «mettre fin, le temps des JO, à la zone entre police et gendarmerie», afin que «rien n'empêche les uns d'aller dans la zone de compétence de l'autre» et que «nous puissions ainsi utiliser mentalement et physiquement toutes les ressources là où on en a besoin».
«Cela peut s'exprimer de deux manières», a-t-il expliqué, «soit parce que nous enverrons des gendarmes en zone police pour tenir une gare ou un réseau de transport», «soit parce qu'on utilisera des policiers situés dans les territoires de province que des gendarmes remplaceront sur place le temps de la compétition».
A charge désormais aux différents préfets de région de lui rendre «d'ici à la fin du mois» la liste de tous les sites à protéger, avec des «premières propositions de sécurisation de lieux d'entraînement, mais aussi de "fan zones" ainsi que les diverses occupations du territoire autour de chacune des équipes».
élèves policiers et réservistes sur le terrain
Et si le nombre de policiers et de gendarmes ne suffit pas, Gérald Darmanin prévoit que «jusqu'à 7.000 élèves de police et de gendarmerie aujourd'hui en école», soit deux fois plus d’élèves l'an prochain et l'année suivante, pourront être mobilisés pour les JO.
A la question de savoir s'ils seront assez formés pour aller sur le terrain après seulement huit mois de formation ? Le ministre répond qu'ils seront déployés «pour de la présence qui ne sera pas la même que la police d'intervention», tout comme les «8.500 réservistes de la gendarmerie» et les «1.500 réservistes de la police nationale», bientôt formés.
report des autres événements culturels
En outre, Gérald Darmanin a réclamé «l'annulation ou le report de tous les évènements qui demandent des forces mobiles», à l'instar des grands festivals culturels et autres grands événements sportifs, citant «le Tour de France en passant par la Braderie de Lille». «Il ne s’agit pas de les interdire, mais de les décaler dans le temps», a-t-il précisé, «en cohérence avec l'argent dépensé». Tout comme il n'y aura «pas de CRS des plages cette année-là».
25.000 agents de sécurité privée
Concernant «le gros sujet» du manque d'agents de sécurité privée, alors que pas moins de 25.000 d'entre eux devront être sur le terrain pour les JO, Gérald Darmanin a évoqué la mobilisation de l'Etat, qui paiera la formation de tous les nouveaux recrutés, ainsi que la mobilisation de Pôle Emploi et des préfectures «pour appeler une par une toutes les personnes qui cherchent un emploi».
600.000 spectateurs pour l'ouverture des JO
Alors que les contours de cette cérémonie ne sont toujours pas définis, le patron de la place Beauvau a annoncé que 600.000 personnes étaient attendues pour la cérémonie d'ouverture des JO, le 26 juillet 2024. Au total, 100.000 spectateurs qui auront payé leur place se trouveront sur les quais bas, où seront installés les espaces de restauration et autres «facilities» et 500.000 autres pourront assister à l’événement gratuitement depuis les quais hauts.
Il a également évoqué la «tribune officielle» qui sera installée «aux pieds de la tour Eiffel» et où se trouveront «une très grande proportion de chefs d'Etat». «Evidemment pour nous, c'est un grand défi», a-t-il avancé, promettant le déploiement de 35.000 forces de l'ordre et 3.000 agents de sécurité privée.
5.500 opérations anti-délinquance en France
En parallèle, il a officialisé le lancement de «5.500 opérations anti-délinquance» – qui débuteront «dans les jours qui viennent» et même «dès la semaine prochaine» – dont 3.500 en Ile-de-France, et ce, afin de faire sauter les réseaux et autres points de deal «bien en amont des JO».
L'objectif du ministre ? «Un an et demi de harcèlement et de nettoyage pour que l'ensemble des spectateurs soient en sécurité». «Ce sera l'héritage des JO», a-t-il poursuivi, espérant pouvoir dire à la fin qu'«on aura été au rendez-vous de l'Histoire».
Toutes les directions de la DGSI mobilisées
Enfin, Gérald Darmanin a promis de «mobiliser toutes les directions de la DGSI [Direction générale de la sécurité intérieure, ndlr] pendant cette période très précise», alors que les menaces seront «très larges». «Nous allons avoir énormément de besoins de détection et d'exploitation de données» qui demanderont le travail de la DGSI mais aussi de l'ensemble des services de renseignement».
Le but ? «Prévenir les menaces susceptibles de viser les JO de Paris 2024», grâce à la montée en puissance des services de renseignement, la coordination renforcée au niveau national et mobilisation des partenaires étrangers.