Emmanuel Macron est attendu ce jeudi 20 octobre à Bruxelles pour un conseil européen extraordinaire consacré principalement à la crise énergétique inhérente à la guerre en Ukraine. Un sommet qui s'annonce sous tension pour le président de la République et ses homologues en raison des dissensions sur le sujet.
Une union à tenir sur le terrain énergétique. Alors que la Commission européenne a présenté mardi de nouvelles propositions pour atténuer la hausse des prix de l'énergie, les chefs d’Etat et de gouvernement des Vingt-Sept, se réunissent en sommet, aujourd'hui et demain à Bruxelles, pour examiner les différentes pistes.
Parmi elles, la révision de l'indice de la plate-forme de marché néerlandaise TTF, un baromètre utilisé comme référence dans les transactions des opérateurs gaziers dans l'UE. Calculé habituellement à partir du gaz importé par gazoduc, il a atteint des sommets en raison des interruptions des livraisons russes. Surtout, il ne prend pas en compte les importations croissantes de gaz naturel liquéfié (GNL) par navire, ce qui contribue à gonfler artificiellement les prix.
Sur la table également : des mesures pour favoriser les achats de gaz en commun à l'échelle de l'Union ou encore la mise en place d'un mécanisme garantissant automatiquement que tout pays en situation d'urgence «recevra du gaz d'autres Etats membres» en échange «d'une compensation équitable».
Le «bazooka» allemand source de crispations
Autant de mesures censées renforcer la solidarité européenne, maître mot de ce Conseil européen, mais qui risquent pourtant fort d'avoir du plomb dans l'aile, tant certains Etats semblent enclins à ramener la couverture à soi.
La décision unilatérale de l'Allemagne, le 29 septembre dernier, de créer un «bouclier énergétique» de 200 milliards d’euros est en ce sens la plus révélatrice. Baptisé «bazooka énergétique», ce dispositif pose en effet un déséquilibre entre les citoyens européens, aucun autre pays de l’Union européenne n’ayant les moyens de financer un tel plan de protection.
Le président du Conseil européen, Charles Michel, a d’ailleurs appelé les Etats membres à agir de manière plus collective dans une tribune publiée le 10 octobre. Un point de vue que partage Emmanuel Macron mais qui peine à se faire écouter.
De nouvelles aides pour l’Ukraine
Le deuxième point important qui sera abordé au cours de ces deux jours, étroitement lié à la crise de l’énergie, sera bien sûr la question de la guerre en Ukraine. Si plusieurs aides ont déjà été annoncées, le président de la République devrait notamment confirmer la livraison de six canons Caesar supplémentaires à Kiev.
A cela s’ajoute l’envoi de renforts en hommes et en matériel dans les pays de l’Est de l’Otan, un avion Rafale en Lituanie, une compagnie d’infanterie en Estonie et des chars Leclerc pour la Roumanie.
Pour apporter une réponse à l'intensification de la guerre et des annexions illégales en Ukraine, le Conseil avait adopté de nouvelles sanctions le 7 octobre, telles que le plafonnement des prix du transport maritime de pétrole russe, de nouvelles restrictions sur les échanges commerciaux avec la Russie et davantage de matériel militaire pour aider à défendre l’Ukraine.
Des relations avec la Chine à redéfinir
Enfin, à la lumière du contexte géopolitique actuel, la question de la Chine sera aussi cruciale. Il faudra trouver un accord sur le fait de savoir comment l’Europe entretiendra ses relations avec le géant asiatique à l’avenir, en marge du sommet de l’Union européenne et des pays de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) le 14 décembre prochain.
Alors que le président chinois Xi Jinping vient tout juste d'entamer son troisième mandat, ce dernier fait face à plusieurs difficultés, notamment par sa position de principal allié de Vladimir Poutine. Dans le même temps, sur le terrain économique, la Chine doit composer avec une crise de l’immobilier et sa croissance ralentit. Son attitude velléitaire vis à vis de Taiwan est également source de tensions avec les Etats-Unis et, d'une certaine façon, avec l'Europe.