Alors que l'inflation affecte le quotidien de nombreux Français, la hausse des prix de l'énergie fragilise plusieurs secteurs dont celui des pompes funèbres. Certains spécialistes estiment en effet que les crémations, qui utilisent beaucoup de gaz, risquent de coûter beaucoup plus cher aux familles, et cela dès l'an prochain.
C'est l'une des conséquences inattendues de l'inflation. L'augmentation actuelle des prix, qui touche de nombreux secteurs en France, frappe aussi celui des obsèques et plus particulièrement les crémations, dont le processus repose sur l'utilisation de gaz.
Selon une étude du comparateur de services funéraires Meilleures Pompes Funèbres (MPF), le coût de cette prestation pourrait ainsi bondir de 35 % sur les deux prochaines années, lors du renouvellement des contrats d’approvisionnement de gaz.
En hausse constante, le gaz naturel en Europe a vu son prix doubler depuis le début d'année et multiplié par 7 par rapport à début 2021 sur le marché de référence, le TTF néerlandais.
Concrètement, aujourd'hui, le montant d'une crémation s'élève à 675 euros en moyenne et pourrait atteindre 911 euros d'ici à 2024.
Face à cette situation, et pour éviter de faire peser la hausse sur des familles endeuillées, les entreprises du secteur explorent des pistes, notamment celle de s'arranger avec les communes.
En effet, les prestataires reversent une partie de leurs revenus à la municipalité dans le cadre de leur activité. En abaissant cette contribution, cela pourrait aider à faire baisser la facture de la crémation.
«La mairie nous demande de lui verser 5 % de notre chiffre d'affaires annuel. On va essayer de négocier, pour que ce soit juste pour tout le monde», a confié à CNEWS le responsable du crématorium indépendant de Dreux (Eure-et-Loir).
des crématoriums pas tous égaux face à la crise
De même, tous les crématoriums n'ont pas les mêmes armes face à la crise. Charles Simpson, auteur de l'étude MPF, explique ainsi que la hausse des coûts pourrait être plus importante pour ceux gérés par des prestataires autonomes, à l'instar du crématorium de Dreux.
«Le prix a déjà doublé cette année, on va être obligé de négocier. On est une petite entreprise, on espère qu'ils vont nous écouter», s'inquiète le dirigeant.
Pour les grands groupes, il est plus facile de négocier les contrats d'énergie. Funecap, le numéro deux des services funéraires en France, promet que sa revalorisation «ne répercutera que partiellement la hausse du coût d'approvisionnement», rapporte l'AFP.
Des familles pourraient ne plus pouvoir payer
«Si les prix augmentent trop ce n'est pas sûr que les familles puissent payer», alerte de son côté Frédérique Plaisant, présidente de la Fédération française de crémation.
Cela pourrait contraindre l'entourage du défunt à choisir entre inhumation et crémation alors qu'il s'agit d'un «choix profond» lié aux convictions de chacun.
Selon elle, une solution au niveau national serait préférable afin d'éviter une «rupture d'égalité des citoyens devant la mort». Elle appelle donc l'Etat à intervenir et les fournisseurs de gaz à faire un geste, en diminuant leurs tarifs à destination des crématoriums.