De longues files d’attente se sont formées ces derniers jours aux stations-service Total, et certaines connaissent des pénuries de certains carburants. Comment expliquer ce phénomène ?
En pleine crise de l’énergie, de nombreuses stations-service Total se retrouvent à sec. Selon le gouvernement, 15% des stations de France seraient concernées. Deux facteurs expliquent ces ruptures de stock : la première est la grève des salariés de TotalEnergies, qui dure depuis une dizaine de jours et bloque plusieurs raffineries.
À l’appel de la CGT, les salariés en grève réclament une hausse de salaire de 10%, soit 7% pour l’inflation, et 3% pour «le partage des richesse» sur les bénéfices effectués depuis le début de l’année. Cette grève peut donc avoir des conséquences sur la fréquence de livraison de carburant dans les stations-service. Interrogé par l’AFP, un gérant d’une station Total à Paris a indiqué : «Habituellement, nous sommes livrés tous les deux jours, maintenant c'est tous les trois, quatre jours», mais a dit ne pas avoir plus d’informations.
Autre facteur qui explique certaines pénuries : les carburants chez Total sont moins chers qu’ailleurs. En effet, le groupe avait mis en place dès septembre une ristourne de 20 centimes par litre, qui s’ajoute à celle de 30 centimes prévue par le gouvernement. Les clients peuvent donc trouver leur carburant 50 centimes moins cher par litre dans les stations Total, ce qui explique la forte demande. Par ailleurs, la ristourne accordée par Total va diminuer à 10 centimes à partir du 1er novembre, et certains usagers cherchent donc à se fournir rapidement en carburant avant que les prix augmentent à nouveau.
Des situations de tension localement ont amené les pouvoirs publics à prendre des décisions. En effet, la préfecture du Nord a annoncé ce jeudi libérer des «stocks stratégiques» de carburant pour réapprovisionner les stations de la région, et de donner un accès prioritaire aux transports sanitaires et professionnels de santé. Par ailleurs, pour éviter les achats «préventifs», les clients ont désormais interdiction de remplir des bidons ou jerricans pour s’assurer un stock personnel.
«Nous sommes en train de renforcer les approvisionnements pétroliers depuis la Belgique et depuis Rouen, par bateau (...). Par ailleurs, effectivement, nous avons libéré quelques stocks stratégiques pour plus rapidement venir en soutien des pétroliers», a par ailleurs annoncé la ministre de la transition énergétique Agnès Pannier-Runacher sur RMC. La France dispose d’un stock de 18 millions de tonnes de pétrole dans ses réserves stratégiques.