Face à l’importante actualité judiciaire de ces dernières semaines, les Français se questionnent sur l’efficacité de l'institution judiciaire. Selon un sondage exclusif de l’institut CSA pour l’Institut pour la Justice, 81% des sondés estiment que la justice française est trop laxiste.
Un constat partagé à gauche comme à droite. Selon une nouvelle étude de l’Institut CSA pour l’Institut pour la Justice (IPJ), un think tank classé à droite, 81% des Français estiment que la justice est trop laxiste. Un résultat très stable par rapport aux précédentes enquêtes d’opinions sur le sujet : en effet, en mai 2021, 81% des Français estimaient déjà la justice trop laxiste, selon l’institut CSA.
Plus précisément, 36% des sondés sont «tout à fait d’accord» pour dire que l'institution judiciaire française est trop laxiste, 45% sont «plutôt d’accord». A l’inverse, 2% des Français ne sont «pas du tout d’accord» avec ce constat, et 17% se rangent dans la catégorie «plutôt pas d’accord».
Globalement, les jeunes et les moins jeunes partagent la même opinion sur le sujet : 80% des moins de 35 ans jugent la justice laxiste, comme 84% des 50-64 ans et 76% des plus de 65 ans. De même du côté des proximités politiques, bien que la gauche soit un peu moins catégorique que la droite. En effet, 38% des proches du Parti socialiste estiment que l'institution judiciaire française n’est pas laxiste, contre 34% de la France insoumise. Cette proportion tombe à 24% pour les électeurs de Renaissance, puis à 8% pour ceux des Républicains et du Rassemblement national. Il n’y a même aucun débat pour les partisans de Reconquête, le parti d’Eric Zemmour, qui sont 100% à dire que la justice est trop laxiste.
La justice au bord du gouffre
La notion de laxisme a aussi récemment été reprochée aux pouvoirs publics, et notamment à la maire de Nantes, Johanna Rolland, alors que sa ville a été le théâtre de nombreux faits de violences et de délinquances ces dernières semaines. L’édile a même rencontré Gérald Darmanin pour discuter des moyens à apporter pour résoudre le problème d’insécurité de la ville.
Face aux difficultés que rencontre le système judiciaire pour fonctionner, des Etats généraux avaient été réclamés en juin 2021 par les deux plus hauts magistrats de France, Chantal Arens, première présidente de la Cour de cassation, et François Molins, le procureur général près la Cour de cassation, inquiets des «mises en cause systématiques de la justice», critiquée pour sa lenteur et accusée de laxisme par des syndicats de police et des responsables politiques.
Les conclusions de ces Etats généraux, rendus au président de la République cet été, sont claires : une «augmentation des moyens» est absolument nécessaire pour éviter «le délabrement avancé» de l’institution judiciaire. Les experts ont notamment demandé l'embauche de 1.500 magistrats supplémentaires dans les cinq prochaines années. Auditionné par le Sénat en septembre dernier, Jean-Marc Sauvé, président du comité de ces Etats généraux, a dénoncé une véritable «crise de l’autorité judiciaire» et une «crise du service public de la justice».
En réaction à ces constats, le gouvernement a annoncé le 27 septembre dernier une augmentation de 8% du budget du ministère de la Justice pour 2023, qui s’élèvera donc à 9,6 milliards d’euros.