Après une première manifestation organisée le lundi 12 septembre dernier, les livreurs Uber Eats ont décidé de battre à nouveau le pavé ce samedi 1er octobre. Ensemble, ils doivent «faire le tour de Paris» en scooter ou à vélo, pour dénoncer la désactivation de 2.500 comptes de la plate-forme de livraisons à domicile.
Alors que pas loin de «600 livreurs Uber Eats ont manifesté il y a quelques jours à Paris contre les désactivations abusives de comptes ainsi que pour leur régularisation», selon le Collectif des livreurs autonomes de plate-formes (CLAP75), une nouvelle mobilisation va être organisée ce samedi dans Paris, au départ de la place de la République (11e).
«Le 12 septembre, nous avions parcouru trois, quatre kilomètres et aggloméré quand même pas mal de livreurs, mais en fin de compte, Uber ne nous avait pas répondu. Là, on va faire quelque chose de plus massif, en parcourant une boucle d'une vingtaine de kilomètres en scooter ou à vélo», explique Jérôme Pimot, le président et co-fondateur du CLAP, qui entend «aller plus loin pour sensibiliser davantage de livreurs».
Pour y parvenir, les livreurs ont en effet prévu de faire «le tour de Paris» en scooter ou à vélo ce samedi jusqu'à la porte des Lilas, les Buttes-Chaumont, en passant par Pont de Flandres et Stalingrad avant de revenir place de la République, afin de dénoncer la suppression «abusive» de 2.500 comptes jugés «frauduleux» par Uber.
2ème manifestation de livreurs #UberEatsEnColere
Samedi 1er Octobre
Au départ de Place de la République des livreurs feront le tour de Paris, en scooters et vélos peu à peu rejoints par leurs confrères des quartiers traversés.
(Pour suivre la manif, venir véhiculé à 2 roues) pic.twitter.com/6OR5c2zON7— CLAP (@_CLAP75) September 25, 2022
Pour rappel, le 6 septembre dernier, Uber a décidé de désactiver 2.500 sur les 60.000 comptes de livreurs actifs utilisant Uber Eats en France, après avoir mené un «audit minutieux» de ces profils et découvert «des utilisations frauduleuses» de l'application. «Nous avons pris action en désactivant ces comptes tout en mettant en place une procédure d’appel à laquelle les livreurs suspendus peuvent recourir», avait alors expliqué le groupe américain, soulignant «mettre en place une procédure d’appel à laquelle les livreurs suspendus» qui le souhaiteraient pourraient «recourir».
«Nous restons ouverts à toute discussion sur le sujet de la fraude et celui de l’accompagnement des personnes en situation de vulnérabilité», avait assuré le porte-parole d'Uber, rappelant que «chaque livreur a été informé de la raison pour laquelle son compte a été désactivé et la nature de la fraude identifiée» et peut «faire appel de cette décision et demander à revoir la décision prise».
«Des désactivations arbitraires voire bâclées»
En cause notamment ? Le nombre important de livreurs sans-papiers qui travaillent au quotidien pour Uber Eats sous de fausses identités ou grâce aux papiers empruntés (ou loués pour de l'argent) à d'autres personnes en situation régulière. «C'est clairement ce qui a mis le feu au poudre», confirme Jérôme Pimot, qui assure que «beaucoup des livreurs qui se sont fait déconnecter leur compte avaient des papiers en règle». Lui évoque des «désactivations arbitraires voire bâclées».
«2.500 comptes déconnectés c'est une goutte d'eau dans l'océan d'Uber, s'ils avaient déconnecté tous les profils de sans-papiers, on serait plutôt à 35.000 désactivations», estime celui qui se bat pour la valorisation du travail des livreurs et pour leur régularisation tout simplement. Le risque selon lui ? «Que les gars virés par la grande porte reviennent par la petite porte en se faisant prêter, voire en louant des comptes jusqu'à 150 ou 200 euros par semaine». Seule solution pour ces livreurs qui ont tout perdu avec la suppression de leur compte.
Ce samedi, le CLAP espère qu'un millier voire jusqu'à 2.000 livreurs se mobilisent pour rejoindre les rangs de cette grande manifestation motorisée. L'occasion aussi, selon Jérôme Pimot, «de lancer un message à tous les livreurs de France [...] et construire quelque chose de plus long et massif sur le temps», avec l'ambition à terme que tous les livreurs soient régularisés et ce, en prenant en compte qu'ils n'auront jamais de fiches de paie, uniquement des factures.