Emmanuel Macron a lancé un appel à «acheter» et «consommer» français, afin de défendre la souveraineté de l’agriculture et de la filière alimentaire tricolore.
«La mère des batailles». Le président Emmanuel Macron n’a pas mâché ses mots ce vendredi lors d’un discours dans la Beauce, pour rappeler l’importance de défendre la souveraineté agricole et alimentaire de la France.
«Nous traversons une période très particulière, grave, difficile, qui suppose la mobilisation de tous», a alerté le chef de l’Etat en déplacement à Outarville (Loiret) aux Terres de Jim, rendez-vous annuel des jeunes agriculteurs du pays.
«Cette souveraineté agricole et alimentaire (est) absolument indispensable (...), on a besoin de tous nos compatriotes pour qu'ils comprennent que acheter français, consommer français, aimer notre agriculture, c'est la clé pour garder cette souveraineté et ne pas se réveiller demain avec la gueule de bois», a-t-il martelé, a rapporté l’AFP.
Liant son message à la situation géopolitique en Ukraine, le président a insisté sur la nécessité de «sortir de la dépendance» aux engrais et intrants de Russie et de Belarus, et de faire face à la hausse des prix de l'énergie, «qui est une arme de guerre» pour Moscou.
Un «pacte de renouvellement et d'avenir»
Avec le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau, il avait auparavant fait de sa visite un signal sur le dossier extrêmement sensible du renouvellement des générations dans le monde agricole. D’ici 2030, quelque 100.000 fermes devraient en effet changer d'exploitants. Emmanuel Macron a ainsi proposé que des consultations se tiennent dans les six prochains mois en vue de la mise en œuvre d'«un pacte de renouvellement et d'avenir pour l'agriculture», qui passera notamment par une «loi d’orientation et d’avenir agricole en 2023», qui doit elle-même fixer un cap pour 2030.
Dans le détail, il a expliqué que le but serait d’échanger «sur les sujets d'orientation, de formation, de transmission et de transition» entre le ministère de l'Agriculture, les professionnels, les régions et d’autres acteurs, afin de fixer les paramètres de la loi. Il a également indiqué qu'un «réseau d'incubateurs d'entrepreneurs d'entreprises agricoles innovantes» sera mis en place, que 20 millions d'euros seront investis pour l'enseignement agricole dans le cadre du fonds compétence de France 2030.
Il a aussi annoncé un «fonds entrepreneurs du vivant, doté de 400 millions d'euros» pour aider les jeunes à s'installer et à étaler sur plusieurs années la charge de leur labeur afin de les aider à «mener les transformations indispensables» pour s'adapter à la transition écologique.
Selon Emmanuel Macron, la préservation des terres agricoles doit être liée à la transition agroécologique avec, dans certains cas, un changement de cultures, une adaptation au climat, et le développement du «carbone-farming», c'est-à-dire développer massivement l’emprisonnement du carbone dans les sols agricoles.