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Île-de-France : face à des transports en commun «dégradés», les usagers tapent du poing sur la table

Les collectifs d'usagers déplorent une détérioration de la qualité de service dans les transports en commun franciliens. Les collectifs d'usagers déplorent une détérioration de la qualité de service dans les transports en commun franciliens.[© Aurore MESENGE / AFP]

Délais d'attente rallongés, trains supprimés et rames bondées... Le quotidien des usagers des transports en commun franciliens semble s'être dégradé en cette rentrée 2022. A tel point que certaines associations d'usagers craignent que les choses s'aggravent, si rien ne change.

Jusqu'à trente minutes d'attente avant de monter dans un bus, et parfois des trains supprimés à la dernière minute... Cet été, et encore en cette rentrée, les usagers des transports en commun franciliens ont dû prendre leur mal en patience pour faire face à ce qu'ils nomment être une «dégradation du service public» et plaident pour une prise de conscience des autorités publiques à ce sujet.

«On tire la sonnette d'alarme»

«On essaie de remettre les sujets sur le tapis parce que les problèmes ne se résolvent pas tout seul, on tire la sonnette d'alarme», explique Marc Pélissier, président de l'AUT-FNAUT Ile-de-France, qui témoigne d'un été «difficile» pour les usagers, lorsque «même les bus de substitution» de certaines lignes coupées en raison des travaux "certes nécessaires" «manquaient à l'appel».

Selon lui, la déserte est toujours «réduite sur 150 lignes de bus RATP, sur une partie des trams et des métros ainsi que sur les lignes C, N et U du Transilien» et ce, «à la demande d'Ile-de-France Mobilités pour faire des économies». Un constat partagé «avec dépit» par le collectif d'usagers Plus de Trains, qui évoque «la dégradation depuis 3 ans de nos transports franciliens» et appelle les élus à tout faire pour «rapidement "sortir de l'impasse"».

Pour Arnaud Bertrand, président de l'association Plus de Trains, le constat est également sans appel : «il y a de plus en plus d'aléas sur les trajets, des lignes très souvent fermées mais ce qui n'est pas acceptable, c'est de maintenir une offre au rabais. Attendre son métro 4 minutes au lieu de 3, ça passe, mais un bus qui passent toutes les 25 minutes au lieu de tous les quarts d'heure, cela ne nous convient pas».

«Il y a une ligne de bus sur deux qui fonctionne comme en pleines vacances scolaires [...] Sur certaines lignes, il est désormais normal d'attendre son train pendant une heure. Il y a davantage de trains pour aller à Bruxelles ou Bordeaux que pour relier l'Ile-de-France entre elle», déplore-t-il, avec pour conséquence que «les gens n'empruntent plus les transports en commun».

Depuis des mois, tous réclament le retour de l'offre pleine à 100 %, telle qu'elle était proposée avant la crise sanitaire du Covid-19. Sauf que selon IDFM, tant que la fréquentation reste inférieure à ce qu'elle était, la fréquence des trains ne retrouvera pas son rythme de l'époque. Or, «il manque toujours 20 % des usagers», rappelle l'autorité organisatrice des transports en commun, qui rétorque que «la plupart des lignes circulent à 100 %» et que «ce qui n'est pas à 100 % est devenu l'exception».

Vers une hausse des tarifs ?

Quid de l'augmentation des tarifs pour relancer les investissements et améliorer la qualité de service ? A ce sujet, même les usagers eux-mêmes se disent prêts à payer un peu plus, à la condition que cela se répercute sur le terrain. «Il ne nous semble pas déraisonnable d'avoir une hausse de 2 à 3 % des tarifs dans ce contexte où tout augmente» et ce, alors qu'«il n'y a pas eu de hausse depuis 5 ou 6 ans», relève Marc Pélissier.

«Il faut qu'on arrête de faire croire aux gens que c’est normal que les transports en commun n'augmentent pas. Aujourd'hui, ils polluent très peu et ne coûtent pas très cher [...] On est devenu un peu gâté», insiste Arnaud Bertrand. «Ce n'est pas d'actualité pour l'instant», répond-on chez IDFM, tout en concédant qu'entre la hausse du prix des matières premières et celle de l'électricité, cette question devra être très rapidement abordée. Vraisemblablement «lors du vote du budget au mois de décembre». 

Et le sentiment général des collectif d'usagers est que «rien n'a bougé». «Nous, on se dit qu'on était dans une période électorale qui n’aidait pas, que ces sujets-là avaient été mis de côté, mais maintenant qu'on a un ministre des Transports», souligne le président de la FNAUT Ile-de-France, qui dit «attendre que l'Etat et la Région travaillent ensemble pour trouver comment boucher les trous des finances d'Ile-de-France Mobilités, afin de revenir à une offre à 100 % et de relancer les investissements qui sont aujourd'hui bloqués».

Le 30 septembre prochain, lui et d'autres représentants de collectifs d'usagers devraient d'ailleurs être reçus par le nouveau ministre délégué chargé des Transports, Clément Beaune. L'occasion pour eux de faire valoir leurs intérêts et de rappeler l'importance de mettre en place un «contrat Etat-Région qui définit les gros investissemrnts pour les années à venir».

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