Alors que le stationnement des deux-roues motorisés devient payant à Paris ce jeudi 1er septembre, certains laissent exprimer leur colère face à cette mesure très contestée. Au premier rang des mécontents, les principaux concernés, les propriétaires des deux-roues, dénoncent une décision discriminatoire.
Les motards vont devoir passer à la caisse. Ce jeudi, le stationnement devient payant pour les deux-roues motorisés, qu'ils s'agissent des motos, des scooters ou encore des cyclomoteurs. Tout le monde est concerné, les Parisiens comme les visiteurs de passage, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'aucun d'entre eux ne semble satisfait de cette mesure.
«Un scooter, c'est une voiture en moins»
«Un scooter, c'est une très bonne solution en termes de mobilités», défend Jean-Marc Belotti à la veille du lancement de cette nouvelle politique. Le coordinateur Paris et petite couronne de la Fédération française des motards en colère (FFMC) souligne d'ailleurs que «dans la circulation, un scooter n'est pas un véhicule en plus, mais une voiture en moins».
Et d'ajouter : «on n'est pas là pour stigmatiser les voitures, on roule avec ce qu'on peut. Mais force est de constater qu'on voit souvent des personnes seules dans des voitures de 4 à 6 places. Nous, on arrive dans un véhicule beaucoup plus léger car optimisé avec deux places et occupé déjà à 50 % par son conducteur». «Cela permet d'optimiser l'espace public», affirme-t-il.
Selon lui, dans Paris et dans d'autres grandes villes françaises, «il y a environ 80 % de scooters pour 20 % de motos». Un ratio qu'il explique par le fait que, la plupart du temps, les automobilistes «se sont reportés vers les scooters pour avoir une meilleure mobilité». Loin d'être des passionnés du deux-roues, ce sont en effet juste des Parisiens qui ont choisi ce mode de transports pour aller plus vite.
Un Coût de plus de 2.000 euros par an
C'est le cas de Marie, qui possède un scooter depuis plusieurs années dans la capitale. Cette Parisienne, mère de famille de 32 ans, ne pourrait pas vivre sans, tellement «ça [lui] fait gagner un temps précieux». Elle, qui vit sur la rive gauche et travaille sur la rive droite, met à peine une quinzaine de minutes pour se rendre au travail en scooter, contre 35 minutes en transports en commun dont un changement de métro.
Si elle a bien profité de son scooter pendant des années, dès jeudi, elle devra payer l'abonnement résidentiel à 22,50 euros par an, auquel s'ajoutent les 4,50 euros par semaine, ainsi qu'un abonnement au parking privé situé près de son bureau – en bénéficiant du Pass 2RM – à 90 euros par mois. Soit plus de 200 euros par mois et 2.416,50 euros de dépenses en plus sur un an.
Sans compter, selon elle, qu'elle devra «encore payer le tarif visiteur si elle a un rendez-vous professionnel qui se trouverait ni dans sa zone résidentielle, ni près de son bureau». «Avec cette mesure, je dois payer une première fois pour stationner près de chez moi, une deuxième pour stationner près de mon bureau et une troisième partout ailleurs dans Paris. C'est un casse-tête, pourquoi ne proposent-ils pas un pass annuel qui permettrait de se garer partout ?», s'insurge-t-elle.
Même constat pour Marc, 40 ans, qui vit à Paris et travaille dans les Hauts-de-Seine (92). Lui se sent coincé : «le stationnement n'est payant que de 9h à 19h, quand je suis au bureau, mais je dois quand même payer l'abonnement résidentiel pour bénéficier des tarifs préférentiels le samedi». Il paiera donc son abonnement 22,50 euros et 4,50 euros par semaine pour avoir le droit de se garer autour de chez lui le week-end. Un choix rentable puisqu'au tarif visiteur, stationner son scooter lui coûterait 37,50 euros les 6 heures.
Des tarifs deux fois moins élevés que pour les voitures, mais qui restent «anormaux» pour Jean-Marc Belotti. «On va payer deux fois moins cher que les voitures, ce qui est totalement anormal puisque si l'on prend en compte la plus-value des deux-roues en termes de mobilités et de fluidité du trafic, proportionnellement on va payer beaucoup plus cher que tout le monde», explique-t-il.
«A même distance on roule beaucoup moins longtemps parce qu'on n'est pas bloqué par les embouteillages, on ne roule pas au diesel, parce que ça n'existe pas sur les modèles actuels, et sur un même emplacement de voiture, on y met 3 à 4 deux-roues motorisés», énumère le coordinateur Paris et petite couronne de la FFMC, qui prévoit déjà de poursuivre la mobilisation contre cette mesure.