Des escrocs établissent de fausses ordonnances pour des médicaments anti-cancer, dans le but de revendre ces traitements à l’étranger. Le préjudice s’élèverait, pour l’Assurance maladie, à plusieurs millions d’euros.
Que répondriez-vous si l’on vous proposait plusieurs centaines d’euros en échange d’une simple boîte de médicaments ? L’offre peut sembler plutôt rentable : une ordonnance, plus vraie que nature, mais totalement illégale, est établie à votre nom.
Un passage éclair par la pharmacie plus tard, les médicaments sont entre vos mains. Vous les échangez contre quelques billets. Et les trafiquants revendent ensuite les boîtes à l’étranger, avec une marge forcément très importante.
Trafic de médicaments
Pour obtenir une de ces fausses ordonnances, et toucher «200 à 1.000 euros», il suffirait de surveiller les publicités sur les réseaux sociaux, explique franceinfo, qui a publié une longue enquête à ce sujet.
«Seule condition requise : être remboursé à 100 % ou bénéficier de la CMU», précise franceinfo. L’idée étant, bien sûr, de récupérer les médicaments sans avancer d’argent. Ensuite, tout se passe sur des messageries cryptées.
Dans la série #YaPasDeFraude voici ce qui circule sur les réseaux sociaux ces jours-ci… Le Cartel des Fraudes version trafic de médicaments… #FraudeSociale pic.twitter.com/dQApSWqZC1
— Charles Prats APM (@CharlesPrats) August 3, 2022
L’échange est réalisé en mains propres. Les participants prêts à récupérer ces médicaments en toute illégalité touchent 200 euros par boîte environ. Les trafiquants peuvent ensuite les revendre plusieurs milliers d’euros.
Et souvent, selon l'OCLAESP, l'office central de lutte contre les atteintes à la santé et à l'environnement, si les médicaments parviennent bien à destination, ils souvent inefficaces conditions de transport déplorables oblige…
Des millions d’euros de préjudice
Il y a peu, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) alertait sur la pénurie qui touche certains d’entre eux. Alors cette arnaque tombe à un moment critique.
Cette dernière a été signalée pour la première fois fin 2019 mais serait, depuis, en très forte augmentation. Plusieurs plaintes ont ainsi été déposées par des hôpitaux concernés.
Aucun chiffre officiel n’a été communiqué par l’Assurance maladie. Mais comme le précise franceinfo, deux hôpitaux ont estimé à quatre millions d’euros le montant détourné en un an. Leur logo figurait en tête des fausses ordonnances.
Un chiffre effarant, qui laisse présager un préjudice plus important encore pour le système de soins français.
D’ici à 2024, un système de QR codes individuels sur chaque ordonnance devrait permettre de sécuriser ces transactions, et de contrer les trafiquants.