Un récent rapport sur la mort d'Yvan Colonna a mis en cause la responsabilité d'un surveillant. Pour le défendre, les syndicats ont décidé de bloquer la prison d'Arles ce jeudi.
«Personne ne pourra entrer ou sortir» de la maison centrale d'Arles (Bouches-du-Rhône) à partir de jeudi, 6h, et pour une durée indéterminée. Ce mardi 2 août, le syndicat Ufap Unsa Justice a lancé cet appel au blocage après l'annonce de procédures disciplinaires engagées contre un surveillant, mis en cause dans l'assassinat d'Yvan Colonna.
Jeudi dernier, la Première ministre, Elisabeth Borne, a en effet indiqué que des sanctions seraient prises à l'encontre de l'ex-directrice de la prison et de ce surveillant. Cette décision suivait la remise d'un rapport de l'Inspection générale de la justice (IGJ) sur la mort de l'indépendantiste corse qui soulignait des «manquements» de leur part.
Pour rappel, le 2 mars dernier, Yvan Colonna a été violemment agressé dans la salle de sport de la maison centrale d'Arles par Franck Elong Abé, 36 ans. Ce dernier purgeait alors plusieurs peines dont une de neuf ans pour «association de malfaiteurs terroriste». L'indépendantiste corse, condamné à la réclusion à perpétuité pour l'assassinat du préfet Erignac, est décédé des suites de ses blessures, après trois semaines de coma.
Selon le rapport de l'IGJ, le surveillant chargé de l'aile où se trouvait Yvan Colonna a fait preuve d'un «net défaut de vigilance» en restant «sans aucun motif» éloigné du lieu des faits, qui ont duré neuf minutes. Une analyse que les syndicats ne partagent pas.
Selon Thomas Forner, délégué Ufap d'Arles, «ce surveillant est un bouc-émissaire. Il est accusé de tout alors qu'il n'a fait que son travail au mieux de ses capacités et en respectant les consignes qui lui ont été données.» Bruno Ferrier de la CGT enchérit, assurant que «n'importe qui» à la place de ce gardien «aurait fait pareil. Il leur sert de disjoncteur.»
La faute au ministère de la Justice
Les deux formations ont prévu de s'associer à l'occasion de ce blocage prévu jeudi et, selon Thomas Forner, les autres syndicats «devraient normalement» se joindre à eux. Selon lui, le message principal à faire passer est que les fautes commises le 2 mars «viennent de l'administration pénitentiaire dans sa globalité, du ministère de la Justice».
A la prison d'Arles, «il y a un rez-de-chaussée avec deux ailes», développe le syndicaliste. Le surveillant «ne pouvait pas être au four et au moulin. Il était sur son secteur, pas parti se promener. La note de service l'oblige à faire des rondes régulières mais ne spécifie pas le temps durant lequel il doit s'absenter ou non».
Sans compter que le meurtrier d'Yvan Colonna, Franck Elong Abé, est «un détenu radicalisé, connu pour des violences» et qui «n'avait strictement rien à faire» à la maison centrale, d'après Thomas Forner. «Il n'est pas passé par le quartier d'évaluation de radicalisation et on l'a descendu du quartier d'isolement à la volonté du chef d'établissement et avec l'accord de la direction interrégionale parce qu'il ne présentait plus de risque, selon eux. On en paye aujourd'hui les conséquences», ajoute-t-il.
Le syndicaliste est en revanche plus sévère concernant la responsabilité de l'ex-directrice de la prison, elle aussi mise en cause par le rapport de l'IGJ. Evoquant des «irrégularités» et «un manque de management» dénoncés de longue date par les syndicats, Thomas Forner lâche : «Pour elle, les faits sont avérés [...] Aujourd'hui, nous défendons le surveillant, le dernier maillon de la chaîne».