Dans sa chronique économique de ce mercredi 27 juillet, Jean-Baptiste Giraud, directeur de la rédaction d'economiematin.fr, se penche sur la flambée des prix du gaz.
Le prix du gaz flambe littéralement sur les marchés. Et il s’approche très dangereusement du pic atteint en mars 2022 lors de l’attaque de l’Ukraine par la Russie, soit 215 euros le MWh.
Ce prix de 215 MWh ne nous dit rien à nous consommateurs parce que les prix du gaz sont bloqués depuis le mois d’octobre dernier, et jusqu’à la fin de l’année au moins. En revanche, il donne des sueurs froides à Bruno Le Maire, car c’est le gouvernement français, avec la cagnotte de l’Etat, qui compense la différence de prix entre le prix réel du gaz sur le marché, et le prix de vente aux consommateurs. Bercy verse tous les mois la différence aux distributeurs de gaz, au premier rang desquels Engie, l’ancien Gaz de France.
Jusqu’ici, le blocage du prix du gaz devait coûter 5 milliards d'euros aux finances publiques, c’était en tout cas les prévisions. Logiquement 5 milliards dépensé sur 6 mois devait donner une facture de 10 milliards d’euros à la fin de l’année.
Seulement voilà, si le prix du gaz continue à grimper, et objectivement, je ne vois pas comment il pourrait s’arrêter de grimper pour l’instant puisque tout le monde cherche à remplir ses stocks quoi qu’il en coûte, alors, la facture pourrait doubler, et pourquoi pas tripler... On parle donc de 15, voire 20 milliards pourquoi pas d’ici à la fin de l’année.
Bruno Le Maire, légitimement, se rebelle contre les dépenses supplémentaires que lui imposent la NUPES, le RN et LR, mais elles sont marginales par rapport au dérapage plus que probable des dépenses publiques en matière d’énergie. J’ajoute que l’Etat est lui même un très gros consommateur d’énergie. Et la facture, c’est lui qui la paye, en réalité nous, les contribuables, bouclier ou pas bouclier tarifaire.
En réalité, il faut bien comprendre que nous entrons, tous ensemble et à toute vitesse, en Terra Incognita Economica. Nos économies modernes ont été construites sur la base d’une énergie abondante et illimitée, et surtout, proportionnellement, gratuite ou quasi gratuite. Quand vous prenez le train, et que vous payez 100 euros, 5 euros seulement payent l'électricité qui fait avancer la locomotive. Dans la plupart des biens que nous consommons, la part d’énergie est marginale, autour de 5 à 10 % du prix final.
Autant dire que rien n'empêche le prix de l’énergie de doubler, tripler, quadrupler... C’est peut être supportable pour produire des barres d’acier ou des smartphones, on en consommera moins, on recyclera plus. En revanche, du gaz, de l'électricité ou du fuel 2, 3, 4 fois plus cher, cela va devenir infernal pour se chauffer, se déplacer, ou transporter des marchandises.