Les pompiers sont toujours sur le pied de guerre en Gironde mais, pour Gérald Darmanin, l'heure est déjà aux conclusions. Le ministre de l'Intérieur doit être auditionné aujourd'hui à propos des feux de forêt et la gestion de la crise par l'Etat.
Désormais fixés, les incendies de la Teste-de-Buch et de Landiras en Gironde ont néanmoins ravagé plus de 21.000 hectares et entraîné l'évacuation de quelque 36.000 personnes. Aujourd'hui, à 16h30, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, doit être auditionné par la commission des Lois à propos de ces mégafeux. Il sera notamment interrogé sur les moyens alloués à la lutte contre ces incendies, jugés insuffisants à de multiples reprises.
Au sein même de l'Hémicycle, Gérald Darmanin a été interpellé plusieurs fois au sujet d'une régression des effectifs de la sécurité civile et du nombre d'engins de secours, notamment hier, mardi 26 juillet. A chaque fois, le ministre de l'Intérieur s'est défendu en assurant que la France, avec «21 avions et 35 hélicoptères» dispose de «la plus grande flotte européenne de lutte contre le feu».
"Sur les 12 canadairs qui sont en disponibilité pour notre pays, 10 étaient ce matin prêts à décoller, 2 en maintenance et seront sans doute réparés d'ici ce soir ou demain matin", affirme @GDarmanin. #DirectAN #QAG pic.twitter.com/1KJIkocHUQ
— LCP (@LCP) July 26, 2022
Mais d'autres voix se sont élevées ailleurs, en particulier sur le pourtour méditerranéen français, pour dénoncer un manque de moyens aériens. Le président du Service d'incendie et de secours du Var, Dominique Lain, a par exemple souligné le fait que la mobilisation des avions bombardiers en Gironde mettait «en péril la couverture des départements méditerranéens».
Il n'est plus possible de «pré-positionner» des Canadair ou des hélicoptères lourds dans les zones à risque, comme c'était le cas les années précédentes, puisque ces moyens sont utilisés ailleurs. Une donnée qui inquiète les élus locaux mais aussi les responsables des services de secours et des parc régionaux.
Surtout en sachant qu'un rapport de l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae), publié fin juin, a prédit une augmentation des feux liée au réchauffement climatique. Ils devraient s'intensifier là où ils sont les plus fréquents, dans le Sud-Est notamment, mais aussi toucher les régions plus au nord, jusque-là «immunisées».
UNE FLOTTE À RENFORCER
Ce, alors même que, selon Renaud Muselier, président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, la flotte française est composée de «vieux avions dont seulement six sur 12 sont opérationnels pour des questions d'entretien ou de pièces détachées». Une information démentie par Gérald Darmanin.
Toujours hier mardi, au sein de l'Hémicycle, le ministre de l'Intérieur a déclaré : «à partir de ce matin 8h [...] sur les 12 Canadair qui sont en disponibilité pour notre pays, 10 étaient prêts à décoller». Deux sont selon lui «en maintenance» mais devraient être réparés sans délai puisque «la maintenance se fait en 24h/24 sur la base de Nîmes».
Le ministre a en outre précisé que «nous avons 24 années de parc en moyenne de vieillissement de nos Canadair». A ceux-là viennent s'ajouter les avions Dash de 10.000 litres, dont 5 sur 6 sont disponibles, ainsi que les avions de reconnaissance «Beechcraft», au nombre de trois et tous prêts à décoller ce mardi, de même que l'ensemble des hélicoptères.
En déplacement à la Teste-de-Buch le 20 juillet dernier, Emmanuel Macron avait lui aussi été interpellé par Jean-Luc Gleyze et Xavier Fortinon, respectivement présidents PS des départements de Gironde et des Landes. Tous deux avaient réclamé «une flotte plus conséquente et une répartition territoriale adaptée». Le président de la république avait alors reconnu que la France va devoir «acheter plus» d'avions de lutte contres les incendies.
Face aux plaintes, Gérald Darmanin a lui aussi concédé qu'il serait sans doute nécessaire de «réfléchir à la sécurité civile de demain face au réchauffement climatique». Il considère toutefois que ses détracteurs alimentent une «polémique» qui, selon lui, n'a pas lieu d'être.