Le préfet des Pyrénées-Atlantiques avait interdit l’opération de «blocage» des principaux axes de circulation du Pays basque prévue ce samedi 23 juillet. Pourtant, plusieurs manifestants l'ont ignoré pour réclamer la libération de deux prisonniers basques, ex-membres d’ETA.
Une interdiction ignorée. En ce jour de chassé-croisé de vacances, classé rouge par Bison Futé, de multiples points de blocage sont prévus ce samedi 23 juillet à Bayonne, à Biarritz, à la frontière espagnole mais aussi dans l’intérieur des terres. Préparée par le mouvement de défense des droits des prisonniers basques «Bake Bidea» et l'association «Artisans de la Paix», cette action vise à dénoncer la situation des prisonniers de l'ETA et demander la remise en liberté conditionnelle de Ion Parot et Jakes Esnal, anciens membres d’ETA, incarcérés en France depuis 32 ans.
Plus de 1.500 militants mobilisés malgré l'interdiction
«Cette manifestation ainsi que toute autre manifestation au Pays basque le 23 juillet sur les autoroutes, dans les gares et aux abords des gares, dans les aéroports et aux abords des aéroports est interdite» et un «important dispositif de sécurité sera déployé», avait indiqué la préfecture dans un communiqué.
Six militants des Artisans de la paix se sont pourtant bien enchaînés les uns aux autres sur le tarmac de l’aéroport de Biarritz ce samedi dès 8h30, rendant impossible les atterrissages et décollages pendant près d’une heure. L'action a tourné court avec l'intervention des forces de l'ordre qui les ont interpellés et évacués. Le trafic aérien a pu reprendre à 9h15 selon la préfecture. «Le blocage est maintenu», avait réagi vendredi soir Jean-Daniel Elichiry, porte-voix des militants, lors d’un point-presse devant la sous-préfecture de Bayonne. «Nous avons pris toutes les mesures nécessaires pour garantir la sécurité des personnes, nous y travaillons depuis des semaines».
Atterrissage et décollages impossibles pendant près d'une heure ce matin à l'aéroport de Biarritz.
Six militants des Artisans de la paix se sont enchaînés les uns aux autres sur le tarmac. Ils réclament la libération des prisonniers basques. pic.twitter.com/Kg39Hjk0uJ— air plus news (@airplusnews) July 23, 2022
Bake Bidea, le «chemin de la paix» en langue basque, qui avait initié le désarmement de l'ETA en avril 2017 et estime que le processus de paix en Pays Basque est à l'arrêt, affirme que 1.620 personnes sont mobilisées ce samedi pour mener à bien cette opération de blocage du pays basque annoncée le mois dernier. L'association se félicite «du soutien des collectivités, acteurs économiques et de la santé» et considère ces blocages comme un succès.
«Le but est atteint. Nous avons mobilisé l'ensemble du pays basque pour réveiller et interpeller Paris sur la question Jakes Esnal et Ion Parot».
Les deux ex-membres de l'ETA, aujourd'hui septuagénaires, ont été arrêtés et incarcérés en 1990, puis condamnés en 1997 à la réclusion criminelle à perpétuité avec d’autres membres d’un commando d’ETA notamment responsable de l’attentat à la garnison de Saragosse en 1987 (11 morts, dont six enfants).