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Uber Files : après les propos d'Emmanuel Macron, les critiques contre le chef d'Etat fusent

La société Uber France a confirmé la tenue de réunions avec Emmanuel Macron. [BERTRAND GUAY / AFP]

En pleine polémique liée aux Uber Files, Emmanuel Macron a assuré ce mardi 12 juillet qu’il «assumait» le rôle qu’il occupait comme ministre de l’Économie, se félicitant même de son bilan. Du côté de l’opposition, les critiques ont fusé depuis la médiatisation de cette affaire le 10 juillet dernier.

Dans le cadre des «Uber Files», une enquête reposant sur des milliers de documents internes à Uber adressés par une source anonyme au quotidien britannique The Guardian et transmis au Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) et à 42 médias partenaires, Le Monde s'est intéressé aux liens entre la société américaine et Emmanuel Macron à l'époque où il était ministre de l'Economie (2014-2016).

S'appuyant sur différents témoignages et documents, dont de nombreux échanges de SMS, Le Monde conclut à l'existence d'un «deal» secret entre Uber et Emmanuel Macron à Bercy. Le quotidien fait état de réunions dans le bureau du ministre, de nombreux échanges (rendez-vous, appels ou SMS) entre les équipes d'Uber France et Emmanuel Macron ou ses conseillers.

Ce mardi 12 juillet, Emmanuel Macron a vertement répliqué aux critiques sur ses échanges privilégiés dans le passé avec Uber, assumant son intervention et insistant sur «les milliers d'emplois» créés. «Moi je suis extrêmement fier (...), il est très difficile de créer des emplois sans entreprises ni entrepreneurs», a renchéri le chef de l'Etat. «Je le referais demain et après-demain», a-t-il insisté après une visite du site de l'entreprise STMicroelectronics près de Grenoble. De quoi faire pleuvoir, de nouveau, les réactions.

«Emmanuel Macron a passé 10 ans à vendre l'industrie française»

Jordan Bardella, le président du RN, a notamment accusé le président de la République de déstructurer l’industrie française depuis sa prise de fonction au ministère de l’Economie. «Depuis dix ans dans notre pays, Emmanuel Macron est devenu le point d’entrée d’intérêts privés et parfois étrangers qui participe à ce qu’Olivier Marleix (président du groupe LR à l’Assemblée) appelle “les liquidateurs“. Nous sommes gouvernés par des liquidateurs. Alstom, Alcatel-Lucent… Emmanuel Macron a passé 10 ans à vendre l’industrie française et à vendre la France à la découpe», a-t-il critiqué sur franceinfo.

«On ne peut pas se comporter comme un banquier d’affaires lorsqu’on est ministre de la République et manifestement, c’est ce qu’à fait Emmanuel Macron», a assuré Aurélien Pradié sur CNEWS. Le secrétaire général LR a questionné l’opinion publique sur la contrepartie offerte par le chef d’État à Uber dans le «deal» annoncé dans cette affaire.

La patronne des députés LFI Mathilde Panot a dénoncé sur son compte Twitter un «pillage du pays», Emmanuel Macron ayant été à la fois «conseiller et ministre de François Hollande et lobbyiste pour multinationale états-unienne visant à déréguler durablement le droit du travail».

Le numéro un du PCF, Fabien Roussel, a relayé des «révélations accablantes sur le rôle actif joué par Emmanuel Macron, alors ministre, pour faciliter le développement d'Uber en France», «contre toutes nos règles, tous nos acquis sociaux et contre les droits des travailleurs».

«A travers cette exemple, on voit qui sont les partenaires d’Emmanuel Macron, c’est-à-dire les grands patrons, pas les petits, puis les syndicats qui comptent “peanuts“. Ça démontre une nouvelle fois que son surnom de président des «ultra-riches» n’est pas usurpé et qu’il y a un besoin de plus de transparence dans les prises de décisions au plus haut niveau de l’Etat», a regretté Philippe Martinez sur Franceinfo.

La députée Nupes du 20e arrondissement de Paris, Danielle Simonet, a vivement critiqué le chef d’État lors de son intervention ce mardi à l’Assemblée nationale. «Uber, le géant américain de l’évasion fiscale et de la casse de notre système social, a pu s’appuyer largement sur son VRP en chef, Emmanuel Macron», a pesté la membre de LFI pendant sa prise de parole.

D'autres députés ont appelé à la constitution d'une commission d'enquête parlementaire à l'Assemblée, c'est le cas du jeune député du Val-de-Marne, Louis Boyard.

L'ELYSÉE CONFIRME

Sollicitée, la société Uber France a confirmé la tenue de réunions avec Emmanuel Macron : des rencontres qui «relevaient de ses responsabilités en tant que ministre de l'Économie et du Numérique supervisant le secteur des VTC». 

L’Elysée a également indiqué que l'actuel chef de l'Etat, au moment où il occupait le poste de ministre de l'Economie, était «naturellement amené à échanger avec de nombreuses entreprises engagées dans la mutation profonde des services advenue au cours des années évoquées, qu’il convenait de faciliter en dénouant certains verrous administratifs ou réglementaires». 

Sont pointées du doigt certaines pratiques destinées à aider Uber à consolider ses positions en France, comme le fait de suggérer à l'entreprise de présenter des amendements «clés en main» à des députés.

Dans un article du Guardian, le lanceur d’alerte à l’origine du scandale, un ancien lobbyiste d’Uber, Mark MacGann, a affirmé avoir aidé personnellement Emmanuel Macron à financer le lancement de son parti LREM en 2016. Une accusation grave qui laisse planer le doute d’un éventuel conflit d’intérêts.

De son côté, l'entreprise américaine a déclaré qu'elle ne se cherchait pas d'excuses pour son «passé», en réponse à cette enquête.

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