Deux magistrats et un enquêteur français sont arrivés ce samedi 2 juillet à Tokyo pour y mener des interrogatoires dans l'enquête instruite à Nanterre visant Carlos Ghosn, l'ex-patron de l'alliance Renault Nissan.
Nouvelle étape dans l'instruction visant Carlos Ghosn à Nanterre : deux magistrats et un enquêteur français sont arrivés samedi à Tokyo pour mener des interrogatoires au sujet des flux financiers qui auraient été ordonnés par l'ancien patron de Renault-Nissan au détriment de Renault.
Visé par un mandat d'arrêt de la justice française, l'ancien patron de Renault-Nissan est soupçonné d'avoir mis au point, entre 2012 et 2017, un schéma de blanchiment en bande organisée et de corruption, avec quatre responsables du distributeur automobile omanais Suhail Bahwan Automobiles (SBA). Il conteste ces accusations.
Des soupçons de primes et de bonus maquillés
Les deux magistrats de Nanterre - un juge d'instruction et une procureure du pôle éco-financier du parquet - et l'enquêteur de l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) doivent rester jusqu'à vendredi prochain à Tokyo pour mener des interrogatoires, a confirmé le parquet de Nanterre.
L'objectif est de savoir si ces personnes interrogées étaient «informées» des flux avec SBA considérés suspects, voire les avaient «validés», a précisé le parquet à l'AFP. Ces flux sont évalués, a minima, à 15 millions d'euros, d'après une source proche de l'enquête. Selon cette même source, des indices graves ou concordants permettent de soupçonner Carlos Ghosn d'avoir ordonné le versement de primes de Renault au distributeur SBA, «maquillées par un certain nombre d'écritures comptables tels que des bonus, des reprises sur stock», et dont une partie était ensuite envoyée sur des sociétés écrans appartenant à l'entourage de Carlos Ghosn.
La relation entre Carlos Ghosn et le fondateur de SBA, Suhail Bahwan - qui conteste les accusations - est au coeur de l'affaire: le cheikh a notamment prêté «25 millions d'euros» à Carlos Ghosn dans le contexte de «la crise financière de 2008», un prêt dont le remboursement n'est «pas demandé», selon deux sources proches du dossier.
La défense de M. Ghosn n'était pas joignable samedi. Renault, partie civile dans ce dossier, et ses avocats n'ont pas souhaité commenter.