Afin d'appuyer la nécessité de protéger le droit à l'avortement en France, Elisabeth Borne s'est rendu aujourd'hui, mercredi 29 juin, au siège du Planning familial à Paris.
La Première ministre l'a compris, la mise à mal du droit à l'avortement aux Etats-Unis suscite l'inquiétude et la colère en France. Ce mercredi 29 juin, Elisabeth Borne s'est ainsi rendu au siège du Planning familial, afin de revenir «sur l'importance de protéger le droit et l'accès à l'avortement» dans l'Hexagone.
Elle était attendue dans la matinée au siège administratif confédéral du Mouvement français pour le Planning familial, fervent défenseur du droit à l'interruption volontaire de grossesse (IVG). Elisabeth Borne était accompagnée d'Isabelle Rome, ministre déléguée chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes.
L’actualité internationale nous le prouve, les droits des femmes ne doivent jamais être considérés comme acquis.
C’est pour cela que le Gouvernement soutient l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution : le protéger est fondamental.— Élisabeth BORNE (@Elisabeth_Borne) June 29, 2022
La Première ministre a échangé avec des associations et professionnels de santé, déplorant avec eux la décision de la Cour suprême des Etats-Unis. Un «avertissement très sévère» qu'elle considère comme une «régression» et qui montre «que rien n'est jamais acquis sur les droits des femmes».
Affichant son soutien à la proposition de loi de la majorité, qui vise à inscrire le droit à l'avortement, qu'elle juge «fondamental», dans la Constitution française, Elisabeth Borne a également plaidé pour son inscription «dans la charte des droits fondamentaux au niveau européen».
Quand bien même il ne serait pas menacer aujourd'hui en France, «nous ne pouvons pas imaginer ce qu'il se passera dans les prochaines décennies», a souligné l'avocate Karen Noblinski. Avant d'ajouter : «Nous nous devons d'agir tant que ce consensus existe en France».
Sans compter que les mouvements anti-IVG sont très actifs sur internet et prospèrent à un moment où «la montée des conservatismes dans notre pays» est inquiétante, d'après Clémence Pajot, directrice de la Fédération nationale des centres d'information sur les droits des femmes et des familles.
Un accès hétérogène à l'IVG
Le risque de désinformation est important, notamment chez les jeunes qui «ne sont pas au courant de leurs droits et son influencés par ces «sites internet très bien faits qui désincitent à l'IVG».
Les professionnels de santé présents ont en outre rappelé que, sans être mis à mal comme aux Etats-Unis, l'accès à l'avortement reste hétérogène sur le territoire français. Certaines femmes sont «obligées de se déplacer de département en département» et «doivent parfois faire 50-60 km», a déploré Sarah Durocher, coprésidente nationale du Planning familial.
L'accès à «l'IVG instrumental» notamment est de plus en plus difficile d'après la gynécologue Laurence Danjou, présidente de l'association nationale des centres d'IVG et de contraception. Cette pratique s'est réduite au profit de l'IVG médicamenteuse, mais cette dernière n'est «pas indiquée pour toutes les femmes», a précisé la spécialiste.
Le «manque de professionnels» est aussi criant dans certains territoires, selon Adrien Gantois, président du Collège national des sages-femmes. «Nous avons très peur pour cet été, a-t-il alerté. Cela ne concerne pas que l'IVG mais aussi les maternités».
Les équipes du planning familial ont donc salué la volonté d'Elisabeth Borne de «sacraliser» le droit à l'IVG sans plus tarder. «Ce n'est pas quand la maison brûle qu'on prend une assurance», a résumé la présidente de la Fondation des femmes, Anne-Cécile Mailfert.