Après des législatives décevantes pour Emmanuel Macron et son gouvernement, la question d’un remaniement se pose plus que jamais, d’autant que des ministres ont été battus dans les urnes. Dès lors, quels changements pourraient avoir lieu au sein de l’exécutif ?
Le camp présidentiel Ensemble n’ayant pas obtenu de majorité absolue à l’Assemblée nationale, c’est tout le gouvernement qui se retrouve sous pression. Alors que des ministres ont été battus dans leurs circonscriptions, et ne vont donc pas garder leur portefeuille, des questions se posent sur la façon dont va se dérouler le remaniement. Sera-t-il réduit au strict minimum ou bien plus large ? Verra-t-il arriver au gouvernement des personnalités d’autres partis ? Elisabeth Borne en gardera-t-elle la tête ?
Cette dernière question semble avoir déjà été tranchée. La Première ministre a en effet remis sa démission ce mardi matin à Emmanuel Macron, qui l’a refusée, «afin que le gouvernement puisse demeurer à la tâche et agir en ces jours». Le président a cependant contourné la tradition, qui veut qu’après les élections législatives, il accepte la démission de son chef du gouvernement, afin de le renommer immédiatement pour le conforter à son poste. Faut-il y voir le signe que l’avenir d’Elisabeth Borne à Matignon n’est pas si certain que cela ? Si Emmanuel Macron venait à changer de Premier ministre, quelques semaines seulement après l’avoir nommée à ce poste, cela serait un véritable camouflet pour lui.
Le remaniement dans les prochains jours ?
Qu’il se fasse ou non sous la direction d’Elisabeth Borne, qu’il soit large ou pas, un remaniement doit forcément avoir lieu. En effet, comme l’avait indiqué la Première ministre et comme l’a confirmé le président de la République, les ministres battus lors des législatives ne peuvent pas conserver leur poste. Exit donc Amélie de Montchalin (Transition écologique), Brigitte Bourguignon (Santé) et Justine Bénin (secrétaire d’Etat à la Mer).
Les deux premiers postes sont très importants et symboliques, avec une mention particulière pour la Santé, en ces temps de Covid-19 et de crise à l’hôpital. Dès lors, il semble peu envisageable que le poste reste vacant trop longtemps. «Je pense que compte tenu de l’urgence à agir et de la détermination du président de la République et de la première Ministre, on parle ici en jours plutôt qu’en semaines», a indiqué Olivia Grégoire, porte-parole du gouvernement, lundi.
D’autant que le calendrier d’Emmanuel Macron est très serré. Il doit recevoir jusqu'à demain les responsables des oppositions, tout en se concertant avec les cadres de son camp. Il enchaînera ensuite une série de déplacements concernant la politique internationale, avec le sommet du Conseil de l’Europe jeudi, puis celui du G7 du dimanche 26 au mardi 28 juin en Allemagne, avant de se réunir avec les membres de l’Otan à Madrid, mercredi 29 et jeudi 30 juin. Autant de périodes où une annonce de remaniement semble peu probable. Ainsi, la journée de mercredi ou la fin de semaine semblent être les moments les plus propices à la présentation de la nouvelle équipe ministérielle.
Quel type de remaniement ?
Comme vu plus haut, trois postes, le ministère de la Transition écologique, celui de la Santé, et le secrétariat d’Etat à la Mer, vont être laissés vacants. La question se pose alors d’assister à un remaniement qui ne prendrait en compte que ces portefeuilles, ou au contraire à un changement bien plus vaste. Il semblerait que la première hypothèse soit la plus valable dans un premier temps, avant de compléter le gouvernement ensuite.
Reste que réaliser ces petites modifications pourrait tout de même mener à un jeu de chaises musicales plus important, car la Santé et la Transition écologique ont une place importante dans la hiérarchie du gouvernement. Il n’est donc pas impossible de voir des ministres déjà nommés ailleurs se voir attribuer ces nouvelles fonctions, plutôt qu’elles soient confiées à de nouvelles têtes. Il faudrait alors les remplacer à leur tour, entraînant plusieurs changements dans les ministères.
Une ouverture vers les autres partis ?
Sans majorité absolue à l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron et Elisabeth Borne savent qu’ils doivent désormais s’entendre autant que possible avec les partis d’opposition, notamment les Républicains. Une bonne façon de le faire est de nommer au gouvernement des personnalités qui en sont issus. «Il faut refaire l’équilibre, en rajoutant de la gauche et de la droite», indiquait ainsi une conseillère de l’exécutif à l’AFP.
Plusieurs hypothèses existent alors. La Santé et la Transition écologique pourraient tout simplement être transmis à des ministres non macronistes. Ou bien les ministères laissés libres par ceux qui auront récupéré ces deux postes seront destinés à la droite et la gauche. A ne pas oublier également que des portefeuilles n’ont pas encore été distribués (Logement, Industrie, Transports, Citoyenneté, Numérique…), et que des secrétaires d’Etat supplémentaires devraient être nommés (Ruralité, Tourisme, etc.). Des rôles qui pourront eux aussi être réservés à des personnalités issus des oppositions.