Très convoité en raison de ses multiples possibilités d’exercer un contre-pouvoir dans la Ve République, le poste de président de la commission des Finances à l'Assemblée nationale fait l’objet d’une lutte acharnée entre les deux plus grandes forces d’opposition, le RN et la Nupes, avant le vote prévu ce jeudi.
Un symbole de contre-pouvoir dans l’Hexagone. Depuis la modification apportée à la constitution française en 2008, une règle a été mise en place afin de confier le poste de président de la commission des Finances à l’opposition.
Cette fonction a une importance politique forte puisqu’elle permet de superviser les comptes de l’Etat en ayant accès aux données fiscales d’un particulier ou d’une entreprise, d’influer sur un projet de budget en fixant l’ordre du jour de la commission, de rejeter des amendements ou encore de demander l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire.
Cette position offre également davantage de visibilité sur tous les dossiers liés au pouvoir d’achat car ces derniers sont tous soumis à l’examen de cette commission. Elle permet également d’auditionner le ministre de l’Economie en cas de besoin ou encore de rendre un avis sur la nomination du gouverneur de la Banque de France.
Une bataille entre le RN et la Nupes pour le poste
Les deux principales forces d’opposition, le RN et la Nupes, s’affrontent depuis hier pour déterminer le parti politique le plus légitime pour prendre la place d’Eric Woerth.
Nous sommes le premier parti de France ! Avec les 90 députés @RNational_off, nous allons éviter la casse sociale et la saignée fiscale, endiguer l'insécurité et l'immigration incontrôlée. Nous serons la seule opposition à la politique de Macron ! @France3tv #legislatives2022 pic.twitter.com/8PzCGetwvx
— Philippe Ballard (@BallardPhilippe) June 19, 2022
Après avoir obtenu 89 députés lors du second tour des législatives dimanche, le Rassemblement national a fait savoir, par l’intermédiaire de son porte-parole Philippe Ballard sur France 3, qu’il était «le premier parti d’opposition» et donc le plus légitime pour récupérer le poste de président de la commission des Finances.
Rien de constitutionnel ! Tout du règlement intérieur de l'AN. Et ce n'est pas le + gros groupe d'opposition mais la candidature qui reçoit le plus de suffrages, les députés de la majorité ne votant pas. La #Nupes est donc la mieux placée. À quoi jouez-vous en choisissant le RN ? https://t.co/uIOSnkPmXc
— Clémentine Autain (@Clem_Autain) June 20, 2022
Clémentine Autain, la députée LFI de la 11e circonscription de Seine-Saint-Denis, a de son côté estimé que la Nupes possède un avantage sur le RN avec le vote final des députés, qui n’inclut pas traditionnellement les députés de la majorité. «Ce n’est pas le plus gros groupe d’opposition mais la candidature qui reçoit le plus de suffrages, les députés de la majorité ne votant pas. La NUPES est donc la mieux placée», a estimé Clémentine Autain sur Twitter. Cette dernière réagissait aux propos tenus par le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau sur FranceInfo, assurant que le poste revenait «constitutionnellement au premier groupe d’opposition».
Le vote des députés permettant de déterminer l’identité du futur président de la commission des Finances sera organisé le jeudi 30 juin.