Parmi les 577 députés élus ce dimanche 19 juin, certains paraissent se démarquer à leur manière, entre montée en puissance, désir de reconstruction et ambitions diverses. En voici cinq qu'il faudra suivre durant la législature.
Tematai Le Gayic, Nupes
Son nom est encore inconnu du grand public, pourtant Tematai Le Gayic, 21 ans, est devenu le plus jeune député de l'Histoire en remportant l'élection dans la première circonscription de Polynésie française, ce dimanche 19 juin.
Né en 2000 à Papeete, cet indépendantiste polynésien soutenu par la Nupes a recueilli près de 51% des voix lors de ce second tour. Il a ainsi battu son adversaire, la candidate d'Ensemble Nicole Bouteau, qui était pourtant arrivée largement en tête au premier tour (à 41,9% contre 20,1%).
À seulement 21 ans, Temetai Le Gayic (Tavini-#NUPES) devient le plus jeune député de France.
Il bat Nicole Bouteau (Tapura-#Ensemble), qui était pourtant arrivée largement en tête au premier tour (41.9% contre 20.1%).#Législatives2022 https://t.co/nnTBHJyVut pic.twitter.com/oBrL8hgpgF— Élections 2022 | #JeVote (@2022Elections) June 19, 2022
Le jeune homme milite depuis 2020 au sein du parti politique Tāvini huiraʻatira, dont la traduction française signifie «Servir le peuple», et dont l'objectif est de se diriger, à terme, vers l'indépendance de la Polynésie française.
Engagé dans un master de recherches en sciences politiques à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), Tematai Le Gayic a suspendu son cursus pour pouvoir mener campagne. Désormais député, il ne sera pas seul au Palais Bourbon puisque 2 autres membres de son parti ont été élus aux élections législatives.
Eric Ciotti, Les Républicains (LR)
Après une lourde défaite lors de l'élection présidentielle, l'objectif des Républicains pour ces législatives était de conserver un groupe à l'Assemblée. Pour certaines figures du parti, ce contexte de reconstruction de la droite constitue une occasion d'endosser le rôle de leader.
C'est le cas d'Eric Ciotti, qui l'a emporté dans la 1ère circonscription des Alpes-Maritimes face au candidat de la majorité présidentielle, Graig Monetti. Le député s'engage ainsi dans un quatrième mandat, son élection marquant localement la victoire d'une droite dite «dure» face à celle, Macron-compatible, dont se réclamait son adversaire.
Arrivé en tête du premier tour de la primaire de la droite pour l'élection présidentielle, avant de voir Valérie Pécresse l'emporter, Eric Ciotti a déjà manifesté son désir de peser davantage au sein des Républicains. Depuis 2017 il est devenu l'une des principales figures LR, notamment en tant que président de sa commission d'investiture et questeur de l'Assemblée.
Sans que cela soit confirmé par l'intéressé, on lui prête des vues sur la présidence du parti, mais aussi sur celle du groupe au sein de l'Hémicycle. Il s'inscrit dans une ligne à droite de la droite ayant notamment reçu, pour ce second tour des législatives, le soutien de Philippe Vardon, candidat malheureux à Nice investi par Reconquête. Au premier tour, le parti d'Eric Zemmour avait d'ailleurs fait le choix de ne pas opposer de candidat à Eric Ciotti.
Mathilde Panot, La France insoumise (LFI)/Nupes
Ex-salariée de Voisin Malin, une association solidaire très active dans les quartiers difficiles, Mathilde Panot est devenue une figure incontournable de La France insoumise en seulement quelques années, prenant même la tête du groupe à l'Assemblée nationale.
Candidate à sa propre succession dans la 10e circonscription du Val-de-Marne, cette trentenaire a largement gagné face au candidat de la majorité présidentielle, Philippe Hardouin (67,63% contre 32,37%).
Décrite par Jean-Luc Mélenchon lui-même comme «la meilleure présidente de groupe du monde», la jeune femme pourrait bien jouer un rôle central au sein de l'union de gauche Nupes. Si la présidence de ce nouveau groupe à l'Assemblée lui était attribuée, Mathilde Panot se retrouverait à la tête de la première force d'opposition, une formation pouvant avoisiner 170 élus.
Marine Le Pen, Rassemblement national
La leader du Rassemblement national a été largement réélue dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais, avec 62,1% des voix. Elle confirme ainsi son implantation solide dans ce territoire où plusieurs de ses très proches sont élus.
A voté. pic.twitter.com/QIL8Yk3sZ4
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) June 19, 2022
Les résultats de ce second tour montrent par ailleurs que la majorité présidentielle devra composer avec un Rassemblement national renforcé, avec 87 à 97 sièges à l'Assemblée nationale d'après les projections. Largement de quoi former un groupe parlementaire, composé d'au moins 15 députés.
Jusqu'ici le parti n'y était parvenu qu'une fois dans son histoire, de 1986 à 1988 au temps du Front national, grâce à la proportionnelle. Cette réussite place Marine Le Pen dans une position favorable, en tant que présidente probable de sa formation à l'Assemblée nationale. La promesse, pour elle et son parti, de bénéficier de davantage de moyens et de temps de parole.
Rachel Kéké, La France insoumise/Nupes
Porte-parole de la longue grève des femmes de chambre de l'Ibis Batignolles, Rachel Kéké, 47 ans, est une députée au parcours atypique. Lors de ce second tour, cette candidate issue de la société civile s'est imposée dans la 7e circonscription du Val-de-Marne, face à l'ex-ministre des Sports Roxana Maracineanu.
Entre 2019 et 2021, cette militante CGT s'est mobilisée pour améliorer les salaires et les conditions de travail des femmes de ménages face au «mépris» de la direction. Rachel Kéké a continué à travailler comme femme de chambre dans cet hôtel pendant le début de sa campagne, avant de prendre un congé pour se consacrer pleinement aux législatives.
Mère de cinq enfants, elle est née au nord d'Abidjan, en Côte d'Ivoire, et est arrivée en France en 2000, avant d'être naturalisée en 2015. Rachel Kéké a d'abord travaillé en tant que coiffeuse avant d'entrer dans l'hôtellerie. Elle vit désormais aux Sorbiers, à Chevilly-Larue (Val-de-Marne).
Souhaitant porter la voix des travailleurs «invisibles», la députée entend «secouer le cocotier» à l'Assemblée. Elle se définit comme «féministe», «défenseuse des gilets jaunes» et ne se laisse pas impressionner par ceux qui lui reprochent son manque de formation.
«On connaît le niveau d'une femme de chambre, on sait que je n'ai pas de Bac+5», avait-elle expliqué à l'AFP. «Je dis ce que je ressens. Si on me pose une question sur quelque chose que je ne comprends pas, je ne répondrai pas. Il faut que les médias s'habituent à ça».