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Législatives 2022 : Majorité, Premier ministre, abstention… Les enjeux du scrutin

L'hémicycle de l'Assemblée nationale devrait changer de visage. [STEPHANE DE SAKUTIN / AFP]

Les élections législatives, dont le premier tour se déroule ce 12 juin, s'annoncent plus incertaines que jamais. D'ordinaire simple formalité pour la majorité présidentielle, le scrutin pourrait réserver des surprises, notamment en raison de la forte poussée de l'alliance de gauche Nupes dans les sondages.

majorité à l'Assemblée : la grande inconnue

Réélu pour un second mandat, Emmanuel Macron espère obtenir la majorité absolue à l'Assemblée nationale (289 sièges) pour faire passer ses réformes sans blocage de l'opposition. 

Ce scénario, traditionnel depuis l'instauration du quinquennat, pourrait cependant ne pas se réaliser. La gauche ravivée par l'alliance Nupes (LFI, PS, EELV et PCF) bénéficie d'une forte dynamique tandis que le mouvement présidentiel Ensemble (LREM, MoDem, Horizons) a peiné à convaincre durant la campagne. 

Freinée par les polémiques (affaire Damien Abad, incidents du Stade de France, déclaration d'Elisabeth Borne sur le handicap...), la majorité a tiré à boulets rouge sur la Nupes, faisant de Jean-Luc Mélenchon l'opposant numéro 1 à Emmanuel Macron.

Selon un sondage Ipsos Sopra Steria pour France TV publié jeudi, la coalition de gauche devance légèrement les macronistes en intentions de vote et pourrait mettre en péril leur majorité absolue en nombre de sièges.

Si le mouvement présidentiel n'obtenait qu'une majorité relative (moins de 289 sièges), il serait condamné à nouer de nouvelles alliances pour faire voter ses projets de loi, avec Les Républicains par exemple.

Premier ministre : le rêve de Jean-Luc Mélenchon

C'est le coup politique de la campagne. Sans être candidat, Jean-Luc Mélenchon a demandé aux Français de l'«élire Premier ministre», faisant des élections législatives un «troisième tour».

Si les électeurs ne votent pas pour choisir le Premier ministre, ils peuvent en effet contraindre Emmanuel Macron à nommer le leader Insoumis en envoyant à l'Assemblée nationale une majorité de députés de la Nupes. On assisterait alors à une cohabitation inédite depuis l'instauration du quinquennat.

Bien que selon la Constitution, c'est le président de la République qui choisit le Premier ministre, Emmanuel Macron serait sous pression en présence d'une majorité de gauche.

En effet, s'il persistait à laisser Elisabeth Borne en poste, la majorité pourrait renverser le gouvernement de deux manières. Soit en votant contre à la question de confiance posée lors de la déclaration de politique générale du Premier ministre, soit en déposant une motion de censure.

Ce scénario est toutefois très peu probable. Aucun sondage n'a annoncé de majorité de gauche le 19 juin prochain.

abstention : un nouveau record ? 

Selon la dernière enquête d’Ipsos Sopra-Steria pour le Cevipof, la Fondation Jean-Jaurès et Le Monde publiée mercredi, l’abstention pourrait atteindre dimanche entre 52 % et 56 %, au-delà donc des 51,3 % du 11 juin 2017, précédent record pour un premier tour de législatives.

 

A compter de 1997, l'abstention lors des élections législatives n'a cessé d'augmenter, passant progressivement à 35,58% au premier tour de 2002 pour atteindre 39,56% en 2007, 42,78% en 2012 et enfin 51,30% en 2017.

Le constat reste le même pour les seconds tours des élections : 39,68% d'abstention en 2002, puis 40,01% en 2007, 44,66% en 2012 et enfin 57,36% en 2017, actuel record d'abstention pour des législatives. Le désintérêt des Français pour le scrutin de 2022 pourrait faire une nouvelle fois chuter la participation. 

ministres candidats : attention aux pièges

Quinze membres du gouvernement sont engagés dans la campagne des élections législatives : Elisabeth Borne (Calvados), Gérald Darmanin (Nord), Amélie de Montchalin (Essonne), Brigitte Bourguignon (Pas-de-Calais), Olivier Dussopt (Ardèche), Damien Abad (Ain), Marc Fesneau (Loir-et-Cher), Stanislas Guérini (Paris), Clément Beaune (Paris), Olivia Grégoire (Paris), Yaël Braun-Pivet (Yvelines), Gabriel Attal (Hauts-de-Seine), Franck Riester (Seine-et-Marne), Olivier Véran (Isère), Justine Bénin (Guadeloupe).

Certaines circonscriptions sont plus compliquées que d'autres, notamment celles qui ont plébiscité Marine Le Pen au premier tour de l'élection présidentielle. Franck Riester dans la 5e circonscription de Seine-et-Marne, Damien Abad dans le 5e de l'Ain, Brigitte Bourguignon dans la 5e du Pas-de-Calais et Justine Bénin dans la 2e de la Guadeloupe sont concernés.

Dans la 6e circonscription de l'Essonne, Amélie de Montchalin devra elle faire face à des électeurs qui ont majoritairement choisi Jean-Luc Mélenchon en avril dernier. Clément Beaune est également dans une position délicate. Il participe à sa première élection dans la 7e circonscription de Paris, où la candidate Nupes fait figure de favorite.

Ces candidats risquent gros car l’Elysée a confirmé que les ministres nommés dans le gouvernement d’Elisabeth Borne devront démissionner en cas de défaite les 12 et 19 juin prochains.

droite et extrême droite : à la recherche d'un nouveau souffle

Eclipsées médiatiquement par le duel entre Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon, la droite et l'extrême droite veulent aussi peser dans le scrutin.

Après le fiasco de la présidentielle à laquelle ils n'ont reçu que 4,8% des voix, Les Républicains (LR) de Christian Jacob espèrent «créer la surprise» aux législatives. Le président du parti mise sur «l'ancrage local» de sa formation pour s'imposer. LR ne sera «certainement pas» un «marchepied» de la future majorité, a-t-il assuré.

Au Rassemblement national (RN), Marine Le Pen veut convaincre ses électeurs de se rendre aux urnes pour surmonter la déception générée par sa défaite à la présidentielle, malgré un score inégalé de 41,5% des voix. Mais comme en avril, le RN risque d'être confronté à un barrage républicain au second tour.

Peu en vue depuis l'élection présidentielle, le parti Reconquête d'Eric Zemmour participera à ses toutes premières élections législatives. En l'absence d'alliance avec le RN, le scrutin s'annonce compliqué pour l'ex-candidat à la présidentielle, arrivé en quatrième position avec 7,07% des voix. Reconquête risque fort de ne pas obtenir les 15 députés nécéssaires à la constitution d'un groupe parlementaire à l'Assemblée nationale.

Retrouvez tous les résultats des législatives ville par ville sur CNEWS à partir de ce dimanche à 20h.

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