Dans son édito de ce vendredi 10 juin, Agnès Verdier-Molinié, directrice de la fondation IFRAP, revient sur l'annonce de la hausse des taux de la BCE pour la première fois depuis plus de dix ans.
Il a fallu que la BCE confirme qu’elle va augmenter ses taux en juillet puis en septembre puis en début d’année prochaine pour que tout le monde se pose la question de l’impact de la remontée des taux alors que ce sujet aurait dû être au cœur de la campagne présidentielle par exemple.
On s’est voilé la face pendant des mois et les mêmes qui disaient que l’inflation serait momentanée disent maintenant qu’ils sont très inquiets de cette inflation «durable», «débridée» et «indésirable». La BCE et les gouvernements de la Zone Euro auraient dû réagir bien avant, remonter les taux et prévenir qu’il fallait anticiper un retournement de situation.
Car il était certain qu’avec les dépenses publiques qu’on a eues, la planche à billets qui a marché à fond, on allait avoir de l’inflation et que la BCE ne pourrait pas maintenir ses taux éternellement à 0 et continuer à racheter massivement des dettes publiques donc on aurait pu anticiper ce sujet.
Au lieu de cela, on a procrastiné tout en continuant à dépenser sans compter de l’argent que nous n’avons pas en endettant la France et les Français tout en croyant que cela continuerait à nous coûter pas cher voir rien – encore en 2021 la dette a augmenté de 165 milliards d’euros ! Et on continue à faire gonfler la dette en 2022 alors que les taux montent déjà sur la dette de la France.
Avant même que la BCE ne relève ses taux et arrête de racheter de la dette publique française, le taux à 10 ans de la France est déjà à 1,8% alors qu’il était encore négatif il y a un an et le taux à 30 ans est à 2,4%. Rien qu’en 2022, nous avons déjà 8 à 10 milliards de plus en charge de la dette et ce n’est que le début.
On s’était habitués à dépenser et s’endetter toujours plus en payant toujours moins de charge de la dette et c’est définitivement fini. La charge de la dette était à 30 milliards, elle serait selon nos projections de la Fondation iFRAP de plus de 100 milliards en 2027 et encore dans un scénario qui n’est pas le pire en termes de taux et d’inflation avec 4 % sur la dette à 10 ans en 2027 et une inflation autour de 3% en moyenne sur la quinquennat.
C’est une alerte sur la charge de la dette, nous devons tout de suite réfléchir au plan de rétablissement de nos comptes publics si nous ne voulons pas voir devenir infinançable le poids de notre dette publique.