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Île-de-France : l'AP-HP manque de personnels, les services spécialisés menacés de fermeture

Le manque de personnels soignants contraint les hôpitaux à fermer leur service. Le manque de personnels soignants contraint les hôpitaux à fermer leur service. [© Martin BUREAU / AFP]

Les hôpitaux manquent de personnels et les congés d'été risquent de venir aggraver cette situation. Alors qu'il manque jusqu'à 1.400 personnels soignants dans les établissements franciliens selon le directeur général de l'AP-HP Martin Hirsch, certains services spécialisés de l'AP-HP tentent coûte que coûte d'éviter la fermeture.

«Il nous manque 1.400 infirmièr(e)s par rapport à ce qu'on aimerait avoir», a ainsi annoncé le directeur général de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) ce lundi 30 mai, sur France Inter, soulignant que cela correspondait à «1.000 infimièr(e)s de moins qu'il y a un an» et «400 postes supplémentaires qu'on voulait créer et qu'on n'a pas pu créer».

«Cette drogue douce de l'intérim»

Des infirmièr(e)s «qui ont changé de métier, qui sont parti(e)s dans le privé, qui sont parti(e)s en province, qui ne sont pas venu(e)s travailler après la diplomation de l'été dernier» selon Martin Hirsch, qui regrette également que beaucoup de ces infirmièr(e)s «utilisent cette drogue douce de l'intérim qui nous met dans une situation absolument terrible».

Empêcher les jeunes diplômés de s'installer comme intérimaire : c'est justement «la première mesure à prendre» pour résoudre le problème selon lui. «L'intérim, ça veut dire : "je fais le choix de travailler quand je veux, quand je peux, payé trois fois plus que les autres», explique le patron de l'AP-HP, qui souligne que cela «fout en l'air l'ambiance» au sein des équipes.

Une situation compliquée que confirme le Dr Marion Malphettes, praticien hospitalier dans le service d’immuno-pathologie clinique de l'hôpital Saint-Louis, qui se demande «pourquoi jeter l'argent par la fenêtre» en «dépensant plein d'argent» pour recruter des infirmièr(e)s en intérim. 

«C'est tout un système qui ne fonctionne pas du tout [...] et qui soutient cette précarité. Rien n'est fait pour fidéliser les anciens, on leur refuse des primes, on les fait passer après les intérimaires», témoigne-t-elle, assurant que «même parmi les plus dévoués et les plus motivés, certains commencent à regarder ailleurs dans le privé».

Un service mobilisé 

Avec son équipe, elle s'est récemment mobilisée pour sauver le service d'immuno-pathologie clinique interpellant notamment les deux candidats – Emmanuel Macron et Marine Le Pen – au second tour de l'élection présidentielle, afin que «la pénibilité du travail de nuit et ses répercussions» soient enfin prises en compte.

Une action symbolique qui a permis selon elle «d'éteindre le petit incendie, mais pas le feu de forêt derrière». «Grâce à ce rassemblement, il y a eu des efforts financiers notamment pour inciter les infirmièr(e)s de jour à accepter les gardes de nuit, contre une prime de 450 euros brut pour un "mois de nuit" et la possiblité de signer un contrat de 20h d'heures supplémentaires majorées», explique celle qui rappelle que cela n'empêche certaines infirmièr(e)s de se retrouver «seule face à 20 patients».

Toujours mobilisée, elle vient de lancer une mini-web série appelée «Mur de blouses» sur Youtube avec l'autrice Belisa Jaoul. Ensemble, elles mettent en scène des soignants et des épisodes de leur vie pour sensibiliser l’opinion publique à «la dégradation de l'hôpital public». Un moyen aussi de dédramatiser leur quotidien, avec humour parfois, comme lorsque les deux femmes ont reçu une fausse Palme d'Or.

Mais consciente de sortir un peu de son droit de réserve, cette hématologue préfère défendre l'avenir de son service, plutôt que de risquer de le voir fermé. Une mobilisation en «dernier recours» pour sauver un service de pointe, qui accueille des patients venus des Antilles ou encore du sud de la France pour se faire soigner dans les meilleures conditions.

Et elle n'est pas la seule à s'inquiéter. Le Pr Rémi Salomon, président de la conférence médicale des Hôpitaux de Paris (AP-HP), a lui-même récemment tiré la sonnette d'alarme. «On a un risque imminent de rupture d'accès aux soins. C'est déjà en train de se produire et ça risque de s'aggraver de manière assez considérable pendant l'été, au moment des congés», s'est-il ainsi sur FranceInfo la semaine dernière.

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