Dans le Val-de-Marne, le duel de la 7e circonscription se dessine : d’un côté la figure de la lutte des femmes de chambre de l’Ibis Batignolles, Rachel Kéké, et de l’autre, Roxana Maracineanu, ancienne ministre et championne de natation.
Deux profils bien distincts. Avec les législatives, la 7eme circonscription du Val- de-Marne voit émerger deux figures féminines : Rachel Kéké, qui a lutté pour les conditions de travail des femmes de chambre, face à Roxana Maracineanu, l'ancienne ministre des Sports et championne de natation.
Dans cette circonscription plutôt populaire, Jean-Luc Mélenchon est arrivé en tête au premier tour de la présidentielle et la Nupes. Le parti a décidé d'investir Rachel Kéké, syndicaliste franco-ivoirienne qui a commencé à s'imposer dans le paysage politico-médiatique lors de la longue grève des femmes de chambre l'hôtel Ibis Batignolles, à Paris.
«On a obtenu 99 % de toutes nos revendications !», a-t-elle rappelé la semaine dernière depuis le quartier des Sorbiers, une cité de Chevilly-Larue où elle habite.
Dans cette circonscription, qui comprend notamment le marché de Rungis, le député sortant Jean-Jacques Bridey (LREM) ne se représente pas, hospitalisé pour de graves problèmes de santé.
Rachel Kéké, candidate déterminée
La majorité a donc investi Roxana Maracineanu, ancienne ministre déléguée aux Sports. «Tu n'habites pas les quartiers populaires, que viens-tu faire ici ?!», lui a lancé Rachel Kéké lors de son lancement de campagne, sous les applaudissements des militants. Pour la syndicaliste CGT, cette élection est un «deuxième combat à mener», après celui de l'Ibis Batignolles, en attendant «le troisième, à l'Assemblée».
Lors du lancement de sa campagne à Chevilly-Larue, la candidate a notamment pu compter sur la présence de Mathilde Panot, la présidente du groupe LFI à l'Assemblée, qui se présente également dans le Val-de-Marne.
Malgré son manque d'expérience en politique, Rachel Kéké ne nourrit aucun complexe face à l'ancienne championne de natation, forte de ses quatre ans passés au ministère.
«Je vais l'écraser ! Je vous jure, je vais la battre, explique-t-elle à l'AFP. Elle a été ministre, elle est rassasiée, que vient-elle chercher ? Laisse-nous, nous qui sommes dans les bas quartiers, dans les métiers essentiels, laisse-nous aller nous défendre à l'Assemblée».
«Vision plus nationale»
Un discours trop caricatural, se défend Mme Maracineanu, qui met en avant sa double culture franco-roumaine et son propre «parcours inspirant» d'ancienne réfugiée.
«Rachel Kéké ne me connaît pas : mes parents sont arrivés en France avec deux valises. On a dormi dans la voiture, habité dans des quartiers populaires à Mulhouse ou Blois… On a un parcours assez ressemblant», détaille-t-elle à l'AFP.
L'ancienne ministre, qui entend notamment se baser pour sa campagne sur son travail effectué au ministère des Sports doit également se défendre contre les attaques venues de sa droite.
Ainsi, Vincent Jeanbrun, maire Les Républicains de L'Haÿ-les-Roses et proche de Valérie Pécresse, se présente comme le local de l'étape.
Il a ainsi accueilli Roxana Maracineanu en lui offrant un plan de sa ville, pour dénoncer un «parachutage». Selon lui, «elle est ancienne élue de Clamart et était conseillère régionale PS des Hauts-de-Seine», tacle-t-il auprès de l'AFP. Des propos auxquels l’ancienne championne rétorque : «En Ile-de-France, on partage les mêmes préoccupations, qu'on habite à Clamart, comme moi, ou ici. Il faut avoir une vision plus nationale, être député ce n'est pas être maire».
Une «gauche racialiste et wokiste»
Pour jouer les trouble-fêtes, Vincent Jeanbrun compte notamment sur son bon score des dernières législatives, quand il avait fait 47,3 % au second tour face à Jean-Jacques Bridey.
«L'électorat de centre-gauche va se rabattre sur le candidat local», croit savoir celui qui a fait basculer en 2014 L'Haÿ-les-Roses, un bastion de la ceinture rouge en banlieue parisienne, à droite.
«Je peux être le vote utile face à la gauche racialiste et wokiste qui fait peur et dont les gens ne veulent pas», assure-t-il.
Dans cette circonscription où Jean-Luc Mélenchon a supplanté ses adversaires dans quatre des cinq villes qui la composent, «on est sûr que la Nupes sera au second tour, anticipe-t-il avant de rajouter : Mon match et mon enjeu sont au 1er tour, face à LREM».