Jusqu'ici ministre délégué chargé des Comptes publics, Olivier Dussopt a été nommé, ce vendredi 20 mai 2020, ministre du Travail dans le nouveau gouvernement d'Elisabeth Borne.
Il est réputé pour être loyal et un «bon soldat». «Bon exécutant», «sérieux», «discret» : s'il n'a pas été un ministre très en vue du premier quinquennat d'Emmanuel Macron, cantonné à des portefeuilles techniques, l'ex-socialiste Olivier Dussopt a gagné ses galons de cavalier de la majorité, et a été nommé vendredi ministre du Travail.
En charge également du Plein emploi et de l'Insertion, il aura aussi à traiter du délicat dossier des retraites, même si l'intitulé de son portefeuille ne le précise pas. «Les chantiers sont nombreux et je les mènerai dans la concertation», a-t-il tweeté peu après sa nomination.
Merci au Président de la République et à la Première ministre pour la confiance qu'ils me témoignent en me nommant Ministre du Travail, du Plein Emploi et de l'Insertion. Cette confiance m'honore et m'engage.
Les chantiers sont nombreux et je les mènerai dans la concertation.— Olivier Dussopt (@olivierdussopt) May 20, 2022
Ce représentant de l'aile gauche de la Macronie quitte à 43 ans Bercy. Il y a secondé le ministre de l'Economie Bruno Le Maire comme ministre délégué aux Comptes publics depuis la mi-2020, pour une mission qui n'aura rien eu de conventionnel.
Alors que le titulaire de ce portefeuille s'efforce généralement de tenir les cordons de la bourse, lui aura été chargé des comptes publics en pleine période du "quoi qu'il en coûte", quand le gouvernement a dépensé sans compter pour soutenir l'économie.
Pas de quoi déstabiliser cet homme au visage poupin et à la voix fluette, qui n'a eu de cesse de défendre la «responsabilité» de la ligne gouvernementale depuis son débauchage du parti socialiste fin 2017 pour rejoindre le gouvernement d'Edouard Philippe... à peine quelques jours après avoir voté contre le budget 2018.
ex-proche de Martine Aubry, puis de Benoît Hamon
A l'époque, la «promotion» de cet ex-proche de Martine Aubry, puis de Benoît Hamon ou Manuel Valls, n'a guère surpris dans les rangs socialistes, où on le dépeint comme «compétent» autant qu'«ambitieux».
Il atterrit à Bercy au secrétariat d'Etat à la Fonction publique. Charge à lui notamment de mener la controversée loi de transformation de la fonction publique face à des syndicats rétifs. Si les discussions sur le fond sont difficiles, Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT Fonctions publiques, a apprécié cet «interlocuteur fiable» et «monstre de travail», qui «n'a jamais fui le dialogue social».
Le souci des collectivités est la constante du parcours d'Olivier Dussopt, député de l'Ardèche de 2007 à son entrée au gouvernement, maire d'Annonay, petite ville industrielle de 17.000 habitants, de 2008 à 2017, dont il reste conseiller municipal jusqu'en 2020.
Après un DESS en conseil en développement économique et ingénierie territoriale, ce fils d'ouvriers entre en politique comme collaborateur du sénateur Michel Teston. Adhérent du PS depuis 2000, proche de la Nouvelle Gauche avec Benoît Hamon, il intègre en 2008 la direction nationale du parti.
Lors de la primaire socialiste fin 2011, il est porte-parole de Martine Aubry, avant de rejoindre la campagne de François Hollande, puis de devenir le porte-parole de Manuel Valls lors des primaires de 2017. Ce parcours devait à son arrivée apporter «une caution plus de gauche» au gouvernement, selon un membre de la majorité.
Cinq ans plus tard, beaucoup jugent qu'il «n'a pas eu beaucoup d'influence» sur le cours des choses. Régulièrement interpellé sur un quinquennat qui pencherait plutôt à droite, l'ex-socialiste défend un exécutif qui a notamment mis en place le reste à charge zéro pour les soins dentaires et optiques.
«Nous devons être le booster de gauche de cette majorité» et avoir «notre juste poids», défendait toutefois à l'été 2021 Olivier Dussopt au moment de la création du petit parti Territoires de Progrès avec d'autres ministres issus de la gauche et dont il a pris la présidence.