Alors que le dépôt des candidatures pour les élections législatives des 12 et 19 juin a commencé lundi 16 mai, les membres de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) disent rencontrer des difficultés pour s'inscrire. Ils dénoncent une volonté d'«effacement» de la part du ministère de l'Intérieur.
«Effacer ses adversaires du tableau des résultats, est-ce encore de la démocratie ?», demandait Jean-Luc Mélenchon sur Twitter, lundi 16 mai. Le leader de la France insoumise (LFI) déplorait alors l'incapacité des membres de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) à s'inscrire sous cette nomination en tant que candidats aux élections législatives.
Nous découvrons que le Ministère de l'Intérieur refuse d'enregistrer la "Nouvelle Union populaire" pour les déclarations de candidature. Effacer ses adversaires du tableau des résultats est-ce encore la démocratie ? #NUPES
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) May 16, 2022
Une problématique à nouveau soulevée, ce mardi 17 mai, par les membres du bloc de gauche ayant tenté la démarche à Paris. Leurs plaintes tiennent au fait que la Nupes, issue de l'accord entre LFI, le PS, EELV et le PCF, n'a pas été intégrée au nouveau nuancier politique du ministère de l'Intérieur pour les élections des 12 et 19 juin. Sachant que ce nuancier sert par la suite à analyser les résultats du scrutin.
Jean-Luc Mélenchon voit là un «refus» pur et simple «d'enregistrer la "Nouvelle Union populaire" pour les déclarations de candidature», de la part du ministère de l'Intérieur. Dans une circulaire datée du 16 mai, ce dernier justifie toutefois sa position, estimant que la Nupes «réunit des candidats investis de manière indépendante par les partis associés à cet accord». Une situation qui «tend à démontrer la volonté pour ces candidats de rester attachés à leur parti d'origine».
«Ces partis se présentent de manière indépendante comme en attestent notamment les associations déclarées au titre de l'aide publique et de la campagne audiovisuelle», ajoute le ministère de l'Intérieur. Une nuance Ensemble ! a en revanche été créée pour la majorité présidentielle, «en lieu et place de La République en Marche (désormais intitulée Renaissance), du Mouvement Démocrate, et comprenant l'ensemble des formations alliées».
Une «manoeuvre parfaitement scandaleuse»
Dans un communiqué publié sur le site de LFI, la Nupes dénonce un «tripatouillage électoral» visant «à affaiblir artificiellement les adversaires de la République en marche». «Le camp macroniste a en effet décidé de comptabiliser séparément les suffrages rassemblés par des candidatures issues de LFI, d'EELV, du PS ou du PCF. Toutes partagent pourtant le même programme et se présentent aux électeurs sous la même bannière [...] La droite est la cible de la même manipulation. Malgré l’accord politique passé entre LR et l’UDI, les résultats de candidatures issues de ses deux partis seront comptabilisés dans deux nuances séparées».
Candidat aux élections législatives à Paris, Julien Bayou, secrétaire nationale d'EELV, a jugé la situation «extrêmement préoccupante». Contestant la circulaire du ministère de l'Intérieur, il y voit une «manoeuvre parfaitement scandaleuse» visant «à tromper le rendu du résultat du premier tour».
Même son de cloche du côté d'Aminaté Niakaté, elle-aussi candidate Nupes-LFI à Paris, et Sophia Chikirou, Nupes LFI. Après avoir elle-même échoué à s'inscrire sous la nuance «Nupes», la première considère qu'«ils cherchent à minorer notre score en nous présentant comme divisés». La seconde, qui signale des difficultés semblables en Ariège et dans le Rhône, enchérit : «Ils essaient de nous effacer jusque dans les textes».
Assurant que des courriers seraient envoyés au ministère et qu'un référé était envisagé, Julien Bayou a toutefois indiqué, ce mardi 17 mai sur Twitter, avoir déposé sa candidature en préfecture «avec [sa] suppléante Sylvie Scherer et les candidat-es Nupes à Paris».