Elles sont au cœur d'un intense débat, entre leurs défenseurs et détracteurs. Les «terrasses estivales» sont moins nombreuses que les années précédentes, faute d'autorisations. Une réalité que trois collectifs de restaurateurs ont décidé de dénoncer ce dimanche 15 mai.
Pérennisées du 1er avril au 31 octobre, les terrasses éphémères devenues «terrasses estivales» avaient fleuri dans les rues de Paris après le premier confinement, symboles de la liberté retrouvée. A l'été 2020 et 2021, elles avaient connu un important succès, permettant aux gérants de bars et de restaurants de créer une terrasse là où il n'en existait pas avant ou de considérablement élargir les existantes.
Seules 2.500 terrasses autorisées à ce jour
Mais après deux saisons de tolérance, la municipalité parisienne avait sifflé la fin de la récré, exigeant désormais à ces gérants de respecter un nouveau Règlement des étalages et terrasses (RET), plus contraignant, et prenant le parti de ne pas accéder à toutes les demandes. Résultat : contre pas loin de 12.000 terrasses estivales installées l'été dernier, seules 2.500 ont à ce jour obtenu une autorisation officielle. Contre environ 1.600 fin mars.
Une réalité que dénoncent les professionnels du secteur, qui ont créé des collectifs et manifestent leur colère. Plus de 250 gérants de bars et restaurants parisiens auraient ainsi lancé une pétition «Touche pas à ma terrasse», selon une information dévoilée par le JDD ce dimanche 15 mai, dans laquelle ils déplorent l'injustice du système d'attribution et réclament à la municipalité d'accorder davantage d'autorisations.
Du côté de la municipalité, on explique que si des dossiers sont toujours en cours d'instruction, la plupart d'entre eux ont en effet été refusés. «Beaucoup sont retoqués pour des questions de sécurité, d'accessibilité et d'esthétique, comme l'utilisation de palettes», indique Olivia Polski, adjointe à la mairie de Paris chargée du commerce, dans le JDD ce dimanche.
De plus, contrairement aux années précédentes, les terrasses installées sur des places de livraison ont quasiment toutes été refusées. Une dérogation qui avait été gracieusement accordée en 2020 et 2021, finalement pas reconduite, causant aujourd'hui une triple frustration pour les professionnels du secteur.
Celle de perdre un emplacement de choix avec la possibilité d'installer une grosse dizaine de tables par place de stationnement, synonyme donc de chiffre d'affaires mois important, celle d'avoir investi dans une terrasse devenue inutile, et enfin celle de voir les disgracieux camions de livraison de retour devant leur établissement.
Des collectifs de riverains vent debout
Davantage de terrasses ? «Non merci» répondent quant à eux les associations de riverains, qui jugent cette demande «scandaleuse». Eux militent pour le «droit au sommeil» et réclament le respect des règles édictées par le RET. «Alors que la police municipale échoue ostensiblement à réguler les terrasses estivales en ce début de saison 2022, l'intrépidité des bistrotiers n'a pas de limite, les voilà qui exigent des dérogations au règlement», lance par exemple le collectif Droit au Sommeil Paris 17 ce dimanche.
Petit détail amusant (et multi signalé via DansMaRue), la mairie a autorisé 4m d'un côté, et 0m de l'autre (le machin rose à droite de la photo n'a aucune autorisation). On a donc 230m2 occupés pour le prix de 70m2. C'est pic.twitter.com/Ez1IYvR4Vg
— Pierre Genin (@PGenin02) May 14, 2022
Avec nombre d'exemples et photos à l'appui. Là, une terrasse qui dépasse largement le périmètre de ce qui est autorisé, là une terrasse ne respectant pas les règles édictées par le RET, voire même des terrasses installées à des emplacements où aucune autorisation n'a été délivrée, en totale illégalité. Et parfois en toute impunité.
Car si la vérification et la verbalisation des abus ont été confiées à la police municipale parisienne, le travail est titanesque. C'est en tout cas ce que témoignent les collectifs de riverains, qui assurent que le numéro spécial pour joindre les agents de la police municipale – le 3975 – est débordé, avec des centaines d'appels à ce sujet tous les jours et qu'il faut à ces derniers jusqu'à 2 heures pour se déplacer et constater l'infraction.